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Argenture

Cette maladie non parasitaire, appelée aussi « silvering », « chimère », « argenture de tête » (head silvering) lorsqu'elle affecte les feuilles de l'apex de la tomate, est relativement bien connue des serristes (figures 1 et 2).

Les quelques symptômes observables sur les photos illustrent bien cette affection qui touche surtout les cultures sous abri des zones de production plutôt situées sous des latitudes nordiques. Notons que ces symptômes se manifestent à n'importe quel stade de développement de la tomate et se caractérisent par :
- des taches, des plages plus ou moins régulières, de taille variable, de couleur vert gris à argentée (figures 3 et 4) ;
- des déformations foliaires plus ou moins importantes (folioles plus petites et/ou découpées, cloquées (figure 4) ;
- la présence sur la tige de stries, voire de raies, en nombre et de largeur variables ;
- une stérilité partielle ou totale des fleurs localisées dans les secteurs de la végétation affectée par l'argenture (bien que celles-ci aient un aspect normal) ;
- des fruits parfois déformés présentant des stries vert argenté devenant jaune pâle à maturité en cas de manifestation partielle (figure 5).

Cette maladie n'est vraiment très dommageable que lorsque le méristème de l'apex est atteint, entraînant une expression des symptômes sur une pousse entière et occasionnant l'argenture de tête.

L'argenture est due à une anomalie de développement des tissus palissadiques du limbe notamment, survenant à un stade très précoce de son développement. Cela se traduit par la suite par la constitution d'espaces intercellulaires importants dans les tissus du limbe, conférant à ce dernier une coloration argentée si particulière.

Bien que tous les facteurs conditionnant l'expression de cette maladie ne soient pas clairement définis, quelques-uns d'entre eux permettent déjà de mieux la comprendre et la contrôler :
- les semis précoces des cultures d'hiver sont plus sensibles que ceux réalisés plus tardivement ;
- la température semble le facteur environnemental le plus important pour induire et influencer favorablement ou défavorablement ce phénomène. En effet, l'argenture se manifeste surtout à la suite d'abaissements plus ou moins importants de la température dans les abris, notamment au niveau du méristème de l'apex. Cela peut être le cas, par exemple, lorsqu'un écran thermique est trop rapidement enlevé, entraînant une chute de l'air froid retenu par l'écran sur la culture. Il en est de même à la suite d'une aération trop importante d'un tunnel confiné induisant une surévaporation des plantes et un refroidissement de leur l'apex. Notons que les serres basses sont particulièrement vulnérables, surtout si elles sont peu lumineuses. Dans ces conditions, les apex peuvent subir des températures de l'ordre de 10°C. A contrario, les températures élevées induiraient moins d'argenture ;
- de nombreuses variétés cultivées actuellement sont résistantes à l'argenture grâce à l'introduction du gène "Wi" chez la tomate. Cette situation n'est malheureusement pas généralisée à l'ensemble des cultivars, et il n'est pas rare d'observer ce problème sur d'anciennes variétés, sur lesquelles les dégâts ont parfois été assez conséquents (jusqu'à plus de 10 % des plantes exprimant des symptômes). Signalons que cette résistance fait aussi défaut à certaines nouvelles variétés dans les types rose, cherry et orange. De plus, l'acquisition de la résistance à l'oïdium se ferait parfois au détriment de celle de l'argenture.

À titre d'exemple, l'argenture se manifeste particulièrement bien en France dans les tunnels plastique situés notamment dans le Sud-Est. Durant l'été, les températures atteignent vite 30°C dans la matinée. L'ouverture brutale de ces abris des 2 cotés intensifie la transpiration des plantes et provoque un abaissement de la température, influençant favorablement l'expression de cette maladie physiologique.

Pour éviter cette affection génétique, il conviendra surtout d'utiliser des variétés résistantes. Dans le cas de variétés sensibles, il sera souhaitable de gérer le climat des abris de façon à bannir les trop brusques abaissements de température. Si les plantes manifestent une argenture de tête, il pourra être judicieux de les étêter et de repartir sur un axillaire non affecté.
Dernière modification : 18/06/2013
  • Auteur :
  • D Blancard (INRAe)
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Figure 1
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Figure 2
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Figure 3
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Figure 4
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Figure 5