Thysanoptera
(thrips)



Insectes largement répandus sous les tropiques, en on connaît environ 5.760 espèces, 260 sont recensées en France.
Les thysanoptères sont divisés en 2 sous-ordres d'importance numérique très inégale : les Terebrantia (térébrants) et les Tubulifera (tubulifères). Chez les térébrants, l'aile antérieure présente des rangées de soies, formant nervures et l'abdomen est terminé par une tarière. Chez les tubulifères, l'aile antérieure n'a pas de nervure et l'abdomen est terminé par un tube. Dans ces 2 sous-ordres, il existe des formes macroptères, brachyptères ou aptères.
Le sous-ordre le plus important numériquement est celui des térébrants ; il regroupe 5 familles en France dont celle des Thripidae qui compte le plus d'espèces nuisibles. Les tubulifères sont représentés par une famille unique, celle des Phlaeothripidae.

  • Caractéristiques morphologiques de l'ordre

Petits insectes aplatis à fasciès caractéristique. Ailes (elles sont rarement réduites ou absentes), linéaires, étroites, frangées et repliées sur le dos au repos. Les antennes ont, selon les genres et les espèces, de 6 à 9 articles. Tarses de 1 à 2 articles. Pièces buccales « piqueuses » asymétriques, du fait de la disparition de la mandibule droite. Taille de 1 à 4 mm (en France).

  • Eléments de biologie

Les thysanoptères ont des biologies et des régimes alimentaires variés. Certains se nourrissent du contenu des cellules des plantes, d'autres sont pollinivores (polliniphages) ou mycétophages. Enfin, quelque uns sont carnivores (prédateurs). Les espèces phytophages vivent en général sur les parties tendres des plantes : feuilles en formation, jeunes pousses, bourgeons, organes floraux et jeunes fruits. Chez les thrips la prise de nourriture se fait par l'intermédiaire d'un cône buccal comprenant une pompe salivaire et une pompe pharyngienne, celles-ci destinées à préparer puis prélever les éléments nutritifs. Contrairement à ce que l'on observe chez la plupart des insectes piqueurs, les thrips ne prélèvent pas de sève. L'insecte pique la plante puis injecte de la salive qui lyse les contenus cellulaires ; il aspire ensuite le produit au moyen de sa pompe pharyngienne.
Le développement des thrips, avant l'obtention de l'imago, passe 5 stades chez les térébrants (oeuf, larve I, larve II, prénymphe et nymphe) et par 6 stades chez les tubulifères (oeuf, larve I, larve II, prénymphe, nymphe I et nymphe II). Les larves sont aptères, allongées comme les adultes, et de très petite taille. Elles sont claires (blanc à jaune) et souvent difficiles à voir pour un oeil non averti ; cependant certaines larves, notamment chez les tubulifères (ex. Haplothrips tritici (Kurdjumov)), peuvent avoir une coloration rouge très vive. Les pièces buccales des larves sont analogues à celles des adultes. Une fois son développement terminé, la larve mue pour effectuer sa nymphose. Celle-ci a lieu en général dans le sol. Les nymphes I et II se distinguent des larves par la présence de fourreaux alaires et l'absence de pièces buccales fonctionnelles (elles sont donc incapables de se nourrir). De nombreuses espèces sont parthénogénétiques. Trois types de parthénogénèse existent chez les thrips : arrhénotoque (la plus fréquente, elle ne donnera que des mâles ex. Limothrips denticornis Haliday), thélytoque (elle ne donnera que des femelles ex. Heliothrips haemorrhoidalis (Bouché) ou deutérotoque (elle donnera soit des des mâles, soit des femelles ex. Parthenothrips dracaenae (Heeger).
Les thrips fuient la lumière et l'ensoleillement direct. Ils se localisent de préférence à la face inférieure des feuilles, à l'intérieur des fleurs ou des grappes, ou se réfugient sous ou dans les anfractuosités des écorces, ou encore dans les plis ou replis de divers organes végétatifs. Ils peuvent provoquer la formation de galles.

  • Importance économique et agronomique

En France, cet ordre compte finalement assez peu de taxons, si on le compare par exemple à celui des coléoptères ou des lépidoptères. Il comprend cependant des espèces très nuisibles, comme Thrips tabaci Lindeman ou Frankliniella occidentalis (Pergande), certaines espèces qui transmettent des agents phytopathogènes (ex. le Tomato spotted wilt virus (TSWV)) aggravent ainsi leur nuisibilité directe. Certains thrips sont polyphages, par exemple, T. tabaci, F. occidentalis et Heliothrips haemorrhoidalis, d'autres sont oligophages ou monophages comme Haplothrips tritici, Limothrips cerealium Haliday, Kakothrips robustus (Uzel) ou Drepanothrips reuteri Uzel. Certaines espèces comme H. haemorrhoidalis sont surtout présentes sous serre.
Les dégâts de thrips se manifestent principalement par des blanchiments de feuilles ou de pétales, des cicatrices sur fruits ou graines, des déformations de feuilles ou des rabougrissements.
Note : les thrips peuvent être à l'origine de certaines conjonctivites ou de dermatites prurigineuses chez le chien, voire même chez l'homme.



  • Intérêt écologique

Quelques espèces de thrips sont prédatrices et consomment des insectes de petites tailles et à téguments mous, ou éventuellement des acariens. Sur notre territoire, les thrips prédateurs sont des espèces du genre Aeolothrips (il y en a 16 espèces en France) et Scolothrips longicornis Priesner. Signalons que cette dernière est inféodée à un seul genre d'acarien et en particulier à une espèce très nuisible à la vigne : Eotetranychus carpini (Oudemans).

Dernière modification : 01/12/2023
  • Auteur :
  • M Martinez (INRA)