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Méthodes de protection

  • En cours de culture

Si vous observez des symptômes de racines liégeuses en cours de culture, il est malheureusement trop tard pour intervenir efficacement sur la culture. En effet, il n’existe pas de moyen efficace pour éliminer le parasite présent sur les racines des plantes sans les altérer définitivement.

Afin d’essayer de maintenir les plantes en vie le plus longtemps possible, il convient :
– de les butter afin de favoriser l’émission de racines adventives qui pourront suppléer les racines anciennes altérées. En culture hors sol (sur tourbe ou sur pouzzolane + tourbe) lors de graves attaques, de la tourbe peut être apportée localement au collet afin de permettre un enracinement complémentaire. De la sciure de bois est parfois utilisée ;
– de les bassiner aux périodes les plus chaudes de la journée pour éviter des évaporations trop importantes et non compensées, conduisant au flétrissement, au dessèchement et à la mort des plantes ;
– de surveiller attentivement l’irrigation. En effet, si les plantes flétrissent, ce n’est pas forcément lié à un manque d’eau, mais plutôt aux altérations racinaires dues au Pyrenochaeta lycopersici. Dans certains cas, les producteurs ont tendance à augmenter l’irrigation pour répondre aux flétrissements, ce qui conduit à amplifier les lésions racinaires par asphyxie.

Signalons qu'un fongicide* peut  être utilisé en traitement du sol  au pied des plantes afin de limiter l'évolution de cette maladie tellurique (e-phy).

Nous vous conseillons de plus d’éliminer et de détruire soigneusement les plantes malades et leurs systèmes racinaires, en cours, mais surtout en fin de culture. Cela évitera qu’ils soient ultérieurement enfouis dans le sol et qu’ils viennent enrichir l’inoculum de P. lycopersici déjà présent.

  • Culture suivante

Dans le cas où les pépinières sont réalisées chaque année dans le même abri, il sera indispensable de mettre en place les mesures d’hygiène préconisées au niveau de la fiche Clavibacter michiganensis subsp. michiganensis. Pour produire vos plants, nous vous conseillons d’utiliser des substrats sains (désinfectés), d’éviter de poser les mottes à même le sol car elles se contaminent souvent au contact de ce dernier, en particulier s’il n’a pas été désinfecté.

Les rotations culturales sont intéressantes lorsqu’elles sont réalisées préventivement, avant que le sol soit fortement contaminé. Dans ce dernier cas, leur efficacité est relative car le champignon se conserve longtemps dans le sol. De plus, il peut s’y multiplier grâce à divers hôtes alternatifs. Bien sûr, il conviendra de prendre soin de ne pas introduire de plantes sensibles dans les rotations. Le sol devra être bien travaillé, un bon sous-solage permettra aux racines d’accéder à des couches neuves.

Les sols fortement contaminés devront être désinfectés. Un fumigant pourra être employé (e-phy). Si ce fumigant est plus ou moins efficace, il pose cependant des problèmes matériels et entraîne un certain nombre d’inconvénients :
– destruction de micro-organismes naturels antagonistes de certains agents pathogènes ;
– augmentation de la réceptivité aux parasites des terreaux désinfectés ;
– apparition de phénomènes de toxicité (excès de manganèse échangeable, excès d’ammoniaque consécutif à un blocage complet ou partiel de la nitrification…).

Signalons que dans certains pays, des traitements du sol avant plantation ont été réalisés avec des solutions fongicides.

Dans les régions ensoleillées, la désinfection solaire du sol (solarisation ou pasteurisation) est de plus en plus mise en œuvre pour contrôler P. lycopersici. Elle consiste à recouvrir le sol à désinfecter, qui aura été au préalable très bien préparé et humidifié, avec un film de polyéthylène de 35 à 50 µm d’épaisseur. Celui-ci est maintenu en place au moins un mois à une période très ensoleillée de l’année. Cette méthode est économique, efficace, et permet de contrôler les champignons colonisateurs de la zone superficielle du sol. La désinfection par la vapeur est également efficace.

À défaut de désinfecter le sol, on pourra retarder les attaques de P. lycopersici en mettant en place les plants dans des sols réchauffés et/ou en augmentant le volume des mottes qui seront préparées avec un substrat sain.

Dans les cultures hors sol affectées, il conviendra de changer de substrat et d’essayer de comprendre pourquoi ce champignon, qui ne dispose pas de structures de dissémination, a pu contaminer le substrat. Dans ce cas, on devra particulièrement surveiller les sources de contamination potentielles : les plants, les poussières de sol, l’eau d’irrigation…

Des résistances génétiques ont été identifiées dans des accessions de Lycopersicon sauvages, comme L. hirsutum et L. peruvianum. Celle de L. hirsutum, polygénique à tendance dominante, n’a pas pu être transmise à la tomate cultivée. Le gène récessif « pyl » (localisé sur le chromosome 3), quant à lui, a pu être introgressé dans la tomate à partir de L. peruvianum. Ainsi, plusieurs hybrides de tomate actuellement commercialisés en sont pourvus.

Par ailleurs, si vous n’envisagez pas de désinfecter les sols de vos cultures, le greffage peut être une solution éminemment efficace, en particulier pour les cultures sous abris et les jardins d’amateurs. Plusieurs porte-greffes hybrides intra- ou interspécifiques sont actuellement disponibles.

Plusieurs champignons et des bactéries antagonistes ont été évalués in vitro ou au champ pour contrôler Pyrenochaeta lycopersici. Parmi eux, on peut citer Streptomyces griseoviridis, Gliocladium spp., Teratosperma sclerotivorum (Uecker, W.A. Ayers & P.B. Adams) S. Hughes (syn. Sporidesmium sclerotivorum Uecker, W.A. Ayers & P.B. Adams), Talaromyces flavus et Trichoderma harzianum.


Lutte chimique : Le nombre de pesticides disponibles pour un usage donné évoluant en permanence, nous vous conseillons de toujours confirmer votre choix en consultant le site e-phy du ministère de l’agriculture et de la pêche qui est un catalogue en ligne des produits phytopharmaceutiques et de leurs usages, des matières fertilisantes et des supports de culture homologués en France. Cette remarque est également valable pour tous les produits biologiques à base de micro-organismes ou de substances naturelles.

Dernière modification : 07/12/2023
  • Auteur :
  • D Blancard (INRAe)