Quercus robur
Chêne pédonculé
Aléas climatiques
Les déficits hydriques printaniers et/ou estivaux sont les principaux facteurs déclenchants des dépérissements, en particulier sur sol à hydromorphie temporaire. L'augmentation probable de la fréquence et de l'intensité de cet aléa incite à exclure le chêne pédonculé des sols à faible réserve en eau ou à hydromorphie temporaire. L'âge des arbres est un facteur prédisposant important, les risques concernent particulièrement les tiges surannées. Le chêne pédonculé peut également, en cas de stress hydrique, expulser des rameaux feuillés en cours de saison de végétation (décurtation). Ce phénomène contribue à l'éclaircissement du houppier et peut diminuer notablement la ramification fine, avec des conséquences plus durables sur la croissance qu'une simple chute de feuille.
L'engorgement printanier durable (plusieurs semaines) au moment du débourrement s'est révélé être un facteur déclenchant de certains dépérissements, en particulier sur les sols acides à hydromorphie temporaire (type Vierzon (2000-2002), Haguenau (1994-5), Lure (1994-5)...)
Le chêne pédonculé ne s'est pas montré particulièrement sensible aux canicules. En cas de forte chaleur, il peut perdre tout ou partie de son feuillage au cours de la saison de végétation sans être réellement affecté l'année suivante au printemps.
Malgré un débourrement moins précoce que la plupart des essences forestières, le chêne pédonculé est sensible aux gelées tardives au printemps. Cependant, du fait du développement polycyclique du chêne pédonculé, la destruction du feuillage en début de printemps a peu de conséquence globale sur la mise en place du feuillage et la vitalité de l'arbre, sauf quand la nouvelle feuillaison subit un attaque forte d'oïdium.
En cas de froid hivernal intense, il convient de noter la sensibilité du chêne pédonculé à la gélivure des troncs dans certaines conditions stationnelles (texture sableuse et engorgement hivernal).
Aléas biotiques
Les défoliations printanières dues aux insectes phyllophages ont pour origine de multiples espèces dont les principales sont la tordeuse verte, la cheimatobie, la processionnaire du chêne et le bombyx disparate. La coïncidence phénologique nécessaire entre l'hôte et l'insecte pour de nombreuses espèces peut être perturbée par le réchauffement climatique (au moins momentanément, jusqu'à adaptation de l'insecte aux nouvelles conditions). Ce déphasage entre l'éclosion des œufs du parasite et le débourrement de son hôte peut limiter les pullulations. Par contre les hivers doux peuvent être à l'origine d'une meilleure survie hivernale (cas de la processionnaire du chêne dans la partie septentrionale de son aire) et favoriser le maintien durable de population épidémique. Mais les conséquences des changements climatiques sur l'épidémiologie de ces insectes restent encore très incertaines.
Les insectes cambiophages du chêne (agriles, scolytes) sont des parasites opportunistes qui profitent des stress subis à la faveur des sécheresses, canicules et autres aléas pour coloniser les arbres affaiblis. Ils interviennent en tant que facteurs aggravants dans les dépérissements, et concernent donc plus particulièrement les arbres âgés.
Comme les insectes cambiophages, les insectes xylèmophages du chêne (scolytes, cérambycidés...) sont essentiellement des parasites opportunistes. Certaines espèces comme le platype, peu fréquent dans les régions les plus septentrionales, pourraient voir leur aire de répartition progresser sans que cela pose réellement de problèmes car les autres espèces (Xylébores, Xylotères, ...) sont déjà présentes partout.
En revanche, le bupreste des branches du chêne profite du réchauffement climatique pour étendre son aire de présence vers le nord. Il pourrait devenir un problème en cas de pullulation dans les plantations et les jeunes peuplements (gaulis perchis) mais il se maintient en général dans le houppier des grands arbres sans grand dommage.
Parmi les champignons foliaires, le complexe d'espèces regroupées sous le vocable "oïdium du chêne" représente un facteur important pour l'activité photosynthétique du chêne. Le chêne pédonculé est sensible aux stade juvéniles ; l'oïdium impacte significativement la croissance de jeunes plants et des régénérations naturelles, exacerbant dans ces dernières la concurrence en augmentant parfois fortement les mortalités. Après défoliation en début de printemps (par des chenilles ou un gel tardif), l'oïdium peut contribuer activement à la destruction du feuillage d'arbres adultes au cours de l'été et être la cause d'un affaiblissement prononcé des individus colonisés. Dans certains cas, il s'est révélé être un des acteurs important dans les dépérissements (facteur déclenchant).
L'armillaire couleur de miel est un parasite de faiblesse omniprésent dans les chênaies, souvent impliqué comme facteur aggravant dans les phases finales de dépérissement. Sa fréquence de signalement pourrait donc augmenter si les dépérissements sont plus fréquents. La collybie à pied en fuseau, pourridié primaire à l'origine d'une lente érosion racinaire est également largement répandu dans les chênaies françaises, en particulier sur les sols non hydromorphes. Les adultes atteints présentent un accroissement plus faible et une plus forte sensibilité aux chablis .
Le chêne pédonculé est relativement sensible à l'agent de la maladie de l'encre (Phytophthora cinnammomi) qui provoque à la fois une lente érosion des racines fines, des nécroses racinaires et des chancres suintants sur le tronc d'adultes. Ce dernier symptôme n'est observable que dans le sud-ouest de la France compte tenu des capacités limitées de survie hivernale de P. cinnamomi dans les tissus corticaux. L'impact racinaire sur chêne pédonculé pourrait par contre se révéler important compte tenu des mentions de plus en plus fréquente de ce parasite dans toute la moitié ouest de la France..
Plusieurs pathogènes exotiques bien identifiés font peser des menaces sur la chênaie européenne, avec des risques sans doute bien supérieurs, à court et moyen terme, aux risques liés aux changements climatiques. Il a été démontré la forte sensibilité du chêne pédonculé à l'agent du flétrissement américain du chêne (Oak Wilt) du à Ceratocystis fagacearum ; sa sensibilité réelle à Phytophthora ramorum reste par contre discutée.