Pourriture noble


Botrytis cinerea, agent de la pourriture grise (figure 1 et 2), est capable dans certaines conditions climatiques et d'alimentation en eau de la vigne de se développer sous une forme particulière nommée « pourriture noble ». Cette dernière est à l'origine des grands vins blancs liquoreux français, en particulier ceux du Sud-Ouest (Montbazillac, Sauternes) issus des cépages sémillon (figures 3 à 7) et sauvignon (figures 8 à 17), ou des sélections de grains nobles de chenin de Loire ou encore de gewurztraminer, pinot gris et riesling d'Alsace. Elle est aussi associée à certaines productions allemandes, autrichiennes, hongroises ou suisses, en Europe.


On sait que la première condition de l'établissement de la « pourriture noble » est son intervention sur des baies parfaitement mûres et saines. Le développement si particulier de ce champignon est favorablement influencé par des alternances journalières de périodes humides et sèches. L'humidité, favorisant la prolifération fongique, est apportée par des brouillards matinaux, tandis que les après-midi ensoleillés et ventés facilitent la concentration par évaporation de l'eau à travers la pellicule devenue perméable.


Avant ce processus de botrytisation, les baies de raisin sont dorées, à peaux épaisses, légèrement pigmentées de brun. Sous l'action du Botrytis, celles-ci prennent alors une teinte marron chocolat, puis virent au violet voire au bleu nuit avant de se flétrir. On dit alors que le raisin est « rôti ». Ces transformations sont dues à une importante perte en eau, mais aussi à une intense macération enzymatique de leur pellicule. A titre d'exemple, rappelons que l'activité pectinase constatée dans une baie pourrie est environ cent fois plus importante que celle mesurée dans une baie saine.


Au final, ces vins, obtenus par récoltes minutieuses et successives de « grains nobles », sont caractérisés par d'intenses saveurs fruitées de type abricot, agrumes ou fruits tropicaux, qui ont en plus la caractéristique de se renforcer au vieillissement. En bouche, c'est le parfait équilibre entre la liqueur sucrée et l'acidité qui signe ces grands vins liquoreux qui peuvent défier le temps par leur capacité d'évolution sous verre.

Dernière modification : 03/11/2016
  • Auteurs :
  • D Blancard (INRAe)
  • P Sauris (INRA)
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Figure 1
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Figure 2
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Figure 3
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Figure 4
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Figure 5
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Figure 6
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