Principe de la Production Fruitière Intégrée
L’objectif de ce guide est de permettre la réduction de l’utilisation de PPP pour un SdC donné, tout en tenant compte des autres objectifs visés par le système (maintien du revenu de l’agriculteur, limitation de la consommation des autres intrants…). La démarche du guide s’inscrit ainsi dans le cadre de la production fruitière intégrée* (PFI) définie par l’OILB/SROP[1], comme « un système de production économique de fruits de haute qualité donnant la priorité aux méthodes écologiquement plus sûres minimisant les effets secondaires indésirables et l’utilisation de produits agrochimiques*, afin d’améliorer la protection de l’environnement et la santé humaine ». Pour de nombreux aspects, la production intégrée* s’inscrit parfaitement dans les objectifs d’une agriculture durable avec ses trois piliers économique, environnemental et social. Elle intègre aussi l’ensemble des composantes de l’agro-écosystème et des leviers d’action possibles dans l’objectif de maîtriser les bio-agresseurs dans le verger.
La protection des cultures (ou lutte contre les bio-agresseurs) n’est qu’un maillon de la production. Selon l’importance et le niveau d’intégration de la lutte chimique avec d’autres leviers d’action pour maîtriser les bio-agresseurs, on distingue :
- la lutte systématique, qui correspond à l’utilisation systématique des PPP fondée sur des calendriers de traitement avec pour objectif de limiter les dégâts* ;
- la protection raisonnée, qui correspond à une optimisation de l’usage des PPP de manière à limiter les dommages de récolte* tout en réduisant leurs impacts sur l’environnement ;
- la lutte intégrée contre les ennemis des cultures, qui reprend les bases de la protection raisonnée et intègre des leviers supplémentaires. Elle donne priorité aux solutions non chimiques et encourage une approche écologique du fonctionnement de l’agro-écosystème* afin de maîtriser les bio-agresseurs ;
- la protection intégrée, qui présente un niveau d’intégration supplémentaire par rapport à la lutte intégrée par la mobilisation de méthodes culturales et du levier génétique pour maîtriser les populations de bio-agresseurs.
Dans les exploitations agricoles fruitières, la protection mise en œuvre contre un bio-agresseur relève du choix du producteur, en rapport avec son contexte, mais également de la disponibilité des leviers d’action pour l’espèce fruitière et le bio-agresseur donné. Ainsi, une protection chimique préventive quasi systématique est appliquée contre certains bio-agresseurs (ex. cloque du pêcher), alors que des outils d’aide à la décision peuvent être mobilisés dans d’autres cas (ex. lutte contre la tavelure) ou encore des techniques alternatives* et une protection chimique peuvent être combinées (ex. lutte par confusion sexuelle contre le carpocapse des pommes et des poires, et compléments chimiques au moment des pics du vol du ravageur), etc. Une même stratégie peut cacher une grande diversité de pratiques de protection d’où l’importance d’analyser la situation initiale sur chaque exploitation pour comprendre la logique d’action du producteur et identifier les marges de manœuvre possibles.
La démarche de ce guide s’inscrit résolument dans le cadre de la Production Fruitière Intégrée ainsi que dans d’autres modes de production comme l’agriculture biologique (Chovelon et al., 2002) car la gestion d’un système de culture nécessite aussi le raisonnement optimal de tous les autres facteurs de production (éléments fertilisants, eau, énergie, main d’œuvre,…) pour obtenir une production suffisante en quantité et qualité afin de dégager un revenu économique satisfaisant pour le producteur. Et c’est bien l’intégration cohérente de tous les facteurs de production et de tous les moyens de protection qui permettra d’atteindre le triple objectif recherché, à savoir des systèmes de production fruitière à hautes performances économiques, environnementales et sociales.
[1] OILB/SROP, Guidelines for integrated production of stone fruits in Europe, Bulletin OILB/SROP, 20(3), 11-20, 1997.