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Le modèle ESR

 

 

Les différents niveaux de modification des systèmes de culture

 

Pour analyser le degré de changement d’un système par rapport à la réduction de l’utilisation des intrants, une grille d’analyse est proposée pour décrire les modifications des pratiques agricoles selon trois niveaux de rupture et de transition par rapport à une situation conventionnelle initiale fondée sur un usage important des intrants issus de l’agrochimie* (modèle Efficience – Substitution – Re-conception (ESR) d’après Hill et MacRae, 1995 ; Ecophyto R&D dans Butault et al., 2010).

 

L’augmentation de l’Efficience permet de réduire l’usage et la consommation de PPP en raisonnant au mieux les interventions de traitements (périodes et modes d’application) grâce à l’utilisation d’outils d’aide à la décision tels que les modèles de prévision des risques et les observations des bio-agresseurs et en optimisant les méthodes d’application des produits : choix et entretien du pulvérisateur et des buses, adaptation du volume de bouillie et de la dose de substance active au volume de la végétation à traiter, optimisation de l’efficacité des traitements (conditions d’application, adjuvants…). La réduction des quantités de PPP appliquées sur un verger au cours d’une année peut être substantielle. Mais ce gain d’efficience ne permet pas de réduire la dépendance du SdC aux PPP. L’approche est donc une optimisation de l’utilisation des PPP (protection raisonnée).

 

La Substitution permet de remplacer les intrants chimiques par des pratiques alternatives (lutte biologique, lutte physique…). Ces méthodes peuvent être plus complexes à mettre en œuvre et n’assurent pas toujours un niveau de protection comparable à la lutte chimique, en particulier quand la pression du bio-agresseur* est élevée. Il est alors nécessaire de combiner plusieurs techniques (combinaison de techniques à effet partiel souvent associées à une lutte chimique complémentaire). Le remplacement d’une solution chimique par une solution alternative présente l’avantage de s’engager progressivement vers la protection intégrée (Ricci et al., 2011). Cependant, en ne considérant pas le fonctionnement et la conception du système dans sa globalité, les marges de progrès en réduction de PPP peuvent être limitées.

 

La Re-conception du système a pour but de modifier en profondeur la logique de gestion de la protection des cultures en agissant préventivement pour rendre le système moins favorable et moins sensible aux attaques des bio-agresseurs. Il s’agit de favoriser les processus écologiques et les capacités de régulation naturelle des agro-écosystèmes en privilégiant les défenses naturelles de la plante et l’action des auxiliaires par le contrôle génétique, l’architecture de l’arbre, les associations de plantes… et en combinant des techniques à effet partiel. La re-conception permet de modifier les composantes et le mode de gestion de l’agro-écosystème et de mieux prendre en compte d’autres aspects de la durabilité : préservation de la biodiversité*, réduction de la consommation d’énergie, préservation de la ressource en eau, diminution de la dépendance de l’exploitation aux intrants extérieurs, etc.

 

Très souvent, les possibilités de re-conception ne sont envisagées que lors d’une plantation de verger, en rapport avec la possibilité de choisir une variété tolérante ou résistante à certains bio-agresseurs. Dans ce guide, nous considérons que la notion de re-conception s’applique aussi aux vergers existants. En effet, le changement de logique dans la stratégie de protection, la combinaison de méthodes alternatives pour limiter le développement des bio-agresseurs, ainsi que l’action renforcée des auxiliaires grâce à la diminution de la pression en PPP sur le milieu et à des aménagements agro-écologiques, vont contribuer progressivement à la mise en place d’un nouveau système dont le schéma décisionnel et les pratiques mises en œuvre relèvent d’une approche intrinsèquement différente.

 

 

 

 

 

Dernière modification : 02/11/2015