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Polyphyllie (ou Frenching)

Confrontés à la Polyphyllie (ou "frenching"), les producteurs de tabac observent, aussi bien en pépinière qu'en plein champ, des symptômes assez particuliers affectant essentiellement les feuilles. En premier lieu, ils constatent généralement un jaunissement assez marqué des tissus internervaires (figures 1 et 2). Les nervures au contraire restent bien vertes et contrastent avec le restant du limbe (figure 3). Par la suite, la croissance des nouvelles feuilles est particulièrement affectée, et donc leur forme. Ces feuilles ne présentent aucun développement radial ; à terme, elles sont très effilées (figure 4), avec la pointe enroulée vers le bas et les bords ondulés (figure 2). Les nombreux bourgeons axillaires se développant sont à l'origine d'une rosette de feuilles nombreuses, petites, étroites et vert pâle (d'où le nom de polyphyllie) et confèrent à la plante un aspect assez caractéristique en balai de sorcière (figure 5).

L'origine de cette maladie non parasitaire n'est pas banale. Elle serait produite par les effets d'une bactérie non pathogène, fréquemment présente dans le sol : Bacillus cereus Frankland & Frankland. Celle-ci sécrète une toxine et peut-être d'autres produits qui diffusent à proximité des racines et sont absorbés par le tabac. Les métabolismes azotés et protéiques des plantes sont perturbés ; une augmentation de la teneur en isoleucine libre et en autres acides aminés est fréquemment observée. Il convient de signaler que des symptômes comparables ont été observés dans les situations suivantes : à la suite de toxicités au thallium, au manganèse, au plomb..., ou sur des plantes soumises à des métabolites d' Aspergillus wentii Whermer et de Macrophomina phaseolina. Signalons que des symptômes comparables ont été signalés sur tomate, une autre solanacée.

On observe plus fréquemment cette maladie dans les sols particulièrement humides et mal aérés, plutôt chauds, de pH neutre à alcalin et parfois insuffisamment fertilisés, notamment en azote.

Il n'est pas possible d'enrayer cette maladie physiologique. Dans les pépinières touchées, les plants faiblement affectés semblent pouvoir être utilisés. Leur reprise après plantation dans un autre sol ne paraît pas perturbée et leur futur développement non plus. Une désinfection du sol permet normalement de contrôler ce problème en pépinière.

En plein champ, on ne dispose d'aucun recours vraiment efficace en cours de culture. Pour la plantation suivante, on peut toujours suggérer de drainer la parcelle, d'éviter les apports excessifs d'éléments alcalinisant le sol et d'assurer une fertilisation équilibrée.

Dernière modification : 11/05/2016
  • Auteur :
  • D Blancard (INRAe)
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Figure 2
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Figure 3
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Figure 5