Principaux symptômes


Sur vigne, Botrytis cinerea est surtout dommageable sur les baies de raisin. Cela ne l'empêche pas de s'attaquer aux bourgeons et aux jeunes pousses en début de printemps, entraînant leur nécrose et leur mort. Les infections sont plutôt rares sur les rameaux en phase de croissance printanière, sauf lorsqu'ils présentent des blessures ou s'ils entrent en contact avec des tissus infectés. Notons que B. cinerea envahit plus facilement les tissus jeunes et tendres que les rameaux durcis et lignifiés pour lesquels la présence de blessures sera nécessaire. Les rameaux se couvrent souvent de mycélium et finissent par se fissurer, voire casser. Il n'est pas rare de voir des sclérotes se développer sur les rameaux tombés à terre. Ajoutons qu'à l'automne, les pousses mal aoûtées sont susceptibles d'être attaquées par ce champignon. S'en suit alors un blanchiment du bois, sur lequel se développent soit une moisissure grise, soit des sclérotes ayant l'apparence de croûtes noires, ovales, de 1 à 5 mm de diamètre.

  • Feuilles

Il produit des taches foliaires lorsque le temps est humide et frais. Les feuilles montrent alors des taches souvent situées en bordure du limbe, de forme circulaires à irrégulière, et humides dans un premier temps (figure 1). Elles s'étendent progressivement et finissent par être assez larges, nécrotiques et de teinte brun rougeâtre (figure 2). Parfois, l'ensemble du limbe peut être affecté par une pourriture gagnant parfois les pétioles et les jeunes rameaux par la suite. Ajoutons qu'une moisissure grise plus ou moins dense peut être observée sur certaines zones des tissus altérés.

  • Inflorescences

B. cinerea peut faire pourrir et se dessécher les inflorescences qui finissent par tomber (figure 3). Pour cela, il colonise les pétales sénescents qui sont particulièrement vulnérables. Il utilise ces derniers, mais aussi d'autres parties sénescentes des fleurs ou des baies avortées comme base nutritive dans un premier temps, afin d'assurer des infections ultérieures sur pédicelles, rachis, et sur fruits notamment. Les attaques sur rafles sont assez particulières ; elles se traduisent par le développement d'une lésion brune, noircissant et s'étendant progressivement. A terme, le pédoncule (figure 4), le rachis, certains pédicelles finissent par être ceinturés, devenant non fonctionnels. Dans ce cas, les baies de raisin en aval ne tardent pas à flétrir, se ratatiner et tomber. On qualifie ces symptômes de pourriture pédonculaire.

  • Grappes et baies

Les baies de raisin sont réceptives essentiellement après la véraison. Néanmoins des contaminations peuvent se produire sur les baies encore vertes (figure 5). A partir de la véraison et à maturité elle peuvent avoir lieu directement au travers de la cuticule ou à partir de diverses blessures. Plusieurs symptômes peuvent être observés sur les baies :

- De minuscules lésions ponctiformes apparaissent sur la pellicule ; humides à brunes, elles sont semblables à des piqûres d'insecte, d'où l'appellation « piqûre » pour caractériser ce symptôme sur raisin de table (figure 6). Par la suite, ces lésions très localisées donnent lieu à une altération circulaire beige à marron, voire violacée, évoluant rapidement et radialement essentiellement au niveau de la pellicule de la baie. Cette dernière finit par se fendre au centre ou en périphérie des taches, ou se détacher à la suite d'un frottement.

Des écoulements de jus surviennent alors, ce symptôme est à l'origine de l'appellation triviale de « baies pisseuses », toujours sur raisin de table. Notons qu'une moisissure grise peut se former au niveau des fissures et couvrir les tissus ainsi mis à l'air (figure 7).


- Des baies entières peuvent pourrir rapidement, prenant une teinte brune à beige, voire violacée sur les cépages blancs (figures 8 et 9), et sombre à violacée sombre sur les cépages noirs (figures 10 et 11). Si le temps est sec, les baies pourries finissent par se dessécher et rester sur la grappe. Si le temps est humide, les baies peuvent éclater et la pourriture s'étendre. En effet, la pourriture grise peut se répandre par la suite par contact de baie malade à baie saine jusqu'à atteindre toute la grappe. Ce dernier symptôme affecte tout particulièrement les grappes à compacité importante sur lesquelles les transmissions de baies malades à baies saines sont très importantes (figure 12).

 

  • Signes

Quels que soient les organes affectés, les tissus moribonds se couvrent d'une dense moisissure grise très caractéristique (figure 13), constituée par les nombreux conidiophores et conidies du champignon (figure 14). Soulignons que sur les grappes botrytisées, au coeur de ces dernières d'autres moisissures se développent, formant des colonies de couleurs variées associées ou surmontant la moisissure grise (voir les autres pourritures de la grappe) (figures 15 à 17).



Nous vous conseillons de consulter aussi les Périodes d'apparition des symptômes de B. cinerea sur feuilles et sur grappes.

  • Incidence organoleptique

Rappelons que ce champignon est très dommageable pour la qualité du raisin et du vin. Il entraîne, en plus d'une baisse des rendements, des difficultés de fermentation ou encore des odeurs fongiques et moisies.
Lorsqu'il envahit des raisins de cuve, le champignon transforme les sucres simples (glucose et fructose) en glycérol et en acide gluconique et produit des enzymes catalysant l'oxydation des composés phénoliques.

De plus, la sécrétion de polysaccharides tels que le β-glucane entrave le processus de clarification du vin. Les vins produits à partir de grappes pourries ont donc peu de saveur et se trouvent être sensibles à l'oxydation et aux contaminations bactériennes ; ils supporteront donc mal le vieillissement.


Soulignons que dans certaines conditions climatiques particulières, Botrytis cinerea peut donner lieu à de la « pourriture noble ». Il s'agit d'une pourriture à progression lente qui atteint le raisin blanc et que certains viticulteurs utilisent pour concevoir des vins liquoreux aux arômes particuliers disposant d'un taux de sucre élevé, comme les Sauternes, Toka.

Dernière modification : 01/12/2023
  • Auteurs :
  • D Blancard (INRAe)
  • M Sorel
  • M Fermaud (INRA)
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Figure 13
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Figure 14
Botrytis-Penicillium1
Figure 15
Penicillium36
Figure 16
Cladosporium15
Figure 17