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Phytotoxicités diverses



Les herbicides, en perturbant notamment l'activité photosynthétique des plantes, sont responsables du jaunissement plus ou moins généralisé de certaines feuilles qui ont tendance à blanchir assez rapidement par la suite. Nous vous proposons de consulter un ensemble de photos de feuilles de tabac qui matérialisent la nature et la répartition des jaunissements liés aux effets des herbicides. Soyez conscient que l'utilisation d'un herbicide sur une culture ou à proximité n'est jamais une opération totalement anodine. Elle ne peut se faire qu'en jouant notamment sur les doses et les stades de développement de la culture ; les risques de phytotoxicité ne sont jamais totalement écartés.

D'autres pesticides, par exemple des mélanges d'insecticides et de fongicides, des substances comme des engrais, peuvent aussi être à l'origine de phytotoxicités sur tabac. Ils provoquent aussi des jaunissements, mais également des déformations foliaires.

En plus des symptômes représentés sur les photos, nous vous proposons une description indicative des altérations signalées dans la littérature ou observées sur des plantes de tabac volontairement polluées par des produits appartenant aux principales familles d'herbicides utilisés en agriculture. Un même herbicide peut induire plusieurs de ces symptômes sur une plante.


Quels sont les différents symptômes traduisant une phytotoxicité ("chemical injuries") ?

  •  une modification de la coloration des feuilles avec différents types de jaunissements :

- jaunissement diffus de l'ensemble du limbe (figure 1) ;
- jaunissement en taches, en plages plus ou moins bien délimitées (pyridate...) (figure 2) ;
- jaunissement des nervures et/ou des tissus contigus (linuron, diuron...) (figure 3) ;
- jaunissement des jeunes feuilles de l'apex (atrazine...) ;
- jaunissement très marqué des jeunes feuilles de l'apex puis blanchiment notamment de la partie du limbe proche du pétiole (glyphosate...) (figure 4) ;
- jaunissement diffus du limbe entre les nervures (métobromuron, carbétamide...) ;
- jaunissement plus ou moins homogène du limbe entre les nervures, évoluant parfois vers le blanchiment (simazine, terbuthylazine, métobromuron, métribuzine...) (figure 5) ;
- jaunissement et dessèchement entre les nervures évoluant rapidement (simazine, terbuthylazine, métobromuron...) ;
- enfin un blanchiment du limbe (figures 6 et 7).

  •  mais aussi :

- une modification du port de la plante et de la forme des feuilles (figure 2a) ;
- des taches sur feuilles  ;
- et enfin un flétrissement et des nécroses sur feuilles.


Conseils de diagnostic

L'origine d'une phytotoxicité est assez difficile à déterminer. En effet, bien souvent le producteur réfute la possibilité d'avoir commis une erreur, ou subi un préjudice à l'origine des dégâts. Rappelons que dans la majorité des cas l'étude de la répartition dans le temps et dans l'espace des symptômes permet de confirmer l'hypothèse d'une phytotoxicité.

  • Répartition dans le temps

Cela correspond au délai nécessaire entre l'apport du produit à l'origine de la phytotoxicité et l'apparition des premiers symptômes, celui-ci peut être variable :
- très court (la relation de cause à effet est rapide), immédiatement après l'application d'un pesticide sur la culture ou à proximité (sous la forme d'embruns) ;
- assez long dans le cas par exemple d'un mauvais précédent cultural (précédente culture annuelle ou pérenne, désherbée par un herbicide rémanent ou mal lessivé à la suite d'un hiver sec ; culture pérenne désherbée pendant plusieurs années, cette situation conduisant à une accumulation de produit dans le sol), ou à la suite d'apport de paille provenant d'une culture de céréale désherbée ou d'un fumier constitué à partir de paille de même nature.

Soulignons que  des phytotoxicités peuvent se manifester aussi bien en pépinière, à la plantation et en plein champ.

  • Répartition dans l'espace

Elle concerne la localisation des symptômes sur les plantes et dans la parcelle. Elle peut varier en fonction de la composition du composé phytotoxique, de son mode d'apport et de sa localisation :
- si le composé phytotoxique est apporté au niveau du feuillage (herbicide foliaire, insecticide surdosé...), la répartition des plantes malades pourra être généralisée et homogène (figure 8), en début de ligne ou bien sur un côté des plantes ;
- si le composé est présent dans le sol sous la forme de résidus (herbicide racinaire par exemple), la répartition des plantes affectées pourra être généralisée et plus ou moins homogène ou bien répartie au hasard sur l'ensemble de la parcelle.

Soulignons que des différences de sensibilité variétale à l'action des pesticides existent. Il n'est donc pas étonnant d'en observer si vous produisez plusieurs cultivars. Par ailleurs, nous vous conseillons d'observer toutes les mauvaises herbes encore présentes dans la culture, ou d'autres plantes cultivées à proximité, qui ont pu subir la même phytotoxicité et donc exprimer les mêmes symptômes. Si c'est le cas, cela confirme en partie l'hypothèse d'une phytotoxicité. En effet, hormis quelques viroses et le Stolbur, la grande majorité des maladies parasitaires du tabac ne sévissent pas sur les mauvaises herbes et sont pour la plupart spécifiques au tabac ou aux solanacées.


  • Que faire à la suite d'une phytotoxicité ?

Bien qu'il n'existe pas de solution miracle dans cette situation, vous pouvez adopter les mesures suivantes : bien définir l'origine de la phytotoxicité ; empêcher qu'elle ne se manifeste une nouvelle fois ; ne pas éliminer les plantes immédiatement, les conduire normalement et observer leur évolution ; cette dernière dépendra surtout de la dose et de la rémanence du ou des produits en cause ; enfin aucune autre mesure spécifique ne peut être recommandée.

Dans de nombreuses situations, nous vous suggérons de vous poser les questions suivantes : la précédente culture n'a-t-elle pas été désherbée avec des herbicides rémanents ? Des traitements herbicides ont-ils été réalisés à proximité de votre culture ? Avez-vous bien rincé votre matériel de traitement ? Avez-vous utilisé le bon produit, à la bonne dose ? N'avez-vous pas mélangé des produits incompatibles ? Attention, l'eau d'irrigation peut être polluée par un herbicide.

Dernière modification : 26/05/2016
  • Auteur :
  • D Blancard (INRAe)
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