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Gestion de l'irrigation

 

 

 

L’irrigation peut agir sur le développement des bio-agresseurs soit par le mode d’apport de l’eau, soit par les doses d’irrigation, ou encore par une combinaison des deux.

 

 

Choix du système d’irrigation

 

Les systèmes d’irrigation localisent de manière différente les apports d’eau au sein du verger, ce qui modifie les conditions microclimatiques au sein de la frondaison et peut influencer le développement des bio-agresseurs, en particulier les maladies. Cependant, le choix du système d’irrigation est souvent dicté par des compromis entre l’efficacité agronomique, la possibilité d’une utilisation pour la protection contre le gel, le désherbage mécanique sur le rang, le coût du matériel, les contraintes d’organisation du travail, etc.

 

De manière générale, les systèmes d’irrigation mouillant le feuillage (aspersion sur frondaison) ou favorisant un microclimat humide dans le verger (aspersion sous frondaison) favorisent le développement des maladies (ex. Xanthomonas, monilioses, tavelure, stemphyliose, feu bactérien, bactérioses…).

 

Toutefois, l’aspersion sur frondaison peut présenter un intérêt contre certains bio-agresseurs (ex. psylle du poirier, acariens).

 

Par ailleurs, la durée et la proportion de surface du sol maintenue humide jouent sur la dynamique de levée et de croissance des adventices sur le rang des arbres. Les systèmes d’irrigation de type goutte à goutte, en particulier le goutte à goutte enterré qui permet de ne pas humecter le sol en surface, sont les plus à même de limiter le développement des adventices.

 

À l’inverse, le maintien d’un sol humide par aspersion peut être un levier d’action contre certains bio-agresseurs (ex. le capnode qui se développe préférentiellement dans les sols secs).

 

 

Pilotage de l’irrigation et outils d’aide à la décision

 

En production fruitière, l’optimisation des quantités d’eau apportées est raisonnée prioritairement par rapport à l’élaboration de la production de fruits en quantité et qualité. Ceci nécessite d’associer un raisonnement fondé sur un bilan hydrique (pluviométrie, évapotranspiration des arbres selon la demande climatique de la période considérée) à des outils permettant de connaître plus précisément l’état hydrique du sol (sondes tensiométriques ou capacitives) et des observations du comportement des arbres (vigueur, croissance en calibre des fruits, sorties de gourmands ou d’anticipés, etc.) pour ajuster les apports d’eau d’irrigation aux besoins réels de chaque verger.

 

Une irrigation bien maîtrisée sans apports d’eau excédentaires est essentielle pour éviter de sensibiliser le verger aux bio-agresseurs, en particulier pour certaines maladies de conservation des fruits. Des expérimentations récentes conduites sur différentes espèces fruitières (pommier, pêcher, prunier…) ont montré l’intérêt de l’utilisation de sondes d’humidité du sol pour réduire les quantités d’eau d’irrigation grâce à un pilotage très précis des apports. Les époques d’irrigation peuvent aussi jouer un rôle comme par exemple sur abricotier où les irrigations tardives avant l’entrée en dormance sont favorables aux bactérioses.

 

Sur certaines espèces fruitières, en particulier sur pêcher et abricotier, des études ont permis de définir une gestion encore plus précise de l’irrigation (irrigation avec restriction hydrique ; acronyme RDI pour regulated deficit irrigation) pour économiser la ressource en eau en valorisant mieux la contribution du sol par les plantes. En appliquant de légères restrictions hydriques à des stades ne pénalisant pas la croissance des fruits, le concept de RDI transforme la gestion de l’alimentation hydrique en un levier d’action de conduite du verger. La RDI peut contribuer à maîtriser la vigueur (en interaction avec la conduite des arbres) et à augmenter les teneurs en sucre des fruits, ce qui peut être intéressant dans le cadre de circuits commerciaux valorisant la qualité ou pour des variétés ayant un caractère sucré un peu faible par rapport aux exigences des consommateurs. De plus, sur pêcher, il a été démontré que ce type de pilotage de l’irrigation, en régularisant la vitesse de croissance du fruit, diminue l’apparition de microfissures cuticulaires à la surface des fruits, principales voies de pénétration des conidies des champignons responsables des monilioses, ce qui permet de réduire de manière significative les taux de fruits infectés. Des techniques similaires comme le partial rootzone drying (PRD) testées sur prunier pourraient permettre de réduire les proportions de fruits infectés.

 

Pour piloter l’irrigation à des niveaux inférieurs au confort hydrique des arbres sans pénaliser significativement la croissance des fruits, il est nécessaire d’utiliser des indicateurs précis du statut hydrique de la plante, comme par exemple le potentiel hydrique minimal des tiges ou les variations micrométriques des branches (système Pepista®), au moins pour caler les outils classiques de pilotage de l’irrigation (indicateurs de l’humidité du sol comme les sondes tensiométriques ou capacitives).

 

En fruits à noyau pour lesquels il n’existe pas beaucoup d’alternatives à la lutte chimique contre les maladies de conservation, le pilotage précis de l’irrigation est donc une méthode complémentaire à ne pas négliger pour élaborer une stratégie de protection globale contre les monilioses fondée sur l’association d’un ensemble de techniques (prophylaxie, conduite de l’arbre, irrigation, enherbement, etc.). Ces combinaisons de techniques peuvent permettre une économie de traitements dans le programme de lutte fongicide et/ou une réduction des dommages sur fruits lors d’épisodes climatiques très favorables au développement des champignons (situations où ces maladies deviennent non maîtrisables même par la lutte chimique).

 

 

 

 

 

Dernière modification : 21/09/2015