Haies et lisières de bois
Les haies, dont les fonctions dans l’espace agricole sont multiples, sont souvent implantées en tant que brise-vent en bordure de verger (cf. Figures 1, 2, 3 et 4). Elles constituent également un « réservoir » de plantes, un refuge, un habitat, un site d’hivernation (ex : feuilles persistantes, tiges entrelacées), des ressources (pollen, nectar, baies, proies) pour les auxiliaires (insectes et oiseaux), un filtre, une barrière (ex : contre les Lépidoptères) et/ou un corridor (pour certaines espèces de carabes, oiseaux, mammifères, reptiles…).
Moyens
Les haies mixtes pluristratifiées et de large emprise sont les plus intéressantes en termes d’abondance et de richesse de la faune en général et de la faune auxiliaire. La diversité des espèces floristiques, de leurs caractéristiques (types de fructification, de feuilles…) et la présence de l’ensemble des strates végétales (herbacée, buissonnante, arbustive et arborée) permettent de multiplier les sources d’alimentation, les abris (gradient d’humidité et de température), les zones de reproduction et de circulation pour la faune (insectes, micromammifères, oiseaux…). Le maintien d’arbres creux dans la haie est propice aux chauves-souris et/ou aux oiseaux cavernicoles. La complexification de la haie et sa diversité végétale (haies composites) montrent un effet positif sur l’installation de populations d’oiseaux par rapport à des haies monospécifiques de cyprès.
Choix des essences
Le choix des essences doit favoriser les auxiliaires tout en limitant les risques d’implantation de plantes hôtes de bio-agresseurs du verger.
Les plantes appartenant à des familles botaniques autochtones à large répartition géographique (Rosacées, Salicacées) hébergent une faune plus riche que les espèces végétales exotiques introduites ou ayant une aire de répartition très restreinte. Il est donc conseillé de privilégier les espèces locales et bien sûr adaptées aux conditions pédoclimatiques.
Les espèces végétales de la même famille que celle implantée dans le verger à aménager sont déconseillées pour éviter d’héberger des bio-agresseurs de la culture. Enfin, les ravageurs secondaires peuvent être favorisés par la présence de leurs plantes hôtes dans certains aménagements végétaux : sauterelles, punaises, xylophages, anthonomes…
Au-delà d’autres objectifs tels que la mise en place d’une haie brise-vent (choix d’essences à croissance rapide), le choix des essences aura pour objectif de fournir un habitat et une succession de ressources pour les auxiliaires : abri hivernal, ressources de post-hivernation telles le pollen des floraisons précoces, proies ou hôtes alternatifs pour assurer le maintien des auxiliaires en l’absence de leur hôte ou proie principale, ressources de saison (nectar, pollen, miellat, proies…) et d’arrière-saison avec des floraisons tardives…
La présence d’essences à feuilles persistantes (ex. lierre, laurier-tin, laurier-sauce, nerprun alaterne, buis) ou marcescentes (qui conservent ses feuilles mortes attachées aux branches durant la saison de repos végétatif ; ex. le charme commun) permet de fournir des refuges hivernaux aux insectes (ex. certains chrysopes adultes) et aux oiseaux ; les feuilles caduques constituent une litière abritant hérissons et divers petits carnivores ou hébergent des arthropodes du sol (araignées, carabes, staphylins).
L’implantation de végétaux à floraison précoce (noisetier, saule marsault, viorne tin…), de saison (seringat, cornouillers, viorne lantane, sureau…) ou tardive (lierre, arbousier) offre nectar et/ou pollen à de nombreux insectes tels que les syrphes, certaines punaises prédatrices, les coccinelles, les Hyménoptères parasitoïdes et pollinisateurs… Les fructifications variées et les graines, présentes au printemps-été pour certaines et en automne-hiver pour d’autres, sont une source de nourriture importante pour la faune sauvage (oiseaux, renards…).
Certaines essences hébergent des phytophages spécifiques, inféodés à l’essence (ex. le puceron Aphis sambuci sur le sureau), qui constituent des proies de substitution abondantes et permettent le maintien d’auxiliaires consommant plusieurs types de proies en l’absence de leur proie principale.
Il existe des références locales ou nationales pour choisir les espèces à implanter dans les haies afin de favoriser un cortège d’auxiliaires de biologie et de régime alimentaire variés.
Si ces principes ont été décrits et documentés, les exemples d’application en verger sont rares (psylle du poirier) et l’effet d’une augmentation de l’abondance des auxiliaires dans la haie ne se traduit pas toujours par une augmentation de la régulation naturelle dans le verger. Les principes énoncés ci-dessus méritent toutefois d’être considérés lors de l’implantation de toute haie, par exemple brise-vent, pour limiter d’éventuels risques sanitaires et privilégier les essences riches en auxiliaires.
Entretien des haies
La taille des haies est préférable à l’automne, après consommation des baies et fruits par les auxiliaires. Le développement en largeur des structures basses pour créer un effet de lisière et éviter d’avoir une structure compacte en mur moins favorable à la biodiversité (prévoir 6 m de largeur pour l’implantation d’une haie).
Coût
Les haies ont un coût économique non négligeable d’investissement (achat des plants et mise en place avec souvent un paillage) et d’entretien (matériel spécifique pour la taille, parfois nécessité d’irrigation à l’implantation). Toutefois, les haies présentent un intérêt à long terme pour maintenir et favoriser la biodiversité fonctionnelle à l’échelle de la parcelle et du paysage. Par ailleurs, les haies enrichissent la structure paysagère en la complexifiant. Elles participent également au maintien de la biodiversité patrimoniale en abritant des espèces rares ou qui ne pourraient pas se maintenir sans leur présence et permettent enfin de protéger la ressource en eau.