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Orobanche spp. (orobanches)

Les orobanches (broomrapes) sont des plantes parasites, dépourvues de racines et de chlorophylle, dont la nutrition est totalement dépendante de leurs hôtes. Il en a été répertorié plus de 150 espèces. Elles s'attaquent à de nombreuses plantes cultivées ou non, en particulier aux solanacées, aux fabacées et aux cucurbitacées, sur lesquelles elles peuvent être à l'origine de dégâts importants. Les espèces les plus nuisibles sont essentiellement localisées dans le bassin méditerranéen, le sud-ouest de l'Asie et quelques autres régions dont le climat est proche du type méditerranéen (ouest de l'Australie, Californie).
 
En France, l'orobanche rameuse (Orobanche ramosa L. syn. Phelipaea ramosa C.A. Meyer), espèce disposant du plus large spectre d'hôtes, est en recrudescence, notamment sur chanvre, colza et sur une autre olanacée, le tabac. À notre connaissance, elle ne semble pas actuellement poser de gros problèmes aux cultures de tomate de plein champ. Signalons que plusieurs autres espèces d'Orobanche ont été décrites sur tomate ; O. aegyptiaca Pers., O. cernua Loefl.
 
L'apparition de touffes colorées de blanc, de jaune ou de violet au pied des plantes caractérise le parasitisme des orobanches (figures 1 et 2). Ces touffes correspondent aux hampes florales qui peuvent avoir une hauteur d'une à plusieurs dizaines de centimètres. Ces hampes portent des fleurs bleu pâle à bleu violacé dans le cas d'O. ramosa, qui produiront des capsules contenant 300 à 500 graines chacune (graines mesurant de 0,2 à 0,4 mm de long).
 
En fait, le parasitisme des orobanches concerne surtout les racines des tomates sur lesquelles elles mettent en place des suçoirs, puis des racines tentaculaires d'ancrage, qui leur permettent d'absorber les éléments minéraux indispensables à leur croissance. Les plantes s'en trouvent affaiblies et sont donc plus petites et chétives. À terme, les rendements en fruits sont réduits. De plus, ces plantes sont incapables de réguler leur transpiration stomatique en période sèche, elles maintiennent donc leur hôte en déficit hydrique chronique.
 
Les orobanches se conservent dans la couche plutôt superficielle du sol par l'intermédiaire de leurs minuscules graines, qui s'y pérennisent durant plusieurs années ; 10  et plus. Elles peuvent aussi se maintenir et se multiplier dans le sol par l'intermédiaire de nombreux hôtes cultivés (exemple de légumes sensibles à O. ramosa : aubergine, laitue, poivron, Cucurbitacées, fève, pois, carotte, céleri, fenouil) et de certaines mauvaises herbes (Capsella bursa-pasteuris, Solanum spp., Amaranthus spp.). En présence d'un sol suffisamment humide et stimulées par des exsudats racinaires, les graines germent et se fixent sur les racines de leur hôte. Par la suite, les orobanches pénètrent dans ces dernières et mettent en place un suçoir en connexion avec le xylème de son hôte, leur permettant d'assurer leur alimentation carbonée, minérale et hydrique au détriment des plantes. C'est à ce moment que débute la croissance d'abord souterraine de la tige. Celle-ci ne tarde pas à émerger et à former la hampe florale, qui fleurit par la suite. À terme, plusieurs dizaines de milliers de graines seront produites par plant d'Orobanche. Celles-ci peuvent être disséminées par l'eau d'irrigation ou à la suite d'inondations, par le vent, les animaux, les outils aratoires, des lots de semences pollués.
 
La lutte contre ces plantes parasites très polyphages est souvent très délicate du fait de leurs énormes potentialités de conservation et de dissémination. Nous vous conseillons tout de même de mettre en oeuvre les mesures suivantes :
-arracher ou détruire par tous les moyens les plantes parasites avant leur floraison ;
-en présence d'un foyer débutant, traiter les orobanches et leurs hôtes avec un herbicide comme le glyphosate afin d'éviter que les plantes ne produisent des graines qui retourneront dans le sol ;
-optimiser la lutte contre certaines adventices (brassicacées) qui peuvent se substituer à la tomate et perpétuer ces plantes parasites en absence de cultures sensibles ;
-dans certains pays, une désinfection du sol avec un fumigant est envisagée (bromure de méthyle). La Solarisation permettrait de détruire une partie du stock de graines présentes dans les premiers centimètres du sol ;
-l'enfouissement profond des graines est parfois conseillé car il les éloigne des futures racines de tomate qui ne seront parasitées que tardivement. Cette pratique est toutefois controversée car elle contribue à leur conservation ;
-l'augmentation de la fumure azotée réduirait les infestations en diminuant leur pouvoir de germination et de fixation sur leurs hôtes. Les ammoniums seraient plus inhibiteurs que les nitrates ;
-éviter de contaminer de nouvelles parcelles par le matériel agricole souillé. Pour cela, nous vous suggérons de toujours travailler les parcelles infestées en dernier et de bien laver le matériel après.
 
À titre d'exemple, signalons qu'une résistance à O. aegyptiaca, monogénique, dominante et contrôlée par le gène « Ora », a été mise en évidence et travaillée chez la tomate en Égypte.
Dernière modification : 30/11/2023
  • Auteur :
  • D Blancard (INRAe)
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Figure 1
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Figure 2
Orobanche3
Figure 3
Orobanche4
Figure 4