Monilioses
(Monilia spp.)
Généralités
Les monilioses du prunier affectent les fleurs et les rameaux en début de cycle végétatif, puis un peu plus tard, les fruits. Trois champignons peuvent être responsables des dégâts observés dans le verger de prunier d'Ente : Monilia laxa, Monilia fructigena et Monilia fructicola. Ces champignons sont rattachés au genre Sclerotinia.
Alors que Monilia fructigena ne cause que des symptômes sur fruits, Monilia laxa et Monilia fructicola peuvent aussi bien affecter les fruits que les fleurs et rameaux. Cette différence provient vraisemblablement de leurs exigences respectives en température. Alors que les spores de M. laxa et M. fructicola sont actives dès 5°C, M. fructigena exige des températures supérieures à 15°C.
- Organes attaqués
Racines | Tronc | Branches | Bourgeons | Fleurs | Fruits | Feuilles |
- Incidence de la maladie
Bassin Grand Sud Ouest | Bassin Alsace-Lorraine | |||
Prune d'Ente | Prune domestique | Prune américano-japonaise | Mirabelle | Quetsche |
fréquente |
-
Symptômes
Sur fleurs et rameaux
Le champignon (M. laxa et/ou M. fructicola) s’installe dans les tissus jeunes et tendres de la fleur. Très vite, tout le bouquet (fleurs + jeunes feuilles) est contaminé. Il flétrit puis se déssèche : les restes momifiés demeurent le plus souvent collés au rameau. Des coussinets conidifères (qui produisent des spores) apparaissent sur l’ensemble de l’inflorescence.
Un chancre (mycelium du champignon) peut se former dans le bois, avec le plus souvent, une apparition de gomme. Le chancre progresse alors vers l'extrémité du jeune rameau de l'année, pouvant provoquer sa mortalité.
Sur fruits
Le monilia sur fruit concerne en général sur des prunes en cours de mûrissement. Mais, dans le cas d'infestations très graves, la maladie peut également se manifester sur de jeunes fruits verts.
Sur la prune, apparaît d’abord une pourriture violette puis brune. Se développent ensuite des coussinets sporifères :
- de couleur gris cendré et disposés irrégulièrement dans le cas de Monilia laxa ou Monilia fructicola ;
- pour le Monilia fructigena, ils sont plus gros, de couleur blanc/beige et répartis en cercles concentriques.
Les fruits atteints se momifient sur l’arbre.
Que ce soit sur fleurs, rameaux ou fruits, il n'est pas possible de distinguer Monilia laxa et Monilia fructicola par simple observation visuelle. Seules des analyses génétiques permettent une identification de ces deux espèces.
Biologie, épidémiologie
Les monilioses passent l’hiver sous forme de mycelium au niveau des chancres, des pousses moniliées, des pédoncules de fruits et surtout au niveau des fruits momifiés restés sur les arbres. Ces formes hivernales sont responsables de la transmission de la maladie d'une saison à l'autre.
Les monilioses sont favorisées par les conditions humides. Ainsi, le risque Monilia sera particulièrement élevé lors des printemps pluvieux. Lors des étés chauds et secs, les pluies d'orages pourront également être contaminatrices.
Les monilioses sont des pathogènes de blessures et micro-blessures. Les spores, disséminées par le vent, la pluie ou les insectes pollinisateurs, ont besoin d'une "porte d'entrée" pour la contamination primaire du végétal. Au printemps, les spores pénètrent par le pistil de la fleur, ou par les microblessures au niveau des écailles du bourgeon ou des sépales. Sur fruits, les spores utilisent les blessures dues aux piqûres d’insectes (chenilles foreuses des fruits), aux dégâts de grêle, aux éclatements de l'épiderme...
Hormis la contamination par les spores, une fois la maladie installée, elle peut se propager d'un fruit à l'autre par simple contact. Ce mode de contamination, par propagation du mycelium, concerne principalement les fruits serrés en grappes sur l'arbre ou les fruits conservés en caisse ou en palox avant séchage.
Monilia laxa et Monilia fructigena sont connus de longue date en France. Bien connu pour ses dégâts en Australie et Californie, le Monilia fructicola n'a été détecté en Europe qu'en 2001, notamment dans des vergers de fruits à noyaux du Sud Est de la France. Depuis, sa présence a également été confirmée dans les vergers de prunier d'Ente. Dans les conditions agroclimatiques du Sud-Ouest de la France, seul le Monilia fructicola présente une forme sexuée dite forme parfaite. La reproduction sexuée engendre un brassage génétique plus important que la reproduction uniquement assexuée de M. laxa et M. fructigena. La conséquence de ce brassage génétique est un risque plus élevé d’apparition de résistances aux substances fongicides.
Méthodes de protection
- Mesures prophylactiques
- Effectuer une taille aérée et éliminer au maximum les branches chancreuses et surtout les momies.
- Assurer une alimentation régulière en eau au travers d'une irrigation bien conduite, de manière à éviter/limiter l’éclatement des fruits.
- Appliquer des fumures équilibrées et éviter les excès d’azote.
- Protection du verger
Le moment clé pour protéger le verger contre le monilia des fleurs et rameaux est le stade 20% de boutons blancs (et éventuellement le stade 20% de fleurs ouvertes, en cas de période de floraison étalée). Sur fruits la période à risque se situe pendant les 45 jours précédant la récolte. La stratégie de protection doit être adaptée en fonction de l'historique de la parcelle et des conditions climatiques de l'année.
A ce jour, seules des spécialités de lutte préventive sont disponibles pour protéger le verger de prunier. Il convient d'alterner les familles fongicides pour éviter le risque d'apparition de résistance. Il est également recommandé de réserver les IBE/IBS pour la protection des fruits, le cas échéant.