Ralstonia solanacearum (Smith, 1896) Yabuuchi et al., 1996

Flétrissement bactérien

 

 Généralités

  • Bactérie tellurique présente surtout dans les régions tropicales, semi-tropicales et tempérées chaudes, sévit avec gravité dans de nombreux pays d'Asie (Chine, Japon, Malaisie, Phillipines, Pakistan, Thaïlande, Viêt Nam, Inde), d'Amérique (États-Unis, Mexique, Brésil, Argentine) et d'Afrique (aussi bien au nord qu'au sud). Elle est maintenant installée en Europe.
  • Très polyphage, capable d'infecter de nombreuses plantes, plus de 250 espèces végétales appartenant à au moins 50 familles botaniques.
  • Plusieurs souches sont connues permettant d'envisager l'existence d'un complexe d'espèces appartenant à 4 phylotypes d'origines géographiques différentes.
  • Observé en plein champ comme sous abris.
  • Organes attaqués : feuilles, vaisseaux
  •  Symptômes :
    • Symptômes présents aussi bien sur jeunes plantules que sur plantes adultes.
    • Flétrissement rapide des jeunes feuilles aux moments les plus chauds de la journée, souvent réversible durant la nuit dans un premier temps (figure 1) ; ils se manifestent soudainement et deviennent permanents. Les folioles et les feuilles finissent par se dessécher comme les plantes entières à terme (figure de 2).
    • Parfois jaunissement sectoriel du limbe se nécrosant rapidement (figure 3).
    • Coloration jaunâtre à brune plus ou moins foncée des vaisseaux observable dans les racines, le pivot et la tige (figure 4). La moelle et le cortex peuvent présenter des lésions humides et brunes.
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  • Signes : réaliser un « test du verre d'eau » afin de révéler la présence de bactéries dans les vaisseaux. Pour cela prélever un fragment de tige dans les étages inférieurs de la tige, l'immerger dans un verre d'eau, : des volutes muqueuses blanches constituées de milliards de bactéries apparaissent dans les 5 minutes (figure 5). 

Biologie

  • Conservation : se maintient dans le sol à l'état saprophytique sur la matière organique plusieurs années jusqu'à 30 cm de profondeur, et dans les eaux d’irrigation issues de canaux (Hollande), de rivières (Ecosse), d’étangs ou de diverses réserves d’eau. Infecte et se multiplies sur diverses plantes cultivées (tournesol, arachide, tabac, poivron, manioc, pomme de terre, bananier) ou adventices (Amaranthus spinosus, Chenopodium album, Cyperus rotundus, Erechtites valerianaefolia, Euphorbia hirta, Hydrocotyle ranunculoides, Malva sp., Physalis minima, Polygonum pensylvanicum, Rumex dentatus, Solanum nigrum, S. dulcamara, Vicia sp. , etc.) n'exprimant pas toujours un flétrissement.
  • Infection : pénètre les racines soit au niveau du point d'émergence des racines secondaires latérales, soit par l'inermédiaire de blessures diverses occasionnées par des outils, des piqûres et altérations engendrées par les nématodes à galles, des morsures dinsectes, etc...
  • Développement - Dissémination : une fois dans le cortex, la bactérie accède rapidement aux vaisseaux qu'elle envahit en se multipliant ; retrouvée dans le xylème et en phase finale dans le phloème. Dispersée dans le sol en gagnant les racines des plantes voisines, mais aussi par l'intermédiaire de l'eau de ruissellement, de plants contaminés et d'outils aratoires, des ouvriers au cours de l'ébourgeonnage et de l'effeuillage.
  • Conditions favorables :
    • Affectionne les températures tropicales, entre 25 et 35°C, les sols humides et lourds, au pH modéré,
    • L'apport d'une fumure fortement azotée contribuerait à sensibiliser les plantes,
    • Parasitisme favorisé par les attaques de nématodes à galles.

Protection

  • Réaliser les pépinières dans des parcelles n'ayant pas porté des cultures sensibles. Produire de préférence les plants en mini mottes hors sol, avec un substrat sain. Les plants achetés devront avoir été produits dans des conditions évitant tout risque de contamination.
  • Aucune méthode de protection ne permet de contrôler efficacement Ralstonia solanacearum en cours de culture.
  • Réaliser des rotations culturales, même si cette mesure n'est pas toujours évidente à gérer étant donné ses très nombreux hôtes potentiels. La canne à sucre, deux années de prairie de Digitaria, un sorgho en engrais vert, etc. permettent d'assainir plus ou moins le sol.
  • Penser à intégrer dans l'assolement des plantes peu sensibles, voire résistantes (fétuque, coton, soja, graminées, maïs, riz, etc.).
  • La désinfection du sol ne semble pas très efficace, ceci quel que soit l'option technique choisie.
  • Planter de préférence dans des parcelles indemnes de maladie.
  • Utiliser des porte-greffes et/ou des variétés résistants.
  • Favoriser le drainage des parcelles et éviter les excès d'humidité du sol et surveiller la qualité sanitaire de l'eau. 
  • Assurer une fumure équilibrée, sans excès d'azote, et détruire les mauvaises herbes.
  • Eviter les blessures racinaires et des stress hydriques. 
  • Travailler les parcelles infestées en dernier et désinfecter le matériel, les engins aratoires et les chaussures des travailleurs.
  • Eliminer et détruire les systèmes racinaires et les tiges des plantes en fin de culture.
Dernière modification : 01/12/2023
  • Auteur :
  • D Blancard (INRAe)
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Figure 5
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Figure 6
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Figure 7
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