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Ecologie, épidémiologie

- Conservation, sources de virus

Le virus de la mosaïque du concombre (Cucumber mosaic virus, CMV) peut infecter plus de 700 espèces différentes représentant 92 familles botaniques, appartenant aux monocotylédones comme aux dicotylédones. Les cultures maraîchères et ornementales (vivaces et pérennes) sont particulièrement affectées. Chez les solanacées, le CMV infecte : le piment, Capsicum frutescens, Cyphomandra betacea, 6 espèces de Datura et de Physalis, Lycopersicon pimpinelifolium, plusieurs Nicotiana dont le tabac, Petunia hybrida, l'aubergine, Solanum nigrum. D'autres familles botaniques comprenant des légumes l'hébergent : les cucurbitacées (melon, concombre, courge, courgettes, astéracées (laitue, scarole), les Apiacées (céleri, carotte, persil), les chénopodiacées (betterave, épinard). Dix familles de monocotylédones peuvent également être affectées comme les agavacées, les amaryllidacées, les iridacées, les liliacées, les musacées, les orchidacées et les poacées.

Parmi les plantes spontanées, des espèces aussi communes que le pourpier, la morelle noire, le séneçon, le laiteron, des laitues sauvages, les lamiers, la véronique, la garance, la mercuriale sont infectées. Les plus importantes sont Portulaca oleracea, Senecio vulgaris, Solanum nigrum, et celles qui sont pérennes comme la garance, ou encore la capselle. Signalons que Stellaria media transmet le virus par la graine. En Espagne, une étude de 51 espèces de mauvaises herbes appartenant à 19 familles botaniques a révélé que 25 d'entre elles étaient infectées par le CMV. Parmi elles, Convolvulus arvensis, Malva sylvestris et Sonchus tenerimus jouent un role épidémique important car elles sont pérennes et souvent associées avec les cultures de tomate.

Rappelons que ces diverses plantes permettent au CMV de se maintenir pendant l'hiver ; elles constitueront au printemps, et durant toute la période de production, des réservoirs à virus particulièrement importants jouant un rôle épidémique majeur.


- Transmission, dissémination

Les premières contaminations se produisent souvent lors de l'arrivée des premiers vols de pucerons - le CMV est transmis par les pucerons selon le mode non persistant. Ainsi, le puceron vecteur peut acquérir le virus sur une plante infectée et le transmettre à une plante saine, en quelques secondes, au cours de très brèves piqûres, dites « piqûres d'épreuve ». Celles-ci lui permettent de s'assurer que la plante est un hôte favorable à son développement. Le puceron est capable de transmettre le virus immédiatement après son acquisition, et le reste pendant une dizaine de minutes. Il perd cette capacité au bout de 2 à 4 heures au maximum, d'autant plus rapidement s'il effectue d'autres piqûres d'épreuves ou des piqûres alimentaires. Il peut recouvrer cette aptitude en piquant à nouveau une plante virosée. Une des conséquences de ce mécanisme est que des pucerons non inféodés à la culture, qui ne font qu'y transiter, sont parfaitement capables de transmettre le virus, ce qui complique très fortement toute lutte avec des insecticides.

Plus de 90 espèces de pucerons sont susceptibles d'acquérir puis de transmettre le CMV. Leurs potentialités de vection sont différentes ; les meilleurs vecteurs semblent être Myzus persicae, Aphis gossypii, A. craccivora, A. fabae et Acyrthosiphon pisum. Ajoutons que certaines espèces ne sont capables de transmettre qu'un certain nombre de souches.

La proportion de plantes que les pucerons risquent de contaminer est maximale dans le voisinage de la plante source. Transportés par le vent, ils peuvent être de redoutables vecteurs, disséminant efficacement le CMV sur des distances plutôt importantes. De plus, la très grande efficacité de son mode de transmission rend la dissémination de cette virose très rapide sans que d'importantes pullulations de pucerons ne soient observées. Plusieurs facteurs biotiques et abiotiques jouent un rôle essentiel sur la biologie des pucerons, donc sur la dissémination des virus et le développement des épidémies virales :
- le vent conditionne leur répartition ;
- la température agit sur la croissance des plantes, la multiplication du virus et le développement des colonies de pucerons ;
- la proximité d'autres cultures sensibles et de plantes adventices contaminées favorisent particulièrement les contaminations.

À ces facteurs, il convient d'ajouter des paramètres régionaux comme la disposition des parcelles, la protection des cultures contre les vents dominants par des haies, les conditions climatiques locales et leur influence sur certaines plantes réservoirs.

Le développement des épidémies du CMV est donc lié aux conditions climatiques. Si l'hiver est rigoureux, une majorité de plantes réservoirs et de pucerons seront détruits et l'inoculum présent en début de culture sera réduit.

Comme pour la quasi-totalité des solanacées cultivées, le CMV n'est pas transmis par la graine chez la tomate. Il l'est en revanche chez de nombreuses plantes appartenant à des familles botaniques différentes (fabacées, caryophyllacées) et, en particulier, chez plusieurs mauvaises herbes (comme par exemple Stellaria media). Ce virus pourrait être transmis mécaniquement au cours des opérations culturales, de taille et d'effeuillage (démontré pour des souches nécrogènes et associées à un ARN satellite). Dans ce cas, la répartition des plantes malades est plutôt en ligne, contrairement aux transmissions par pucerons qui donnent lieu à des distributions en foyers ou aléatoires.

Dernière modification : 30/11/2023
  • Auteurs :
  • D Blancard (INRAe)
  • G Marchoux (INRA)