Autographa gamma
Biologie du ravageur



- Les plantes hôtes :

Les larves sont extrêmement polyphages : elles peuvent se nourrir sur plus de 200 plantes hôtes, allant des plantes herbacées aux plantes ligneuses et des adventices aux plantes cultivées. Elles ne semblent pas manifester de préférences particulières à l'exception peut-être des Poaceae (graminées). Toutefois, de graves dégâts ont été signalés sur céréales (blé et maïs).

Parmi les plantes cultivées attaquées en France (figure 1), on retiendra notamment : l'artichaut (Cynara scolymus), la betterave commune (Beta vulgaris), la betterave sucrière (Beta vulgaris ssp. vulgaris convar. vulgaris var. altissima), le blé tendre (Triticum aestivum), la carotte cultivée (Daucus carota ssp. sativus), le chanvre (Cannabis sativa), la chicorée amère et ses variétés cultivées (Cichorium intybus), les choux et autres Brassicaceae (ou crucifères) du genre Brassica spp., les chrysanthèmes (Chrysanthemum spp.), les cotons (Gossypium spp.), le géranium (Pelargonium zonale), les haricots (Phaseolus spp.), l'hysope officinale (Hyssopus officinalis), les laitues (Lactuca spp.), l'épinard (Spinacia oleracea), le lin cultivé (Linum usitatissimum), la luzerne cultivée (Medicago sativa), le maïs (Zea mays), les oeillets (Dianthus spp.), l'oignon et l'échalote  (Allium cepa), le panais cultivé (Pastinaca sativa), le persil cultivé (Petroselinum crispum), les piments et poivrons (Capsicum spp.), le poireau (Allium porrum), le pois-chiche (Cicer arietinum), le pois cultivé (Pisum sativum), la pomme de terre (Solanum tuberosum), le radis cultivé (Raphanus sativus), la roquette (Eruca sativa), le soja (Glycine max), le sureau noir (Sambucus nigra), le tabac (Nicotiana tabacum), les oeillets d'Inde (Tagetes spp.), la tomate (Solanum lycopersicum), le tournesol (Helianthus annuus), le trèfle des prés ou trèfle violet (Trifolium pratense), la vigne (Vitis vinifera), les zinnias (Zinnia elegans).


- Cycle de développement :

Le cycle annuel et saisonnier donne généralement naissance à 2 ou 3 générations chevauchantes d'adultes selon les régions en Europe. Dans les conditions optimales, une 4ème peut même être initiée. En France, on considère qu'il y a en moyenne 2 générations annuelles. En région parisienne, la première génération d'adultes issue des pontes des migrants apparait au plus tôt vers la fin juin ; dans ce cas, le vol de la 2ème génération a lieu généralement fin juillet. En serre, la vitesse de développement des populations est telle que le nombre de générations chevauchantes est probablement maximal ; il en est certainement de même en extérieur dans nos régions méditerranéennes où les conditions d'hivernation y sont de même très favorables et la reprise d’'activité des adultes autochtones au printemps encore plus précoce.
  • Oeufs
Les oeufs sont pondus isolément, rarement en petits groupes (2-3 oeufs), sur la face inférieure des feuilles ou sur les tiges des plantes adventices ou cultivées. Ils sont très résistants à la sécheresse et supportent de grands écarts d'hygrométrie compris entre 6 et 100% d'hygrométrie relative. Les seuils critiques de développement se situent autour de 6 et 37°C, l'optimum de développement se situant autour de 20-27 °C. L'incubation des oeufs s'effectue en moins de 5 jours à une température supérieure à 19°C ; elle peut durer environ 2 semaines et plus si les températures oscillent entre 12 et 14 °C (figure 2).
  • Larves
Le développement larvaire passe par 6 stades différents. L'optimum du développement larvaire se situe entre 24 et 30°C. En règle générale, les températures élevées réduisent la durée du cycle larvaire et inversement lorsque les températures sont fraîches (figure 2). En plein champ, les larves effectuent leur cycle en 20-25 jours en été. En serre, ce dernier peut être réduit de moitié et se rapprocher des conditions expérimentales de laboratoire et ce, d'autant plus si la nourriture est de qualité et abondante.
 
Les chenilles âgées hivernantes sont extrêmement résistantes au froid et peuvent être exposées à plusieurs reprises à des températures très négatives (-10 à -14°C) sans pour autant subir une forte mortalité. En revanche, les stades jeunes de la dernière génération ne survivent pas à la rigueur de l'hiver en plein champ.
 
Les jeunes stades (L1 à L4) se nourrissent essentiellement du limbe des feuilles la nuit et s'immobilisent sur la face inférieure de celles-ci le jour. Ce n'est qu'au cours des deux derniers stades (L5 et L6) que les chenilles particulièrement voraces sont également très actives en journée, même les nervures peuvent être dévorées et les pétioles sectionnés. Les larves peuvent se développer isolément ou en groupe. En cas de pénurie alimentaire, elles n'hésitent pas à migrer en quête d'une nouvelle source de nourriture.
  • Chrysalides (nymphes, figure 3)
La nymphose se fait aussi bien dans des abris divers de la structure de la serre que dans les anfractuosités du sol ou plus fréquemment dans les plis des feuilles de la plante hôte ; les feuilles peuvent aussi être collées entre elles par des filaments soyeux produits par la chenille.

En général, les chrysalides sont résistantes au froid. La dynamique de leur développement, également dépendante de la température, est semblable à celle des larves. En revanche, à température égale, le développement de la chrysalide s'effectue beaucoup plus rapidement (figure 2).
  • Adultes
L'adulte a une activité de vol exclusivement nocturne en dehors des périodes de migration. Il vit entre 3 et 19 jours, au maximum un mois, la durée de vie étant beaucoup plus courte chez le mâle. L'accouplement a lieu 24 à 48 heures après l'émergence ; la femelle commence à pondre entre 1 et 5 jours après l'accouplement. La fécondité moyenne est de l'ordre de 1500 oeufs mais la femelle n'en pond très souvent que 30 à 50 %. Le degré de fécondité est étroitement dépendant de l'alimentation et de l'action de la température au cours du développement larvaire de la femelle.
 
Dernière modification : 29/01/2013
  • Auteur :
  • E Pierre (INRA)
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Figure 1
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Figure 2
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Figure 3
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Figure 4
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Figure 5