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          Sphaerulina musiva

               Le chancre septorien

 

      Fréquence
      Agressivité
      Impact

 

 


   
Position systématique : Champignon - Ascomycète – Capnodiales – Mycosphaerellaceae
Hôtes habituels : Populus spp. et peupliers hybrides
Localisation sur l'hôte : Feuilles, rameaux, branches et tronc

Sphaerulina musiva (Peck) Quaedvl., Verkley & Crous, synonyme Mycosphaerella populorum ou Septoria musiva, est un champignon pathogène endémique en Amérique du Nord (figure 1). Il provoque des taches foliaires et des chancres sur pousses et tiges qui sont globalement peu dommageables sur les peupliers indigènes du Canada et Etats-Unis dont P. deltoides. La maladie peut toutefois être très dommageable dans les plantations de peupliers (sur la croissance et la qualité des bois) et notamment sur les peupliers hybrides euraméricains,  interaméricains et ceux avec une parenté asiatique.


Ce champignon pathogène est absent en Europe et classé comme organisme de quarantaine avec une réglementation européenne visant à empêcher son introduction et son établissement en Europe (règlement d’exécution 2019/2072).
 

 

  • Biologie

 

Le champignon hiverne dans les feuilles mortes au sol et dans les chancres sur tiges. Au printemps et par temps humide, les pseudothèces (fructification sexuée) libèrent les ascospores transportées par la pluie et le vent qui infectent les feuilles, les pousses et les tiges non lignifiées via les lenticelles et les blessures (infection primaire). Les symptômes apparaissent quelques semaines après le débourrement, surtout sur les jeunes plants et la partie basse du houppier. Les rameaux lignifiés sont non vulnérables aux infections primaires.


Sur feuilles, les taches sont  blanchâtres et entourées d’une zone brun foncé avec un diamètre de 1 à 15 mm (figures 2 à 4). Sur tiges, les nécroses sont brun-jaune la première année d’infection. Elles peuvent anneler les tiges de moins de 2 cm de diamètre (figures 5 à 7).
En parallèle, des pycnides (fructification asexuée) se développent au milieu des lésions foliaires et des nécroses sur pousses de l’année sous forme de très petits amas noirâtres (figures 4 et 7). Les pycnides libèrent des conidies tout au long de la saison de végétation. Le caractère infectieux des pycnides reste à démontrer (infection secondaire).


Les nécroses sur rameaux développent ensuite des chancres qui déforment le bois sur les peupliers sensibles (figure 8). Les peupliers résistants forment un bourrelet cicatriciel qui stoppe le développement du champignon.


Les deux types de fructifications (pseudothèce et pycnide) sont rares sur les vieux chancres qui par conséquent ne sont plus infectieux. Ces chancres sont par contre envahis par d’autres espèces de champignons secondaires (Cytospora, Phomopsis, Fusarium) qui contribuent à l’affaiblissement du plant.

 

Dispersion à longue distance:

Hormis la dispersion des spores à courte distance par les éclaboussures de pluie et le vent (voie naturelle), Sphaerulina musiva se disperse à longue distance par le transport de plants, de boutures contaminés et d’écorce et grumes non écorcées de peuplier présentant des chancres.

 

  • Symptômes et éléments de diagnostic

 

 - développement de taches foliaires (1 à 15 mm de diamètre) quelques semaines après le débourrement, avec un centre de couleur claire et un pourtour de couleur foncée,
 - développement de nécroses sur pousses en début d’été et de chancres sur branches et tiges,
- symptômes foliaires plus important dans la partie basse du houppier,
- chute prématurée de feuilles,
- bris de branches et tiges dus au vent au niveau des nécroses et chancres,
- dépression de l’écorce et déformation de la tige (chancre plat et enfoncé des deux côtés).

 

Les prélèvements pour diagnostic doivent préférentiellement être réalisés sur feuilles en début de saison de végétation (3 à 4 semaines après le débourrement) en raison d’un meilleur succès de détection, et éventuellement sur pousses de l’année à la marge de la nécrose. Les nécroses et chancres sur arbres adultes (tronc et branches) sont peu typiques et rapidement envahis par d’autres agents pathogènes qui rendent difficile le diagnostic.

 

  • Dégâts

 

Les dégâts sont particulièrement importants dans les jeunes plantations avec des chutes de feuilles prématurées, des nécroses et chancres sur tiges qui sont sujettes aux bris de vents, des réductions de croissance et une dépréciation de la qualité du bois sur les arbres adultes.

 

Par ailleurs, les infections causées par Sphaerulina musiva, agent pathogène primaire, affaiblissent les plants. Ils sont alors sujets à des attaques de parasites secondaires qui accélèrent le processus de dépérissement.


Les peupliers baumiers, les hybrides euraméricains et interaméricains sont sensibles aux attaques de S. musiva. Il existe toutefois une variabilité dans la vulnérabilité des clones. Les hybrides avec une parenté P. maximowiczii sont très sensibles.


Les peupliers P. deltoides indigènes en Amérique du Nord sont tolérants à la maladie. Ils sont sensibles à l’infection foliaire mais ne subissent pas de dommages car résistants aux chancres.


Des programmes de recherche sont développés au Canada pour sélectionner des clones hybrides résistants ou tolérants à Sphaerulina musiva. La sélection est la méthode de lutte la plus efficace. En pépinière, l’enfouissement des feuilles (labour) ou leur ramassage en hiver réduit la production d’inoculum primaire au printemps.

 

  • Confusion possible

 

Les agents pathogènes responsables de nécroses sur peupliers affaiblis comme le Cytospora ou le Dothichiza du peuplier.

 

Dernière modification : 31/07/2024
  • Auteur :
  • D S. F. (Département de la Santé des Forêts)
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