• Importance économique et agronomique

 

En France environ 270 espèces de diptères appartenant à 18 familles, sont considérées comme ravageurs (permanents, secondaires ou occasionnels) de nos plantes cultivés, de nos forêts ou de nos denrées (principalement les fruits stockés). Il n'existe pas réellement de diptères dommageables à nos produits manufacturés. Dans le sous-ordre des Nematocera seulement 5 familles sont concernées : Bibionidae, Tipulidae, Cecidomyiidae, Chironomidae et Sciaridae; les 13 autres familles appartiennent au sous-ordre des Cyclorrhapha, il s'agit des : Agromyzidae, Anthomyiidae, Chloropidae, Drosophilidae, Ephydridae, Heleomyzidae, Lonchaeidae, Muscidae, Opomyzidae, Scatophagidae, Psilidae, Syrphidae et Tephritidae. Certaines familles comme celle des Psilidae ne comprennent que 2 espèces nuisibles (dont la mouche de la carotte) et d'autres comme les Agromyzidae, les Anthomyiidae ou les Cecidomyiidae compte plusieurs dizaines d'espèces d'importance agronomique.

Si l'on excepte les diptères d'importance médicale ou vétérinaire, où le plus souvent ce sont les adultes hématophages qui sont nuisibles (4), chez les diptères phytophages se sont essentiellement les larves qui sont responsables de dégâts. Cependant certains adultes (des Agromyzidae principalement) peuvent contaminer les végétaux ou leur inoculer, lors de leurs déplacements et surtout lors de la ponte, des organismes pathogènes (maladies fongiques, virus, et autres); par ailleurs leurs nombreuses piqûres de nutrition (faites avec l'ovipositeur) évoluent souvent en points nécrotiques et déprécient certaines plantes (ex. les salades).

La majorité des diptères phytophages, et beaucoup d'autres, consomment, avec leur trompe, une nourriture plutôt liquide tels que des matières organiques en décomposition, du nectar et divers exsudats des plantes ou le miellat produit par certains hémiptères comme les pucerons et les cicadelles. Il faut avoir à l'esprit que beaucoup de diptères sont associés aux ravageurs, en tant que décomposeurs et dégradeurs.

On distingue parmi les diptères ravageurs 2 catégories :
- ceux qui consomment des organes végétatifs souterrains (partie hypogée) des plantes (principalement des Bibionidae, Chironomidae, Sciaridae, Tipulidae) ; leur larves sont généralement exophytes, elles ont une capsule céphalique et des mandibules broyeuses ; elles broient, dévorent, sectionnent, broutent ou rongent les tissus végétaux.

- ceux qui consomment des organes végétatifs aériens (partie épigée) des plantes (la plupart des diptères Cyclorrhaphes) ; leurs larves sont généralement endophytes, elles sont généralement pourvues de stylets ou de crochets mandibulaires, ces derniers agissent à la manière des lames d'un couteau à scie. Les végétaux sont finement incisés et perforés. Certains de ces diptères provoquent des déformations ou des galles (diptérocécidies) sur les végétaux, dans lesquelles les larves trouvent refuge et nourriture. La cécidogénèse est parfois déclenchée lors de la ponte mais le plus souvent elle est provoquée par l'activité des larves ; Les diptères sont le groupe le plus important de cécidozoaires ; en effet, environ 40% de nos galles leur sont dues, dont près de 35% par les seuls Cecidomyiidae.

Tous les organes végétatifs peuvent être consommés par les diptères depuis les radicelles jusqu'aux bourgeons fleurs, fruits et graines.
Le rôle des diptères en tant qu'auxiliaires est extrêmement important. Beaucoup de diptères sont prédateurs souvent généralistes comme les Hybotidae ou certains Muscidae du genre Coenosia, ou parfois prédateurs spécialistes, comme certains Syrphidae et des Chamaemyiidae prédateurs de pucerons, ou encore des Cecidomyiidae prédatrices de pucerons, de cochenilles ou d'acariens. Certaines familles sont strictement parasites en particulier les Tachinidae, dont de nombreuses espèces parasitent la plupart de nos lépidoptères et coléoptères ravageurs et les Pipunculidae qui parasitent essentiellement des hémiptères Cicadomorpha. Certains diptères (Agromyzidae) ont été utilisés en lutte biologique pour détruire ou enrayer la progression de mauvaises herbes envahissantes (Orobanches).

On ne peut passer sous silence ici l'importance médicale ou vétérinaire des diptères, elle est considérable, particulièrement en régions chaudes. Plusieurs dizaines d'espèces, qui appartiennent principalement à 7 familles : Ceratopogonidae, Culicidae, Glossinidae, Psychodidae, Muscidae, Simuliidae, Tabanidae, peuvent transmettre, par leurs piqûres d'alimentation, des parasites ou divers agents pathogènes, à l'homme et aux animaux domestiques ou sauvages (paludisme, fièvre jaune, malaria, typhoïde, choléra, maladie du sommeil, leishmanioses). De plus les larves ou les adultes de certaines espèces appartenant notamment aux familles des Gasterophilidae, Hippoboscidae, Oestridae sont parasites de mammifères (ex. cheval, mouton).

  • Intérêt écologique

La biomasse que représente les diptères est énorme ; un écologiste belge a calculé que la biomasse des diptères dans une chênaie, était de 7kg/ha, exprimée en poids sec alors que celle des mammifères et des oiseaux était en moyenne, en Europe occidentale, respectivement de 5 kg/ha et de 1,3 kg/ha. Deux autres exemples sont tout aussi éloquents, ainsi on a estimé à près d'un milliard d'individus le nombre de Chironomidae qui émergeaient, chaque nuit en période d'envol, du Nil bleu à Khartoum et il se forme environ 230 millions de pupes d'Ephydridae par kilomètre de plage et par jour sur les rives du Grand lac Salé aux USA.

Aux vues de ces chiffres, et les exemples pourraient être multipliés, on comprend toute l'importance et l'intérêt des diptères comme source de nourriture, comme décomposeurs et consommateurs dans les chaines alimentaires.
De plus, certains groupes de diptères jouent un rôle très important en tant que pollinisateurs, particulièrement sous les tropiques. Ce rôle est encore mal connu et largement sous-estimé.

Dernière modification : 01/12/2023
  • Auteur :
  • M Martinez (INRA)