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Phytophthora de l'aulne

 Phytophthora x alni

 

      Fréquence
      Agressivité
      Impact

 

 

 

Position systématique : Chromista - Oomycète -  Peronosporales

Hôtes : aulne, et notamment aulne glutineux

Localisation sur l'hôte : racines, collet du tronc

 

  • Biologie

 Phytophthora x alni est un agent phytopathogène du groupe des Oomycètes qui attaque exlusivement les aulnes et leur système racinaire. Il se transmet principalement par l'eau de cours d'eau : la maladie est donc fortement inféodée aux forêts alluviales et aux ripisylves.

L'aulne glutnieux est l'essence la plus vulnérable et la plus dégradée par P. x alni. Le pathogène a été détecté sur l'aulne de Corse (A. cordata) et l'aulne blanc (A. incana) ou l'aulne vert (A. viridis) mais sans provoquer des dégradations significatives.

Phytophthora x alni est une espèce résultant d'une hybridation récente (=croisement) entre deux autres espèces (d'où l'ajout du x entre le nom de genre et le nom de l'espèce). Une des espèces parentales est P. uniformis, probablement originaire d'Amérique du nord où l'hôte naturel est Alnus incana. L'autre espèce parentale est P. x multifomis qui est donc aussi une espèce hybride et dont l'origine est inconnue. La maladie causée par le Phytophthora de l'aulne a donc une origine exotique. Les deux espèces parentales sont assez rares en Europe et elles sont peu agressives. Par contre, l'espèce Phytophthora x alni est une espèce invasive en Europe et responsable de mortalité et de dégradation d'aulnaies ripicoles.

Lorque le sol est humide, le pathogène produit des structures appelées sporanges qui libèrent des zoospores. Celles-ci se déplacent dans l'eau libre dans le sol ou alors en surface dans les eaux de ruissement ou les cours d'eau. Les zoospores infectent le système racinaire et notamment les fines racines qui sont rapidement détruites, mais aussi les plus grosses racines sur lesquels se forment des nécroses noires. Le collet des arbres est aussi fréquemment touchés, soit en raison de la progression du pathogène des racines vers le collet, soit en pénétrant directement dans le bois via les lenticelles (à condition que le collet des arbres soit au contact d'eau contaminée). Les nécroses ne progressent jamais très haut sur le tronc (50 cm du sol au maximum).

Chez les jeunes arbres, les nécroses sous-corticales peuvent ceinturer le collet et, par conséquent, provoquer la mort de l'arbre. Chez les arbres adultes, le système racinaire est dégradé provoquant un déficit foliaire mais assez peu de mortalité.

Le pathogène survit dans le sol pendant plusieurs mois : sa dissémination s'effectue donc de façon naturelle via l'eau qui ruisselle, mais aussi artificiellement via le transport de sol ou de plants infectés.

L'incidence de la maladie (nombre de nouveaux cas d'arbres malades) et la rémission des arbres (amélioration de leur état sanitaire) sont corrélées aux conditions climatiques. Les hivers doux favorisent la survie du pathogène dans le sol et provoquent une recrudescence de la maladie l'année suivante. Les étés chauds favorisent la rémission des arbres malades.

 

  • Symptômes et éléments de diagnostic

- houppier clairsemé avec petites feuilles

- jaunissement du feuillage

- taches suintantes noirâtres à la base des tronc et sur les racines

- lésions noirâtres sous-corticales, en forme de flamme au collet

- destruction des fines racines

 

  • Dégâts

Phytophthora x alni est un pathogène primaire qui affecte les arbres de tout âge. Cependant, les plus jeunes aulnes glutineux sont les plus vulnérables.

Chez les jeunes arbres de moins de 5 cm de diamètre au tronc, la mortalité est très élevée 10 ans après les premiers signes d'infection. L'avenir de la régénération naturelle d'aulnes glutineux est donc compromise dans les sites très infectés. La mortalité est en revanche assez faible chez les arbres adultes de plus de 40 cm de diamètre : 10 ans après les premiers signes d'infection, le taux de mortalité des gros arbres est d'environ 5 à 10%. Les gros aulnes peuvent donc survivre de longues années même s'ils ont des signes de maladie, comme un feuillage clairsemé ou des nécroses suintantes au collet.

Il n'y a pas de moyen de lutte curative. La coupe des arbres infectés n'a aucun effet sur la rémission d'un peuplement puisque le pathogène reste dans le sol et y survit. Le dessouchage n'est pas recommandé car il dégrade les berges. Lors de renaturation de cours d'eau par plantation, il est indispensable de veiller à la bonne qualité sanitaire des plants (et notamment des racines) pour ne pas introduire le pathogène dans des zones saines. Le recépage d'un arbre adulte infecté permet de produire de nouveaux rejets vigoureux pendant plusieurs années mais le système racinaire reste infecté et les rejets peuvent par la suite présenter un houppier dégradé.

  • Confusion possible

La confusion est possible avec d'autres espèces de Phytophthora présentes dans le sol. Cependant, P. x alni est l'espèce la plus fréquente sur les aulnes.

Des blessures mécaniques ou des attaques d'insectes peuvent provoquer des taches suintantes et des coulures. Il est nécessaire de décaper l'écorce sous les taches pour vérifier la présence de lésions sous-corticales en forme de flamme en connexion avec le sol.

Dernière modification : 22/10/2025
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