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Méthodes de protection

- En cours de culture

Aucune méthode n'est réellement efficace en cours de culture pour protéger les plantes contre les dégâts dus aux différentes espèces de Meloidogyne. On peut tout de même conseiller de butter les plantes pour favoriser un enracinement complémentaire.

Si des attaques surviennent en pépinière, les plants affectés devront être éliminés. Dans le cas contraire, leur plantation au champ contribuera à assurer la dissémination des nématodes et la contamination de sols sains.

En fin de culture, il est impératif que les systèmes racinaires des tabacs soient enlevés de la parcelle et éliminés, pour éviter d'enrichir le sol en nématodes. Lorsque cette dernière mesure n'est pas envisageable, on peut mettre à l'air libre les systèmes racinaires afin qu'ils subissent les effets du soleil. De la même manière, plusieurs labours successifs, effectués durant l'été, contribuent à exposer les nématodes à la chaleur et à les tuer.


- Culture suivante (figures 1 et 2)

Pour être efficace, la lutte contre les nématodes à galles doit faire intervenir, d'une façon complémentaire, l'ensemble des méthodes de lutte proposées.

Il est primordial de produire des plants sains. Si vous avez le moindre doute sur la qualité du sol de votre pépinière, il doit être désinfecté. Dans de nombreux pays, cette mesure est mise en oeuvre systématiquement. Plusieurs produits nématicides sont utilisables. Leur choix dépendra de la législation en vigueur dans votre pays et des moyens financiers dont vous disposez pour réaliser cette désinfection :
- les fumigants (1,3-dichloropropène ou 1,3 D, dichloropropène-dichloropropane ou D-D, dazomet, métam sodium, méthyl isothiocyanate) sont des produits souvent assez polyvalents en plus d'être nématicides (fongicides, insecticides, herbicides). Ils sont généralement plus efficace dans les sols bien drainés et poreux. Ils agissent directement sur les nématodes. Ces produits sont surtout employés en pépinière. Ils sont plus efficaces que les non-fumigants. Le 1,3-D et le D-D ont une faible action sur les mauvaises herbes. Le dazomet et le métam-sodium sont assez peu utilisés. Un certain nombre d'entre eux sont aussi employés en plein champ ;
- les non-fumigants (ethoprophos, fénamifos, thionazin, aldicarbe, carbofuran et oxamyl) sont des produits plus spécifiques des nématodes et des insectes telluriques. Ils sont actifs, soit directement sur les nématodes présents dans le sol, soit par l'intermédiaire de la plante aux cours de leur nutrition. Souvent, ils inhibent momentanément le développement des nématodes, mais ils ne les tuent pas forcément. Leur utilisation est moins coûteuse. Ils sont surtout usités en plein champ, mais leur efficacité est plus faible que les produits précédents. Ils sont soit apportés en pré-plantation, soit pulvérisés dans les semaines qui suivent (vrai pour l'oxamyl et le fenamiphos).

L'utilisation de ces produits comporte plusieurs inconvénients : ce sont des produits toxiques pour l'homme et l'environnement ; ils ne sont pas spécifiques et bouleversent des équilibres biologiques ; ils sont coûteux et demandent parfois du matériel spécifique.

Dans les pays où l'ensoleillement est important, une désinfection solaire du sol ("solarisation") peut être envisagée, notamment pour assainir à un moindre coût les parcelles portant les pépinières. Cette technique consiste à recouvrir le sol à désinfecter, qui aura été au préalable bien préparé et bien humidifié, avec un film de polyéthylène de 25 à 40 microns d'épaisseur. Ce dernier doit être maintenu en place au moins un mois, à une période très ensoleillée de l'année. Il permet d'augmenter la température du sol et de favoriser l'activité d'antagonismes microbiens, ce qui contribue à réduire la présence dans le sol de nombreux micro-organismes phytopathogènes et notamment certains nématodes.

La méthode des semis flottants devrait permettre d'éliminer les contaminations en pépinière, à condition que les bacs soient protégés d'éventuelles pollutions par les poussières de sol.

Dans certains pays, les nématodes sont combattus en immergeant durant 7 à 9 mois les futures parcelles qui sont contaminées. Cette immersion peut être continue ou entrecoupée de périodes d'assèchement du sol. Dans ces conditions, le sol s'appauvrit en oxygène et accumule des substances toxiques pour les nématodes, comme des acides organiques, du méthane... Cette méthode n'est efficace que si elle est réalisée à une période chaude de l'année. Elle comporte certains risques liés à la possibilité de disséminer en même temps les nématodes.

Les outils servant au travail du sol de parcelles contaminées devront être bien nettoyés avant de servir dans d'autres parcelles saines. Il en est de même pour les roues des tracteurs. Un rinçage soigneux à l'eau de ce matériel suffit souvent à le débarrasser de la terre et des nématodes la contaminant. Dans certains pays, des labours et des plantations précoces et sur buttes réduisent les effets des nématodes.

Les rotations culturales sont fréquemment conseillées pour retarder l'apparition des nématodes, voire limiter leur extension. Celles-ci ne sont pas toujours faciles à mettre en oeuvre, en particulier pour certains nématodes polyphages comme les Meloidogyne spp. ou les Pratylenchus spp., car il n'est pas toujours évident de trouver des plantes résistantes pouvant entrer dans les rotations. Pour être efficaces, les rotations devront aboutir à une absence d'hôtes sensibles sur la parcelle durant au moins quatre années. Il existe un certain nombre de "plantes pièges" à nématodes ou "nématicides" (Tagetes spp.) qui ne sont pas encore utilisées dans les rotations avec le tabac. Les mauvaises herbes devront être parfaitement contrôlées dans les futures parcelles, car un certain nombre d'entre elles hébergent et multiplient les nématodes. Dans certains pays, la jachère est préconisée, mais elle pose parfois des problèmes d'érosion du sol.

Il convient de parfaitement maîtriser la fertilisation des plantes ainsi que leur irrigation.


* Afin de donner un caractère "universel" aux méthodes de lutte proposées, nous avons volontairement réalisé un inventaire assez exhaustif de celles-ci. Pour certaines maladies, nous avons même été un peu prospectifs et nous avons suggéré des alternatives aux expérimentateurs phytosanitaires.
Il est bien évident que ces propositions devront être modulées en fonction des pays et de la législation sur les pesticides en vigueur.

Dernière modification : 29/01/2013
  • Auteur :
  • D Blancard (INRAe)
semis_flottant
Figure 1
Meloidogyne_Carotte
Figure 2