Biologie, épidémiologie
- Conservation, sources d'inoculum
Alternaria tomatophila peut se conserver durant plusieurs années à la surface des graines de tomate, dans le sol et sur les débris végétaux, grâce à son mycélium mélanisé, ses conidies et à ses chlamydospores. Dans certaines régions du monde, il serait aussi capable de se maintenir d'une saison à l'autre sur d'autres solanacées* comme la pomme de terre, l'aubergine, le poivron, la morelle noire (Solanum nigrum), S. carolinense, S. pseudocapsicum.
- Pénétration et invasion
Une fois que les spores pluricellulaires entrent en contact avec les cellules de la tomate, leur germination peut se produire en 2 heures dans l'eau et à des températures comprises entre 6 et 34°C. Ce champignon pénètre dans les tissus soit directement au travers de la cuticule, soit par les stomates ou diverses blessures. Il envahit rapidement les tissus, et des lésions commencent à être visibles 2 à 3 jours après les premières contaminations.
- Sporulation et dissémination
Sur les tissus colonisés, si les conditions climatiques sont humides, A. tomatophila ne tarde pas à produire de courts conidiophores (figures 1 et 2) surmontés de longues conidies pluricellulaires en forme de massue (figure 3). Celles-ci sont disséminées par le vent, mais aussi par la pluie et à la suite d'arrosages par aspersion. La présence d'eau est nécessaire pour que la sporulation ait lieu. Les semences, les travailleurs, notamment via leurs outils, contribuent également à la dissémination de l'alternariose. Les conidies produites assurent des contaminations secondaires et par la suite plusieurs cycles parasitaires pourront avoir lieu dans la culture.
- Conditions favorables à son développement
Cette alternariose est favorisée par des hygrométries élevées et des températures comprises entre 18°C et 30°C. Les rosées, de faibles précipitations continues (5 mm) ou des irrigations par aspersion suffisent à son extension, mais elles doivent être répétées pour que la maladie évolue rapidement. Les plantes stressées, mal fumées ou très chargées en fruits seraient plus sensibles. La maladie ne prend jamais un caractère explosif mais s'accentue progressivement avec le temps, au fur et à mesure du vieillissement des plantes, et devient grave en fin de saison. En conditions favorables, les symptômes sont assez remarquables en 5 à 7 jours.
* Il convient peut-être de reconsidérer les hôtes potentiels d'A. tomatophila qui ne sont pas forcément ceux d'A. solani. Il est en effet possible que ces deux espèces disposent de spectres d'hôtes quelque peu différents.