Rouille du prunier
(Tranzschelia pruni-spinosae)
Généralités
La rouille du prunier est une maladie à champignon, causée par le pathogène Tranzschelia pruni-spinosae. Cette maladie sévit surtout lors de printemps pluvieux, favorisée par les pluies contaminatrices des mois d’avril et de mai. Mal maîtrisée, elle peut entraîner une défoliation précoce des arbres, dès début août. Elle entrave alors la maturation normale des fruits.
Sur les pruniers d'Ente atteints, l'indice réfractométrique des fruits reste très bas : 15 à 17 °Brix, contre 21 préconisés au minimum pour déclencher la récolte. Cela se traduit par un mauvais rendement vert/sec au séchage. Cette maladie nuit aussi au bon aoûtement des bois et surtout à la constitution des réserves. Dans certains cas, le stress provoqué par la chute précoce des feuilles peut induire des débourrements et des floraisons prématurés en octobre/novembre. La défeuillaison précoce peut également sensibiliser le prunier au froid.
Des attaques répétées et sévères de rouille pénalisent parfois la durée de vie de l'arbre.
- Organes attaqués
Racines | Tronc | Branches | Bourgeons | Fleurs | Fruits | Feuilles |
- Incidence de la maladie
Bassin Grand Sud Ouest | Bassin Alsace-Lorraine | |||
Prune d'Ente | Prune domestique | Prune américano-japonaise | Mirabelle | Quetsche |
fréquente |
Incidence et gravité de la maladie peuvent varier d'une parcelle à l'autre. Cette variation dépend notamment de l’importance des foyers présents et de la climatologie.
- Symptômes
En cours de végétation, on voit apparaître à la face supérieure des feuilles, des taches angulaires décolorées jaune-orangé réparties au hasard sur le limbe (figures 1 à 4). Elles peuvent apparaître le long des nervures, en bordure du limbe ou de manière diffuse sur l'ensemble de la feuille.
A la face inférieure (figures 5 à 8), des taches sont présents des amas de spores soit bruns et pulvérulents (urédosores matérialisant la reproduction asexuée du champignon plein d'urédospores), soit noirâtres (téleutosores issus de la reproduction sexuée et garnis de téleutospores).
ATTENTION : ne pas confondre avec des symptômes de bactérioses et/ou de sénescence précoce des feuilles.(photo 19)
Biologie, épidémiologie
La rouille du prunier est hétéroxène, c'est à dire qu'elle a besoin de deux hôtes de nature botanique différente pour réaliser son cycle complet : Prunus (prunier, pêcher, abricotier, amandier) puis anémone sauvage ou cultivée. L'anémone n’est pas ou peu présente dans le sud-ouest de la France, le cycle de la rouille devient autoxène : le champignon arrive à compléter son cycle sur un seul hôte, le prunier. Cette capacité est due à la longévité remarquable des urédospores libres qui résistent aux rigueurs de l’hiver sur et dans les feuilles mortes. La capacité de germination de ces spores durerait de 5 à 7 mois après leur formation.
Une seconde forme de conservation hivernale de la rouille du prunier existerait. Le champignon pourrait persister sous forme mycélienne dans les rameaux. Au printemps, le mycélium permettrait la formation d'urédospores qui seraient libérées au travers des lenticelles du bois. Elles viendraient directement germer sur les feuilles à proximité.
Il faut environ 67 jours dans le Sud-Ouest entre les contaminations des feuilles et l'apparition des premières taches sur l'épiderme. Les urédospores mûres formées sur les lésions sont à leur tour dispersées et assurent des contaminations secondaires sur les feuilles voisines. La rouille du prunier est une maladie polycyclique, ainsi plusieurs autres cycles vont se succéder plus ou moins rapidement au cours de la saison, favorisant une propagation rapide de la maladie sur les arbres et dans les vergers.
Méthodes de protection
- Mesures prophylactiques
Afin de réduire l'inoculum présent dans les parcelles (longévité de conservation des spores au sol), quelques mesures peuvent être préconisées :
- à l'automne, enfouir ou broyer précocément les feuilles sur lesquelles se conservent les spores ;
- irriguer juste après la chute des feuilles afin d'humidifier le sol, cela permettra de favoriser la décomposition des feuilles et d'éliminer des spores. Une pluie survenant à ce stade aura les mêmes effets.
Signalons que, bien que ces facteurs ne soient pas maîtrisables à l'échelle du producteur, de fortes chaleurs de fin d'été (> 25 à 30°C) ou des alternances de gel et dégel contribueront à détruire les urédospores.
- Protection du verger
Trois étapes clés pour protéger les vergers :
- début mai ;
- début juin ;
- début juillet.