Verticillium spp.

Verticilliose (Verticillium wilt)

 

 Généralités

  • Champignons du sol signalés dans de nombreux pays des zones tempérées et subtropicales.
  • Plusieurs espèces* de Verticillium seraient de susceptibles de s'attaquer aux légumes, et en particulier à l'aubergine, occasionnant sur cette espèce des symptômes comparables.

*Les connaissances sur la nature de ces espèces de Verticillium sont encore incomplètes ; en plus de V. dahliae et de V. albo-atrum, d'autres espèces comme par exemple V. isaacii, etc. semblent se manifester en France contribuant à complexifier la compréhension des interactions entre l'aubergine, les différents porte-greffes (et leur résistances) et les verticillium spp. (voire les éventuelles races). Notons que d'autres bioagresseurs de l'aubergine et de ses porte-greffes pourraient influencer le parasitisme des Verticillium spp. (Colletotrichum coccodes, Rhizoctonia solani, Meloidogyne spp., etc.)

  • Très polyphages, ils affectent des gammes d'hôtes plus ou moins larges en fonction des espèces.
  • Légumes connus affectés : aubergine en particulier, mais aussi tomate, poivron, pomme de terre, Cucurbitacées, artichaut, laitue, choux, fraisier, rosier, aster, chrysanthème, tabac, coton, diverses adventices (morelle noire, amarante), etc.
  • Observé en plein champ comme sous abris.
  • Organes attaqués : feuilles, système vasculaire. 
  • Symptômes :
    • Flétrissement partiel de certaines feuilles basses aux moments les plus chauds de la journée, réversible au cours de la nuit.
    • Ramollissement et jaunissement progressif de secteurs du limbe des folioles, souvent internervaire et en forme de « V ». Ces derniers finissent par brunir et se nécroser.
    • Mort prématurée des feuilles, laissant les fruits exposés au soleil.
    • Brunissement plus ou moins marqué des vaisseaux de la partie basse de la tige s'étendant dans le temps et gagnant les rameaux.
    • Affaiblissement des plantes voire mort prématurée, réduction des rendements.

 Biologie

  • Conservation : piètres compétiteurs dans le sol, leur conservation est assurée par des fragments mycéliens encore en place dans les débris végétaux, mais aussi par ses microsclérotes (figure 1) qui les pérennisent plus d'une quinzaine d'années. Leur polyphagie leur permet de s'attaquer et de se conserver sur des gammes d'hôtes plus ou moins larges.
  • Infection : Pénétration directe du mycélium dans les racines, ou soit à la faveur de diverses blessures, et/ou d'attaques de nématodes à galles et de Pratylenchus spp. Invasion du système vasculaire des plantes qu'ils colonisent progressivement. Celles-ci réagissent en formant de la gomme ou des thylles qui empêchent leur progression. Ces mécanismes de défense, associés à la colonisation et au colmatage des vaisseaux par le mycélium, contribuent au flétrissement des plantes.
  • Sporulation : production dans les vaisseaux de fragiles conidiophores verticillés formant des conidies ovoïdes (figure 2).
  • Dissémination :  possible par le terreau, le matériel agricole souillé par de la terre contaminée et par les débris végétaux. Les poussières de sol recelant des microsclérotes et/ou des conidies  sont aisément disséminées par les courants d'air, ainsi que par les éclaboussures d'eau et des insectes telluriques.
  • Conditions favorables : apprécient des conditions climatiques variables en fonction des espèces et des souches. Leurs optimums thermiques se situeraient entre 20 et 32°C. Les photopériodes courtes et les éclairements faibles sensibilisent les plantes à la verticilliose qui serait plus grave dans les sols neutres à alcalins. La monoculture de plantes sensibles ou des rotations trop courtes ou mal choisies contribuent à augmenter son incidence dans certaines parcelles.

 Protection

  • Utiliser des porte-greffes résistants si possible.
  • Réaliser des rotations culturales assez longues, au moins 4 années. Les céréales ne semblent pas affectées par ces champignons vasculaires. Le pois, le haricot et le chou pourraient être utilisés dans les rotations car ils ne favoriseraient pas le maintien de l’inoculum dans le sol.
  • Désinfection du sol possible : fumigant, solarisation, biofongicides, etc. Ajoutons qu’il conviendra de ne pas travailler trop profondément les sols désinfectés avant la mise en culture, sous peine de faire remonter des microsclérotes dans la strate traitée.
  • Détruire les mauvaises herbes hôtes.
  • Assurer une fumure équilibrée afin d’éviter d’obtenir des jeunes plantes aux tissus trop succulents.
  • Soigner l’irrigation : quantité optimale, apport localisé, etc.
  • Irriguer de façon optimale durant les périodes chaudes afin de limiter les flétrissements.
  • Bassiner les plantes aux moments les plus chauds de la journée afin de réduire les flétrissements foliaires.
  • Nettoyer les outils, les engins aratoires utilisés dans des parcelles contaminées avant de s'en servir dans d’autres parcelles encore saines. Un rinçage soigneux à l’eau de ce matériel suffira souvent à le débarrasser de la terre contaminée.
  • Eliminer les débris végétaux malades en cours et en fin de culture, ainsi que les mauvaises herbes hôtes potentiels susceptibles d’héberger ou de favoriser le développement et la conservation de ces champignons dans le sol.
  • Si nécessaire, apporter un fongicide en tenant compte des usages autorisés (e-phy).
Dernière modification : 11/10/2021
  • Auteur :
  • D Blancard (INRAe)
Verticillium-Aubergine4
Figure 1
Verticillium8
Figure 2
Verticillium10
Figure 3
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Verticillium12
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Verticillium-Aubergine2
Figure 6
Verticillium-Aubergine1
Figure 7
Verticillium9
Figure 8
Verticillium-Aubergine8
Figure 9
Verticillium1
Figure 10
Verticillium5
Figure 11
Verticillium4
Figure 12
Verticillium-Conidiophores
Figure 13
Verticillium-Sclerotes
Figure 14