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Méthodes de protection

Contrairement aux maladies cryptogamiques, il n'existe aucune méthode de lutte curative permettant de contrôler efficacement en cours de culture les virus, et en particulier le PepMV. Généralement, une plante infectée le restera toute sa vie.

 

  • En cours de culture

Le virus de la mosaïque du pépino (Pepino mosaic virus, PepMV), transmis facilement par le plant, mais aussi par les graines et peut-être les fruits, impose de contrôler les importations de plants, mais aussi de fruits. Ce virus, qui n'était pas jusque récemment un virus de quarantaine, est maintenant inclus dans la liste d'alerte de l'OEPP, et fait l'objet d'une décision de surveillance officielle au niveau de la communauté européenne. Ainsi, plusieurs interceptions ont été opérées en Europe sur du matériel infecté provenant des Pays-Bas ou d'Espagne, y compris des îles Canaries. De la même manière, les services d'inspection canadiens ont détecté du PepMV dans des fruits de tomate provenant du Colorado, d'Arizona et du Texas.

En France, toute détection de ce virus dans une serre doit donner lieu à la destruction de la culture et à la mise en oeuvre d'une lutte obligatoire. Cette dernière impose notamment :
- de signaler tous les cas déclarés ou suspects au Service de protection des végétaux (SPV) ;
- de désinfecter ou de détruire les lots de semences contaminées ;
- d'appliquer en particulier des mesures prophylactiques drastiques dans les serres affectées.

Actuellement, les pays abordent la gestion de cette virose de différentes manières. Deux situations principales sont constatées :
- les zones de production où les mesures d'éradication n'ont pas fonctionné, et où le virus est maintenant endémique, les producteurs et leurs techniciens ont appris à « vivre » avec cette virose, et donc maîtrisent assez bien la production de plantes infectées ;
- les pays pas encore affectés par le PepMV, où dans un premier temps tout sera mis en oeuvre pour éradiquer ce virus des premières exploitations touchées afin d'éviter qu'il ne s'installe définitivement dans la zone de production, voire le pays. Notons qu'il sera extrêmement difficile d'éradiquer localement le virus. Si on veut le faire, il sera préférable de détruire entièrement la culture. Sinon, dans bien des cas, on tentera de le contenir dans une zone donnée de la serre ou de l'exploitation, mais avec de forts risques d'échec compte tenu des facilités de transmission du virus.

Quelque soit la situation, les producteurs sont souvent obligés d'appliquer plusieurs des mesures décrites ci-dessous pour éviter d'introduire et de disséminer le virus, ou pour tenter de l'éliminer de la culture.

Si des attaques ont lieu en pépinière et qu'elles sont détectées précocement, il y a de fortes chances pour qu'une proportion non négligeable de plants soit infectée. Dans ce type de situation, il convient de ne pas prendre le risque de disséminer le virus. Une éradication localisée étant toujours très aléatoire avec ce type de virus, il sera souhaitable d'éliminer les plantes et de les détruire par le feu. Tous les débris végétaux présents sur et dans le sol ou le substrat seront enlevés et brûlés et toutes les surfaces des abris, nettoyées et désinfectées. Signalons que dans les zones de production où le virus est maintenant endémique, comme aux Pays-Bas ou en Espagne, une fois que des infections ont eu lieu à un stade relativement précoce, les producteurs favorisent la dissémination du PepMV à l'ensemble des plantes afin de réaliser une « pseudo-vaccination ». Pour cela, les producteurs utilisent comme inoculum les feuilles basses prélevées sur des plantes malades. Par la suite, il ne leur reste plus qu'à assurer une conduite optimale de ces plantes virosées.

Dès que vous aurez détecté les premières plantes malades dans une culture, et fait confirmer l'identification du virus par un laboratoire spécialisé, nous vous suggérons :
- d'entrer dans les rangs avec une combinaison jetable, des gants, des bottes et en prenant garde à ne pas toucher les plantes ;
- d'éliminer les plantes développant des symptômes en les mettant dans une poche plastique afin qu’elles ne touchent pas d'autres plantes lors de leur sortie de la culture. Plusieurs plantes apparemment saines doivent être aussi retirées de part et d'autre de la ou des plantes malades ;
- de les brûler ou de les enfouir profondément rapidement ;
- de baliser et de mettre en quarantaine la ou les zones affectées balisées, les travailler en dernier, en ayant soin d'utiliser des équipements dédiés à celles-ci.

Des pédiluves fonctionnels sont installés aux entrées de chaque serre et cellule qui servent soit de pépinières, soit à la production. Ceux-ci seront suffisamment remplis en solution désinfectante, et maintenus fonctionnels durant toute la durée de la culture. Plusieurs des produits virucides* peuvent être utilisés pour désinfecter les outils, les allées, les structures des serres. (e-phy).

Par la suite, il conviendra de ne pas entrer dans les serres ou les compartiments ou les quitter sans s'être lavé les mains avec au moins de l'eau chaude savonneuse, voire avec un désinfectant. Le port de gants jetables est souvent préférable, de plus, ils peuvent être plus facilement désinfectés. Un virucide peut également être utilisé. Soulignons que les travailleurs décontamineront leurs mains assez souvent, en les plongeant dans un désinfectant. Plusieurs produits sont signalés comme efficaces : le lait écrémé (les protéines du lait réduisant l'infectiosité des particules virales), une solution d'un tampon phosphate ou d'un détergent. Ils le feront avant, et à plusieurs reprises durant et après leurs activités dans la pépinière ou les serres.

Les serres seront fermées à clé et on en empêchera l'accès à toutes personnes étrangères à l'exploitation. Les éventuels visiteurs devront porter des vêtements spéciaux, des sur-chaussures et des gants en latex. Les animaux domestiques seront interdits dans la serre. De la même manière, on évitera de faire passer les ruches de bourdons d'une serre à l'autre.

En ce qui concerne les ouvriers, il est important de les dissuader d'apporter et de consommer pour leur repas des tomates extérieures à l'exploitation, celles-ci pouvant introduire le virus. Le renouvellement et le nettoyage de leurs vêtements seront gérés au mieux.

Le matériel ou les outils ne seront en aucun cas prêtés à des producteurs d'autres exploitations maraîchères. Les outils seront désinfectés avec un virucide. Il est parfois recommandé de les tremper 20 minutes soit dans une solution de phosphate trisodique à 10 %, soit dans de l'eau de Javel à 3° chloré.

Tous les débris de taille et d'effeuillage doivent être éliminés et détruits au fur et à mesure. Ils ne traîneront en aucun cas dans les allées. Ces dernières, ainsi que les couloirs cimentés, doivent être désinfectés avec un virucide homologué. Le brûlage des résidus de cultures ou leur enfouissement avec de la chaux vive (volume à volume) sera systématiquement organisé. Ils ne seront en aucun cas déposés à l'extérieur des serres et laissés en tas.

L'eau et la solution nutritive seront filtrées et désinfectées. La pasteurisation, l'ozone et les UV seraient à cet égard des moyens préventifs efficaces.

En fin de culture, tous les plantes (notamment les systèmes racinaires, dans lesquels le virus se conserve plus longtemps), les substrats, le matériel, les outils, etc., seront sortis des abris, en prenant soin de ne pas déchiqueter le matériel végétal, ce qui risquerait d'y laisser des fragments végétaux infectieux. Une fois les abris vides, un nettoyage des surfaces à l'eau sous pression sera effectué. Le circuit d'irrigation devra être désinfecté avec de l'acide nitrique à pH 1 à 2, durant 24 heures, puis rincé à l'eau propre. Les goutteurs devront être débarrassés de toute matière organique et désinfectés. Par la suite, l'ensemble de la serre sera traité avec un produit désinfectant* (e-phy). Celui-ci sera utilisé à une concentration suffisante et on le laissera agir durant plusieurs minutes afin d'éliminer efficacement le virus.

 

  • Culture suivante

Bien sûr, un grand nombre des mesures détaillées précédemment devront être mises en oeuvre lors de la culture suivante. Après avoir éliminé le PepMV de l'exploitation, il faudra surtout limiter au maximum les risques de son introduction et son extension dans celle-ci. Cela passera par l'utilisation de plants sains qui seront mis en place dans une exploitation indemne de toute source de contamination.

Dans le cas où l'on ne peut pas déplacer la pépinière qui était contaminée l'année précédente, une désinfection du sol (avec un fumigant, de la vapeur) et du matériel utilisé est indispensable.

Comme le virus peut se conserver dans le sol plusieurs années, des rotations culturales longues seront envisagées en plein champ, de la même façon que pour les maladies telluriques. On se méfiera tout particulièrement des anciennes parcelles contaminées, dans lesquelles des résidus de racines persistent.

Les graines utilisées pour les semis devront être saines. En cas de doute, elles seront désinfectées de la même façon que pour le ToMV. Plusieurs produits sont préconisés pour éliminer le PepMV des graines sans trop pénaliser la germination des graines par la suite, seuls ou en association : hypochlorite de sodium, phosphate trisodique, le Menno-Florades. Après ces différents traitements, les semences devront être rincées à l'eau courante, en les agitant bien, puis séchées rapidement. Nous vous conseillons d'en discuter avec votre technicien afin d'utiliser la procédure en vigueur dans votre pays. Des traitements par thermothérapie sont également signalés, car le PepMV est très sensible aux hautes températures.

L'état sanitaire des plants en pépinière et avant plantation sera contrôlé attentivement à plusieurs reprises. Il sera préférable que le personnel travaillant dans la pépinière, n'intervienne pas dans les cultures afin d'éviter les risques d'introduction du virus.

On se méfiera des plants et des semences provenant de pays déjà touchés par le PepMV : des garanties devront vous être apportées sur leur qualité sanitaire. Les producteurs devront se méfier des essais variétaux réalisés dans leurs exploitations. En effet, quelques unes d'entre elles semblent avoir été infectées par l'intermédiaire de variétés nouvelles expérimentées pour des sociétés de semences.

Dans les pays où le virus n'a pu être éradiqué, en particulier aux Pays-Bas, le greffage sur des porte-greffes vigoureux (Maxifort, Beaufort, Eldorado) permet de compenser les effets du virus et d'obtenir des plantes plus vigoureuses, et donc exprimant moins les symptômes viraux.

Si malgré les mesures prises, quelques attaques surviennent après plantation, reportez-vous aux mesures à prendre en cours de culture.


Lutte chimique : Le nombre de pesticides disponibles pour un usage donné évoluant en permanence, nous vous conseillons de toujours confirmer votre choix en consultant le site e-phy du ministère de l’agriculture et de la pêche qui est un catalogue en ligne des produits phytopharmaceutiques et de leurs usages, des matières fertilisantes et des supports de culture homologués en France. Cette remarque est également valable pour tous les produits biologiques à base de micro-organismes ou de substances naturelles.

 

Dernière modification : 07/12/2023
  • Auteurs :
  • D Blancard (INRAe)
  • G Marchoux (INRA)