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Principaux symptômes

 
Comme nous l'avons suggéré précédemment, les Oomycètes sont susceptibles de provoquer des symptômes sur la tomate tout au long de son cycle de développement et sur plusieurs de ses organes.
 
  • Sur plantules
Les Pythium spp., comme Thanatephorus cucumeris (Rhizoctonia solani), sont des agents de fonte de semis bien connus à l'origine de dégâts importants en pépinière (figures 1 à 3). En plus d'empêcher les graines de germer, ils s'attaquent aux plantules aussi bien en pré- qu'en postémergence. Des symptômes assez divers peuvent être constatés en fonction du stade de développement des plantules et de l'espèce sévissant :
- des lésions humides et brunes sur les racines, gagnant parfois le collet, entraînant leur décomposition ;
- des altérations humides et molles apparaissant sur le collet et pouvant s'étendre sur quelques centimètres. Dans ce cas, celui-ci donne l'impression d'avoir été plus ou moins pincé. Les tissus touchés brunissent progressivement.
Quels que soient les symptômes primaires, les plantules ne tardent pas à flétrir, s'effondrer et mourir. Elles finissent par se décomposer et disparaître totalement (fonte de semis, damping-off).

Plusieurs Phytophthora peuvent provoquer des symptômes comparables sur plantules ou jeunes plantes (figures 4 et 5). Par exemple, P. cryptogea est responsable de lésions brunâtres à noires se développant sur la tige, au niveau du sol ou à proximité, et finissant par la ceinturer. Par la suite, des racines adventives émergent sur la partie haute de la tige tandis que les racines finissent par pourrir entièrement. Les folioles peuvent s'enrouler et jaunir progressivement.

Signalons qu'en présence de fonte de semis, on conservera à l'esprit qu'une attaque de Thanatephorus cucumeris (Rhizoctonia solani) provoque des symptômes assez similaires.

Par ailleurs, plusieurs Oomycètes peuvent être responsables de lésions « aériennes » (aerial blight) sur les plants ou les plantes adultes de tomate. Par exemple, des lésions foliaires humides et brunes plus ou moins étendues, voire des pourritures, ont été observées aux États-Unis, en Floride, sur des plants ayant subi des éclaboussures d'eau à la suite de fortes pluies. De telles lésions étaient aussi visibles sur les pétioles et la tige. Pythium myriotylum a été associé à ces dégâts.
 
  • Sur plantes adultes
Des Pythium spp. sont fréquemment isolés sur les racines de tomate apparemment saines ou affectées. Leur présence sur un système racinaire n'est pas systématiquement associée à des dégâts. En effet, les Pythium spp. révèlent des pouvoirs pathogènes sur racines de tomate bien différents entre espèces. De plus, l'expression de leur pouvoir pathogène est souvent dépendante d'interactions complexes entre le développement de l'hôte (la tomate en l'occurrence), l'environnement et le ou les Pythium spp. présents. Plusieurs espèces sont tout de même susceptibles de provoquer des brunissements racinaires (Pythium root rot, wilt) parfois localisés à l'extrémité des racines. On note surtout le brunissement, la décomposition et la disparition de radicelles et de racines de faible diamètre. Le cortex des racines principales et du pivot finit également par pourrir plus ou moins localement. Les tissus vasculaires en vis-à-vis des zones altérées, finissent par brunir. Ces symptômes se manifestent parfois en sol (surtout en zones tropicales et subtropicales humides), plus fréquemment en hors-sol (dans les zones de production tempérées et nordiques) (figure 6).

Signalons que des attaques foudroyantes ayant provoqué une importante mortalité des plantes ont été constatées en zones tropicales, à la suite de submersions subies ou provoquées de cultures de tomate. Celles-ci étaient liées aux attaques de P. aphanidermatum dans des sols aux températures élevées, supérieures à 30°C. Il a par ailleurs été observé que les racines de tomate tolèrent assez bien cette dernière espèce en présence de températures basses. Cette même espèce de Pythium est responsable de pourriture racinaire et du collet sur des tomates cultivées en pleine terre durant l'été en Italie.

Divers Phytophthora spp. sont aussi signalés sur racines de tomate, responsables également de pourritures racinaires et du collet (Phytophthora foot and root rot). Les symptômes qu'il induit sur ces organes sont assez comparables à ceux occasionnés par Pythium spp., mais plus sévères (figures 4, 5 et 7).

Par exemple, P. cryptogea est redoutable en cultures hors sol ; il y occasionne des pourritures racinaires et du collet, brunâtres à noires. Les autres espèces, P. nicotianae (syn. P. parasitica), P. erythroseptica, P. capsici, entraînent des dégradations racinaires comparables en cultures en sol et/ou en hors-sol. P. capsici sévit particulièrement aux États-Unis dans les cultures de tomate de plein champ entrant en rotation avec des cucurbitacées. P. arecae, classé maintenant dans l'espèce P. palmivora, a été signalé aux Pays-Bas il y a de nombreuses années, comme responsable de pourritures racinaires et de chancres au collet.

Les attaques racinaires des Pythium spp. comme celles des Phytophthora spp. (en culture hors sol notamment) perturbent fortement le fonctionnement du système racinaire, réduisant notamment peu ou prou l'absorption de l'eau et des éléments nutritifs. Elles sont donc aussi accompagnées par des jaunissements foliaires et des flétrissements plus ou moins marqués et réversibles. Les fruits de certains bouquets peuvent aussi présenter des symptômes de Nécrose apicale (blossom end rot). Dans certaines situations, les plantes révèlent une faible croissance et des fruits de taille réduite. L'expression des symptômes foliaires dépend de la balance qui s'est établie entre l'émission par la plante de nouvelles racines et la proportion de racines parasitées et altérées. Signalons que la tomate cultivée en hors-sol, contrairement au concombre, peut très bien supporter des pertes racinaires importantes sans que l'on puisse observer le moindre symptôme aérien.

Les Oomycètes s'attaquent aussi aux fruits. Les Phytophthora spp. sont ainsi responsables de lésions irrégulières, humides, vert grisâtre à brunes, qui apparaissent sur la portion de fruit au contact du sol (figures 8 et 9) à . Elles évoluent assez rapidement et engendrent des motifs en anneaux concentriques, complets ou incomplets, brun clair à brun foncé. Ces lésions sont plutôt fermes, lisses en surface et ne présentent pas une marge bien marquée. Un feutrage mycélien cotonneux peut recouvrir les lésions en conditions humides (P. nicotianae, P. capsici, P. drechsleri. Les lésions occasionnées par P. mexicana présenteraient moins systématiquement des anneaux concentriques.

Quelques espèces de Pythium sont à l'origine de lésions humides évoluant en pourritures à progression rapide sur fruits matures au contact du sol ; ces dernières sont souvent associées à des écoulements et à la présence de mycélium cotonneux blanc (P. ultimum, P. acanthicum, P. aphanidermatum.

Quel que soit l'organe touché et les symptômes constatés, on observe souvent, grâce au microscope photonique, la présence d'oospores et/ou de chlamydospores dans les tissus altérés qui permettent de confirmer la présence d'une ou de plusieurs Oomycètes. En effet, il n'est pas rare d'être confronté à des complexes d'Oomycètes agissant de concert sur les racines et les fruits de la tomate. C'est par exemple le cas en France dans les cultures hors sol.
 
Dernière modification : 07/12/2023
  • Auteur :
  • D Blancard (INRAe)
fonte_pythium_tomate_DB_571_435
Figure 1
fonte_pythium_tomate_DB_572_436
Figure 2
fonte_pythium_tomate_DB_570_437
Figure 3
phytoph_tomate_DB_155
Figure 4
phytoph_tomate_DB_154_524
Figure 5
pythiace_tomate_DB_604
Figure 6
phytoph_tomate_DB_123
Figure 7
phytoph_tomate_DB_257
Figure 8
phytoph_tomate_DB_268
Figure 9