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Méthodes de protection

  •  En cours de culture 

Dès l'observation des toutes premières taches de mildiou, des traitements fongicides* doivent être effectués immédiatement. Rappelons que les traitements curatifs, à efficacité relative, génèrent plus facilement l'apparition de souches résistantes aux fongicides. On leur préfèrera des traitements préventifs. Plusieurs matières actives sont utilisées pour contrôler Bremia lactucae (e-phy), seules ou en association :

- Des fongicides de contact, et notamment plusieurs dithiocarbamates (manèbe, mancozèbe, métirame zinc...). Ce ne sont pas des produits performants à l'égard de ce mildiou. Pour qu'ils soient relativement efficaces, ils doivent être appliqués chaque semaine. Ils ont tout de même l’avantage d’être assez polyvalents et de ne pas être concernés par les phénomènes de résistance. L'utilisation de ces fongicides a été limitée et/ ou très réglementée car ils sont à l'origine de résidus dans les laitues ;

- Des fongicides pénétrants et/ou systémiques comme le cymoxanil, le propamocarbe HCl, le fosetyl-aluminium,  l'azoxystrobin, le benalaxyl.

Les préconisations de traitements sur laitues les plus couramment proposées par les techniciens pour contrôler le mildiou en France sont les suivantes :

- Application en pépinière
Dès la germination, 2 pulvérisations/semaine essentiellement avec du mancozèbe.

- Application juste avant la plantation, après le dernier arrosage
Utiliser des matières actives plus performantes comme par exemple, l'association diméthomorphe + mancozèbe, cymoxanil + mancozèbe ou propamocarbe HCl + fosetyl-aluminium...

- Application en cours de culture
A la reprise, puis aux stades 7-9 feuilles, 11-13 feuilles, 16-18 feuilles.


En pépinière, on pourra essayer de circonscrire le ou les premiers foyers en les traitant avec une dose plus concentrée d'un fongicide et en éliminant les plantules affectées. La commercialisation des plants produits dans de telles conditions ne se fera que si l'attaque de mildiou a été totalement circonscrite et en avertissant les producteurs acheteurs des risques encourus.

En plus des traitements fongicides, un certain nombre de mesures prophylactiques doivent être appliquées.

- En pépinière, les abris seront aérés au maximum afin de réduire leur humidité. On aura intérêt à éviter les irrigations par aspersion tard le soir et surtout le matin, car les contaminations ont lieu de préférence au cours de la matinée. Si cela n'est pas possible, elles seront réalisées par temps chaud et suffisamment tôt dans l'après-midi pour que les plantes aient le temps de sécher avant la nuit.

- En culture, on adoptera les mêmes préconisations d'irrigation que celles suggérées en pépinières. Sous serre, il pourra être nécessaire de chauffer afin de réduire l'humidité ambiante. Tout sera mis en œuvre pour éviter la présence d’un film d’eau sur les plantes.

En fin de culture, un maximum de débris végétaux devra être éliminé rapidement ; les résidus restants seront enfouis profondément afin de favoriser leur décomposition.

  •  Culture suivante

La prochaine pépinière sera mise en place dans un endroit ensoleillé, en aucun cas humide et ombragé. Si elle a lieu dans le même abri que l'année précédente, il est conseillé d'appliquer les mesures d'hygiènes et de désinfections préconisées.

En culture, on évitera de mettre en place des cultures dans des parcelles mal drainées où se manifestent de fortes rétentions d'eau et dans des sols trop pourvus en matière organique. Des rotations culturales d'au moins 3 années sont préconisées. On ne réalisera pas de nouvelles plantations à proximité de cultures de salades déjà affectées. Les fumures apportées devront être équilibrées, en aucun cas excessives. Dans les pays ou les régions où cela sera possible, on pourra réduire les densités de plantation afin de disposer de parcelles plus aérées, dans lesquelles l'humidité au sein du couvert végétal sera plus basse. On orientera si possible les buttes de plantation dans le sens des vents dominants afin de favoriser l'aération de la végétation au maximum. Les espèces de laitues sauvages seront éliminées des parcelles et de leur environnement.

Étant donné la rapidité de progression de ce mildiou et les risques qu'il fait peser sur la culture, des traitements fongicides préventifs** seront indispensables en culture, comme en pépinière (e-phy). Le choix des produits et des cadences utilisées seront définis avec votre technicien en fonction des pratiques culturales locales. Il convient de se rappeler que le délai entre deux traitements ne devra pas dépasser 12 jours. Il faudra être particulièrement vigilant lorsqu’on mélangera des pesticides entre eux ou qu'on réalisera des traitements dans des conditions climatiques extrêmes : des risques d'incompatibilités entre produits et de phytotoxicité existent. Les Dithiocarbamates, posant des problèmes de résidus, pourront être utilisés essentiellement en tout début de culture : en pépinière et juste après plantation. On aura le souci d'alterner les fongicides à modes d'actions différents afin de limiter la sélection de souches de Bremia lactucae résistantes.

Des variétés résistantes sont disponibles dans plusieurs pays et notamment en France. Elles possèdent plusieurs gènes de résistance afin de contrôler les nombreuses races présentent sur le terrain*. Un bilan des gènes utilisés et des races décrites peut être consulté dans la rubrique "Résistances de la laitue aux agents pathogènes". Dans certains pays, la situation des races présentes n’est pas connue. Il sera nécessaire de réaliser localement des expérimentations afin de définir si les variétés résistantes choisies permettront de contrôler les races autochtones. En fait, bien que représentant un réel atout, ces variétés devront être utilisées de concert avec une lutte chimique complémentaire

Attention : la situation de la résistance au mildiou sur laitue semble évoluer actuellement dans certaines régions.

* Récemment l'IBEB (International Bremia Evaluation Board) a annoncé en août 2013 l'existence de 3 nouvelles races de ce straménopile, portant à 31 le nombre de pathotypes connus chez cet organisme.

** Le nombre de pesticides disponibles pour un usage donné évoluant en permanence, nous avons tout de même choisi de vous indiquer dans chaque fiche, le nom de quelques matières actives homologuées au moment de la rédaction de la fiche. Nous essaierons d’actualiser cette liste, au fur et à mesure des retraits et des nouvelles homologations. Malgré cela, nous vous conseillons de toujours confirmer votre choix en consultant le site e-phy du ministère de l’agriculture et de la pêche qui est un catalogue en ligne des produits phytopharmaceutiques et de leurs usages, des matières fertilisantes et des supports de culture homologués en France. Cette remarque est également valable pour tous les produits biologiques à base de micro-organismes ou de substances naturelles.

 

Dernière modification : 08/12/2023
  • Auteur :
  • D Blancard (INRAe)