Les plantes nématicides

 

De très nombreuses espèces de plantes sont connues depuis longtemps pour leur activités nématicides et sont utilisées contre les nématodes phytophages soit comme engrais verts dans les assolements (culture intercalaire ou en rotation), soit sous forme de broyats ou d'amendements incorporés au sol.

Les plantes nématicides produisent des substances néfastes aux nématodes. Elles sont plus ou moins spécifiques d'un ou de plusieurs genres de nématodes mais ne sont pas efficaces sur toutes les espèces de ce type de ravageur. Ces plantes ne doivent pas être confondues avec les plantes résistantes aux nématodes, c'est à dire qui sont peu attaquées, et à l'intérieur de laquelle le nématode ne peut achever son cycle de développement comme des plantes immunes (ou non-hôte) c'est à dire auxquelles les nématodes ne peuvent s'attaquer.

Les mécanismes d'action des plantes nématicides sont soit liés à la production par celles-ci de molécules pouvant inhiber l'éclosion ou la pénétration des larves dans les racines ou bien le développement ou la reproduction du nématode ou encore tuer le nématode. Parfois l'effet peut être indirect, car il nécessite la mort de la plante car c'est sa dégradation qui aura un effet nématicide, c'est le cas par exemple du seigle (Secale cereale).

  • Les plantes nématicides les plus connues et les plus utilisées sont :

- les tagètes ou oeillet d'Inde (Asteraceae, marygold) sont connues depuis longtemps avec particulièrement Tagetes patula L. 1753 ainsi que Tagetes minuta L. 1753 et dont certaines variétés sont plus efficaces que d'autres. La première est efficace contre les espèces de Pratylenchus, Rotylenchus et Tylenchorynchus, alors que la seconde permet de lutter contre les Meloidogyne, Helicotylenchus, Hoplolaimus, Tylenchulus et les genres déjà cités. D'autres composées sont décrites aussi comme ayant des effets nématicides, ce sont Helenium spp., Cosmos spp., Gaillardia spp., Rudbeckia spp., Zinnia spp. et Calendula officinalis ainsi que certains chrysanthèmes. Chez les tagètes, ce sont des molécules de type bithyenyl et alpha-terthienyl produits dans les exsudats racinaires qui ont effet léthal sur les différentes phases de développement des nématodes.

 - les légumineuses (Fabaceae) surtout certaines espèces tropicales comme Crotalaria spectabilis ou Indigofera tinctoria sont connues pour leur efficacité contre les nématodes (surtout les Meloidogyne) en plus de l'apport d'azote fixée par les racines.

- les crucifères (Brassicaceae) avec principalement Raphanus sativus (radis fourrager) et la moutarde brune (Brassica juncea). Le broyage de la végétation provoque la mise en contact et l'hydrolyse des glucosinolates comme la sinigrine par l'enzyme myrosinase dans les cellules des plantes, produisant des thiocyanates et différentes formes d'isothiocyanates (ITC) volatiles à effet nématicides spécialement sur les Meloidogyne (nématodes à galles). Ces plantes sont très utilisées dans les techniques de biofumigation permettant le nettoyage des sols maraichers car les molécules produites ont aussi un effet fongicide sur certains champignons parasites des racines.

Des plantes d'autres familles botaniques ont des propriétés nématicides, c'est le cas du ricin (Ricinus communis, euphorbiacées) ou de la coriandre (Coriandrum sativum, ombellifères) ainsi que des Allium dont les composés soufrés issus de la cystéine sont efficaces contre Meloidogyne. Asparagus officinalis (l'asperge) produit un glycoside, l'acide asparagusique à effet larvicide sur Globodera rostochiensis, Meloidogyne hapla et Pratylenchus penetrans.

 

Bibliographie :

C. Regnault-Roger, B. Philogène, C. Vincent (2008) Les biopesticides d'origine végétale, eds Lavoisier.

Dernière modification : 01/08/2018
  • Auteur :
  • S Chamont (INRAe)
tagetes
Figure 1
gaillardia
Figure 2
raphanus-sativus
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