Principaux symptômes
Les nombreux symptômes dus à Clavibacter michiganensis subsp. michiganensis s'expriment sur tous les organes aériens de la tomate. Ils sont influencés par de nombreux facteurs : la plante (la variété, son stade de développement), la bactérie (l'agressivité de la souche en présence), le type de culture (sous abris, plein champ), les conditions climatiques environnantes et les pratiques culturales. Cette bactériose peut passer inaperçue à certaines périodes de l'année et être explosive à d'autres, ce qui rend son identification particulièrement délicate. Malgré cela, la détection précoce de ses symptômes pourra permettre de limiter son aire d'extension et parfois de réussir son éradication dans une culture.
Transmise par les semences, la bactérie peut déjà se manifester en pépinière. Des plantules peuvent dépérir rapidement, rester naines ou être apparemment saines. Dans ce dernier cas, le plus redoutable, des contaminations latentes pourront s'exprimer plus tard, après plantation et en cours de culture.
Les tout premiers symptômes sont parfois difficiles à relever lorsqu'ils traduisent une infection vasculaire. En observant les plantes avec beaucoup d'attention, on constate, en bordure du limbe ou entre les nervures de certaines folioles, la présence de plages de tissus vert pâle, voire livides, et parfois humides. Par la suite, ces tissus moribonds se nécrosent rapidement et se dessèchent (figures de 1 à 3). Ces zones de tissus nécrosés s'étendent et deviennent coalescents, entraînant la destruction de portions importantes de folioles, voire le dessèchement de ces dernières et de feuilles entières. L'enroulement de feuilles basses et leur flétrissement réversible durant la nuit trahissent aussi la présence de cette bactérie vasculaire. L'arrachage d'une plante permet de constater que le système racinaire est sain.
Des coupes longitudinales (figures 4 à 6) ou transversales (7 et 8), effectuées à plusieurs niveaux de la tige, révèlent des symptômes plus ou moins marqués en fonction du stade d'évolution de la maladie . Ainsi, on peut constater :
- de discrets jaunissements et brunissements des vaisseaux, mais surtout des tissus contigus. Ces derniers ne présentent parfois qu'une teinte jaunâtre diffuse et quelques minuscules cavités plutôt malaisées à repérer ;
- un brunissement marqué du xylème et des tissus contigus, le phloème et la moelle. Cette dernière peut dans certains cas brunir ou être sèche et farineuse.
Les plantes fortement affectées produisent des fruits plus petits, mal colorés ou chutant prématurément. Une coupe transversale permet de constater des vaisseaux vasculaires souvent décolorés. Bien que la maladie puisse survenir à tout moment du cycle de développement de la tomate, c'est surtout lorsque la plante commence à porter des fruits qu'elle s'exprime particulièrement. Le délai entre les contaminations et l'apparition des premiers symptômes varient surtout en fonction des conditions climatiques. Il peut être assez court de l'ordre de 2 à 3 semaines et parfois atteindre au moins 3 mois. Dans bien des cas, plusieurs plantes contiguës sur le même rang sont affectées (figure 9). Cette répartition en ligne résulte de la transmission de la bactérie au cours des opérations culturales (taille, effeuillage, récolte).
De rares et minuscules taches chancreuses, d'abord blanches puis prenant une teinte beige en se subérisant, peuvent apparaître sur les folioles, leurs pétioles, les tiges (figures 10 et 11)et les fruits momentanément mouillés (figures 12 et 13). Elles matérialisent des contaminations aériennes locales de C. michiganensis subsp. michiganensis. Sur les fruits, les taches ont une forme très caractéristique rappelant un oeil d'oiseau. Elles sont blanches, en relief, de quelques millimètres de diamètre (3 à 4 mm), et présentent un centre brun sombre. Lorsqu'elles sont proches les unes des autres, elles peuvent s'amalgamer.
Bien que ce symptôme ne soit pas spécifique au chancre bactérien, les vaisseaux des fruits peuvent être visibles, de couleur blanche ; ils donnent ainsi au fruits un aspect veiné (figure 14).