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Biologie, épidémiologie

  • Conservation, sources d'inoculum

 

Une fois introduit dans une parcelle de tomates située en plein champ ou dans une serre, Clavibacter michiganensis subsp. michiganensis est capable de s’y maintenir aisément plusieurs mois, voire plus d’une année en fonction des conditions de température et d’humidité du sol. Les débris végétaux, surtout s’ils sont secs, contribuent à sa conservation jusqu’à 7 mois une fois enterrés (certains auteurs parlent de 5 années), et au moins deux années lorsqu’ils sont en surface. Cette bactérie pourrait se conserver 2 années dans du compost et une dizaine de mois dans des tiges mortes. En présence d’humidité, la décomposition des débris est beaucoup plus rapide et sa persistance réduite. Une étude portant sur la pérennité de cette bactérie dans des fragments de tiges laissées sur le sol ou enterrées dans des situations climatiques contrastées a montré qu’elle s’y maintenait plusieurs centaines de jours, toujours moins longtemps lorsqu’elles étaient enterrées.

On la retrouve aussi sur le matériel utilisé (pots, goutteurs, containers, gouttières, ficelles, tuteurs…), les outils, les structures des abris… À titre d’exemple, dans certaines zones de production, les bambous servant à tuteurer les plantes constituent aussi une source d’inoculum primaire ; elle s’y maintient au moins une centaine de jours. Elle peut être également présente dans la solution nutritive des cultures hors sol.

Un certains nombre d’hôtes alternatifs ont été signalés, comme le poivron, l’aubergine, la pomme de terre, le tabac et plusieurs mauvaises herbes : Solanum nigrum, S. douglasii, S. triflorum, Chenopodium spp… C. michiganensis subsp. michiganensis semble aussi pouvoir se maintenir à l’état d’épiphyte sur plusieurs autres plantes n’appartenant pas aux solanacées.

Les graines de tomate sont susceptibles de conserver et de disséminer cette bactériose, ses tissus externes ou internes pouvant être pollués ou contaminés.

 

  • Pénétration et invasion

 

Les premières contaminations se produisent dès la pépinière, à partir des semences (via des petites blessures présentes sur les cotylédons) ou de l’environnement des jeunes plants. Des contaminations secondaires peuvent avoir lieu au cours d’opérations culturales susceptibles de blesser les plants en pépinière : rempotage, greffage, manipulation des plantes.

En cours de culture, les bactéries pénètrent dans les plantes soit par des ouvertures naturelles comme les hydatodes ou les stomates, soit par l’intermédiaire de diverses blessures situées sur les racines ou la végétation (trichomes cassés, plaies d’ébourgeonnage, d’effeuillage…). Elles gagnent et envahissent les vaisseaux (xylème et phloème) — d’où l’appellation de « bactériose vasculaire » — et les tissus contigus (cortex et moelle), et s’y multiplient. Elles peuvent aussi descendre dans les plantes et gagner les racines, d’où elles pourront être relarguées dans la solution nutritive des cultures hors sol.

De nombreuses bactéries sont aussi présentes à la surface des plantes ; ce sont elles qui sont responsables des petites taches chancreuses que l’on peut observer sur les folioles, les tiges et les fruits.

 

  • Multiplication et dissémination

 

C. michiganensis subsp. michiganensis est largement disséminé à la suite de pluies, d’irrigations par aspersion, de pulvérisations phytosanitaires et au cours des opérations culturales. En ébourgeonnant et en effeuillant les plantes, les ouvriers assurent des contaminations, de plante à plante, responsables des mortalités caractéristiques en ligne dans les parcelles.

En culture hors sol, la solution nutritive contribue aussi à la dissémination de C. michiganensis subsp. michiganensis, en particulier en NFT. De nombreuses bactéries sont libérées des racines et transportées par la solution nutritive. Elles pénètreraient par la suite dans d’autres plantes saines par l’intermédiaire de leur système racinaire. En revanche, C. michiganensis subsp. michiganensis ne semble pas se multiplier dans la solution. Les débris fins et les poussières de sol contaminés seraient disséminés par le vent, et constitueraient donc des sources d’inoculum.

La bactérie peut également être transportée par des ouvriers venant de travailler dans une serre déjà contaminée (leurs mains et leurs vêtements), par l’utilisation d’outils ou d’un équipement souillé (chariots, caisses…) dans d’autres zones de la serre, par la vente de plants contaminés mais n’exprimant pas encore de symptômes…

 

  • Conditions favorables à son développement

 

Cette bactériose est largement favorisée par les périodes climatiques humides. Si la plage de températures dans laquelle cette bactérie se développe est comprise entre 12,8 et 33,7°C, son optimum se situe entre 24 et 27°C, avec plus de 80 % d’humidité. La bactérie est particulièrement résistante à la sècheresse.

Les intensités lumineuses réduites et les fumures déséquilibrées, en affaiblissant les plantes, contribueraient à son développement. Les plantes ayant reçu un apport excessif d’azote sous forme de nitrates, et donc très vigoureuses, seraient aussi plus sensibles.

La période d’incubation peut durer entre 12 et 34 jours en fonction des conditions climatiques. L’intensité des symptômes est plus faible en conditions climatiques froides et sur les plantes plus âgées. Les symptômes apparaissent plus précocement sur les jeunes plantes que sur les plantes plus âgées. Ils seraient aussi plus sévères sur les plantes cultivées dans des sols sableux que dans les sols organiques.

Dernière modification : 12/02/2013
  • Auteur :
  • D Blancard (INRAe)