• Logo_picleg
  • Quae
  • INRAE
Fumagine


De nombreux insectes, notamment les pucerons, les aleurodes et les cochenilles, doivent prélever de grandes quantités de sève afin de satisfaire leurs besoins en protéines. Cela les oblige à rejeter le sucre en excès, en grandes quantités, sous la forme de miellat. Celui-ci souille alors la surface des parties du limbe colonisées par ces insectes.
 
Ce miellat sucré est une véritable aubaine pour plusieurs champignons du phylloplan de la tomate qui l'utilisent pour se nourrir, et qui sont à l'origine de la fumagine (sooty mold). En effet, leur développement conduit à l'apparition progressive d'une à plusieurs moisissures sur le limbe qui présentent des teintes variables en fonction des espèces fongiques (Alternaria spp., Cladosporium spp., Capnodium sp., Penicillium sp., etc.). Cette fumagine est dommageable car elle perturbe plus ou moins la photosynthèse des plantes. Seule la maîtrise des populations de ravageurs permet d'y remédier.

 
Principales caractéristiques des ravageurs responsables de fumagine sur plants de tomate
  • Pucerons
Les piqûres nutritionnelles des pucerons sont à l'origine des ponctuations chlorotiques et peuvent Déformer les jeunes folioles. Une réduction de la croissance des jeunes pousses, voire des plantes, peut être constatée. En plus des colonies de pucerons, on observe bien souvent des mues blanches et la présence de miellat à la surface des organes aériens de la tomate, sur lequel se développe la fumagine (sooty mold, figures 1 à 6). Rappelons que cette dernière peut avoir plusieurs conséquences, notamment une réduction de la photosynthèse et de la respiration foliaire et la souillure de fruits rendus ainsi non commercialisables.

Plusieurs espèces de pucerons (aphids) peuvent former des colonies sur les jeunes folioles de tomate, (figures 7 et 8) ceci dès la pépinière : Macrosiphum euphorbiae (Thomas), Myzus persicae (Sulzer), Aphis gossypii Glover, Aulacorthum solani (Kaltenbach). Ces insectes polyphages appartiennent à l'ordre des Hémiptères, au sous-ordre des Sternorrhyncha et à la superfamille des Aphidoïdés. Ils se développent assez fréquemment sur la tomate sous la forme de colonies, mais ils n'ont pas la même dynamique de développement que les aleurodes. Sur tomate, ils sont surtout redoutables par leur capacité à transmettre plusieurs Viroses. En outre, la maîtrise chimique des populations de ces ravageurs est souvent problématique du fait de leur résistance possible à plusieurs insecticides. 

Pour des informations complémentaires, vous pouvez consulter la fiche Pucerons.

  • Aleurodes
Comme pour les pucerons, les nombreuses piqûres et succions alimentaires occasionnées par les aleurodes présents sur le feuillage provoquent un ralentissement du développement des plantes. Du miellat est aussi produit en grande quantité ; par la suite, il est colonisé par de la fumagine couvrant la surface des organes aériens de la tomate (figures 1 à 6), à l'origine de jaunissements et d'altérations foliaires. En plus de réduire la photosynthèse et la respiration foliaire, la fumagine souille les fruits et perturbe leur coloration, les rendant impropres à la commercialisation. B. tabaci peut aussi être responsable de défauts de coloration (maturité irrégulière), ou de taches sur les fruits (figure 2).

Deux aleurodes (whiteflies) plutôt polyphages sont dommageables en France sur tomate (figure 9) : Trialeurodes vaporariorum (Westwood 1856) et Bemisia tabaci (Gennadius 1889). Cette dernière espèce est représentée (dans certaines populations) par un biotype-B particulièrement redoutable, connu aussi sous le nom de B. argentifolii (Bellows & Perring 1994), qui se développe sur plus de 900 hôtes. Ces aleurodes appartiennent à l'ordre des Hémiptères et à la famille des Aleyrodidés. Trialeurodes vaporariorum, appelé aussi « mouche blanche des serres », est originaire d'Amérique centrale et sévit depuis de nombreuses années en Europe, en particulier sous abris. B. tabaci, l'aleurode du tabac, décrit pour la première fois en Grèce, est émergent depuis quelques décennies dans plusieurs régions du monde (depuis 1988 en France). Il est devenu problématique partout pour au moins trois raisons :
- ses niveaux de population élevés sont responsables de dégâts importants ;
- ses potentialités de vection lui permettent de transmettre de nombreux et redoutables virus, plus de 111 (voir la partie Virus transmis par les aleurodes) ;
- la résistance de certaines de ses populations à un ou plusieurs insecticides remettent en cause l'efficacité de la lutte chimique.

Pour des informations complémentaires, vous pouvez consulter la fiche Aleurodes.
 
  • Cochenilles
En présence de cochenilles (figure 10), la croissance des plantes est réduite à cause des nombreuses piqûres et succions alimentaires exercées par les larves et les femelles présentes, surtout sur la tige. (figure 11) Du miellat et de la fumagine recouvrent la surface des organes aériens de la tomate (figures 1 à 6). La fumagine, en réduisant la photosynthèse et la respiration, est à l'origine de jaunissements et d'altérations foliaires. Elle souille aussi les fruits ou altère leur coloration, les rendant non commercialisables (figure 12).

Les cochenilles (scale insects) sont des insectes piqueurs suceurs appartenant à l'ordre des Hémiptères et à la superfamille des Coccoidea. La tomate est surtout affectée par quelques cochenilles farineuses appartenant à la famille des Pseudococcidae. Les cochenilles de cette famille sont dépourvues de bouclier corné (sorte de carapace), et le corps est généralement recouvert d'une sécrétion farineuse blanche. Elles possèdent aussi des filaments cireux latéraux bien visibles à la périphérie du corps, et une sécrétion cotonneuse contenant les oeufs peut parfois être remarquée à l'extrémité de l'abdomen. Nous nous intéresserons ici surtout à Pseudococcus viburni (Signoret) (syn. Pseudococcus affinis [Maskell]) qui a été introduit aux Pays-Bas, début 1990, et a commencé à être observé en France à partir de 1997. Cette cochenille farineuse se rencontre maintenant dans un nombre non négligeable d'abris répartis dans plusieurs régions de production françaises.

Pour des informations complémentaires, vous pouvez consulter la fiche Cochenilles.
 
Dernière modification : 30/11/2023
  • Auteur :
  • D Blancard (INRAe)
ravageur_tomate_DB_300a_374
Figure 1
fumagine_tomate_DB_499_383
Figure 2
fumagine_tomate_DB_502
Figure 3
fumagine_tomate_DB_504
Figure 4
fumagine_tomate_DB_505_384
Figure 5
fumagine_tomate_DB_503_385
Figure 6