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Phénomène de repousse : tubercules difformes et vitrosité

(Secondary growth: deformed and glassy tubers)

 

 

Le phénomène de « repousse » est la conséquence d’alternance de périodes de croissance et de non-croissance au cours du cycle végétatif. Elle est à l’origine d’anomalies pouvant se développer sous des formes diverses : germination, tubérisation en chapelet, déformations des tubercules (figure 1) et, dans les cas les plus graves, production de tubercules vitreux.


  • Symptômes

Les formes prises par les tubercules dépendent de la période à laquelle a lieu l’à-coup de végétation. S’il survient en début de tubérisation, l’arrêt de croissance donne une constriction au niveau du talon (tubercule piriforme, figure 2) ; s’il se produit en milieu de tubérisation, les deux parties formées peuvent être sensiblement de même grosseur (diabolo, figure 3) ; s’il intervient en fin de tubérisation, une excroissance se développe à l’extrémité de la couronne (surgeon). Parfois la croissance se fait au niveau de plusieurs yeux latéraux donnant des protubérances de formes et de tailles variables (figure 4).

La vitrosité (figures 5 et 6), conséquence des déformations ou de la tubérisation en chapelet,se traduit par l’apparition de zones translucides plus ou moins étendues à l’intérieur de la chair des tubercules, qui ont pour origine la disparition partielle ou totale des grains d’amidon dans les tissus concernés (figure 7). Ces tubercules sont impropres à toutes utilisations et présentent, pour les plus atteints, un risque de liquéfaction totale ou partielle pendant la conservation. Dans le cas des plants, les tubercules fortement atteints germent mal et donnent des plantes chétives.


  • Facteurs de risque

La tubérisation se caractérise par la dualité croissance en longueur/croissance en diamètre du stolon, l’arrêt d’élongation de celui-ci paraissant nécessaire au grossissement de l’extrémité tubérisante. L’équilibre est sous la dépendance des conditions d’environnement : les jours longs et les températures élevées favorisent le développement du feuillage et l’allongement des stolons tandis que les jours courts et les basses températures déclenchent la tubérisation.

En climat tempéré, en période de végétation active, cet équilibre est longtemps respecté, il y a simultanément croissance et tubérisation, puis progressivement cette dernière prédomine.

Si des conditions défavorables à la tubérisation, température supérieure à 25 °C notamment, surviennent, celle-ci est arrêtée : les stolons s’allongent, se ramifient et se transforment parfois en tiges aériennes, les tubercules reprennent leur croissance et deviennent difformes. Lors d’un rafraîchissement (temps couvert, pluie, irrigation), de nouveaux tubercules se forment tout au long des stolons en stoppant le développement des premiers tubercules formés.

C’est lors du jaunissement du feuillage après le défanage qu’apparaît généralement la vitrosité. On explique ce phénomène par le fait qu’en phase de végétation active les jeunes tubercules sont approvisionnés en glucides par les parties aériennes de la plante (photosynthèse), les tubercules de première génération ne servant alors que de transit, tandis que lorsque le feuillage n’est plus fonctionnel les tubercules de deuxième génération puisent les sucres chez les tubercules les plus âgés, dont l’amidon est hydrolysé et le poids spécifique abaissé.

Un phénomène analogue se produit chez certains tubercules déformés en longueur pour lesquels la croissance de la zone de la couronne se fait à partir de l’amidon du talon (« bout vitreux »).


  •  Lutte

Quelques règles essentielles pour limiter le phénomène de repousse :

  • En situation à risque, éviter les variétés sensibles (Bintje, BF 15, Roseval, Russet Burbank…). Les variétés plutôt précoces et à tubercules arrondis ou oblongs courts sont généralement moins sensibles que celles à tubercules allongés,
  • Pratiquer des techniques culturales raisonnées évitant les à-coups de végétation (structure du sol, peuplement, volume des buttes, fertilisation azotée, irrigation). Par ailleurs, certains travaux ont montré que l’application d’hydrazide maléïque (Fazor) pouvait limiter partiellement la « repousse » et la formation de tubercules vitreux en année favorable à ce phénomène,
  • Défaner dès l’apparition des tubercules de seconde génération qui seront suffisamment petits pour être éliminés au calibrage. Si, pour des questions de rendement, le défanage doit être réalisé plus tard, raccourcir au maximum le temps de maintien dans le sol des tubercules pour limiter la vitrosité.
Dernière modification : 21/01/2021
Phenomene de repousse1
Figure 1
Phenomene de repousse2
Figure 2
Phenomene de repousse4
Figure 3
Phenomene de repousse3
Figure 4
Phenomene de repousse5
Figure 5
Phenomene de repousse6
Figure 6
Phenomene de repousse7
Figure 7