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Méthodes de protection

  • En cours de culture

Aucune méthode de lutte, aucun produit ne permettent de contrôler efficacement cette maladie en cours de culture.

L’apport d'un fongicide aux pieds des plantes est parfois préconisé dans certains pays (e-phy)* ; le coût des traitements effectués (souvent peu efficaces) est très élevé par rapport aux résultats obtenus.

De nombreux producteurs ont la fâcheuse habitude d’enfouir les résidus de culture dans le sol après la récolte. Les tissus végétaux enterrés sont abondamment colonisés par Fusarium oxysporum f. sp. lycopersici qui y produit de nombreuses chlamydospores. L’élimination des plantes avec leur système racinaire limite ce phénomène et contribue à réduire la quantité d’inoculum dans les parcelles.

 

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Il conviendra d’utiliser des semences de qualité, indemnes de contaminations ; il en sera de même pour le substrat et les plants — les producteurs auront intérêt à contrôler l’état sanitaire de ces derniers au moment de la livraison. Les plants produits ne devront pas entrer en contact avec le sol, surtout si ce dernier n’a pas été désinfecté. Un film plastique devra les en isoler. Nous vous conseillons aussi d’appliquer les mesures d’hygiène préconisées dans le fiche sur les Sclerotinia spp..

On évitera de produire des plants de tomate dans une parcelle déjà affectée. Des rotations culturales suffisamment longues, d’au moins 3 à 4 ans, contribueront à prévenir l’apparition de cette maladie. Elles seront néanmoins inefficaces si F. oxysporum f. sp. lycopersici est déjà présent dans le sol, car il s’y conserve de très nombreuses années.

La désinfection du sol à la vapeur ou avec un fumigant* ; le dazomet, le métam-sodium seul ou associé au dimethyl polysiloxane (e-phy) présentent une certaine efficacité. Leur efficacité dépendra du fumigant appliqué, des modalités et des conditions d’application, mais surtout des précautions prises pour éviter les recontaminations précoces par ce Fusarium. Dans les meilleures conditions, elle ne perdurera pas plus d’une campagne. En effet, comme tous les Fusarium, F. oxysporum f. sp. lycopersici recolonise très rapidement les sols désinfectés. Certains auteurs préconisent pour les cultures sous abris de couvrir entièrement le sol pour éviter les recontaminations (cette mesure est impérative dans le cas des cultures hors sol). La solarisation aurait quelques effets, notamment associée à un traitement au dazomet. L’association 1-3-dichloropropène + chloropicrine donnerait de bons résultats à l’égard du complexe Meloidogyne incognita + F. oxysporum f. sp. lycopersici.

Signalons que des sols résistants aux fusarioses à flétrissement ont été rapportés dans plusieurs pays, notamment en France.

En hors-sol, il conviendra de désinfecter tout le matériel utilisé pour réaliser la culture, les bacs de solution nutritive (qui devront être couverts) et le circuit d’alimentation en solution nutritive. Pour cela, on pourra utiliser des solutions de formol à 3 % ou d’eau de Javel, qui permettent de désinfecter aussi les substrats des cultures hors sol.

Des fumures azotées à base de nitrates, moins favorables à la fusariose que les formes ammoniacales, seront usitées. On se méfiera des fumures azotées trop importantes qui semblent influencer positivement la maladie. Le chaulage atténuerait les effets de cette maladie.

La manipulation des plantes et le travail du sol seront effectués avec soin afin d’éviter des blessures aux systèmes racinaires. Les outils utilisés pour ces interventions dans les parcelles contaminées seront bien nettoyés avant leur emploi dans des parcelles saines, sans oublier les roues des tracteurs. Un rinçage soigneux à l’eau de ce matériel suffira souvent à le débarrasser de la terre infestée.

La méthode de loin la plus efficace pour contrôler cette fusariose vasculaire consistera à utiliser des variétés résistantes. Plusieurs gènes sont utilisés :
– le gène « I », issu de Lycopersicon pimpinellifolium (« PI 79532 ») et localisé sur le chromosome 7, induit la résistance à la race 1 ;
– le gène « I-2 » ; issu d’un hybride entre L. esculentum et L. pimpinellifolium (« PI 126915 ») et localisé sur le chromosome 11, confère la résistance à la race 2 ;
– la résistance à la race 3 est issue de L. pennellii (LA 716). Elle est contrôlée par un gène dominant « I-3 » localisé sur le chromosome 7.

Signalons qu’au Brésil, plusieurs accessions de L. hirsutum L. chilense, L. pennellii et L. peruvianum — combineraient un haut niveau de résistance aux 3 races.

Ainsi, de nombreuses variétés commercialisées actuellement sont résistantes à la fusariose, en particulier à la race 1, et de plus en plus à la race 2, voire à la race 3.

En effet, certaines variétés cumulent maintenant les gènes de résistance aux 3 races. Comme nous l’avons signalé précédemment, trois races capables de contourner la résistance à la fusariose existent. Aussi, le choix des variétés utilisées devra tenir compte de la situation des races présentes dans la zone de production. L’utilisation de porte-greffes de type KNVF peut également être envisagé : leur comportement vis-à-vis de cette maladie vasculaire est tout à fait comparable à celui des variétés résistantes .

Parmi les méthodes alternatives, signalons qu’un extrait aqueux d’Oxalis articulata apporté en arrosage au pied des plantes contrôlerait la fusariose. D’autres extraits de plantes auraient les mêmes effets (par exemple Citrus paradisi).

Plusieurs micro-organismes ont été rapportés pour leurs différents effets à l’égard de F. oxysporum f. sp. lycopersici. À titre d’exemple, Penicillium oxalicum (apporté sur les plants avant plantation) serait à l’origine d’une résistance induite chez la tomate, assurant ainsi une certaine protection. D’autres micro-organismes semblent avoir révélé des activités modifiant le développement de ce Fusarium : Trichoderma harzianum, Streptomyces griseoviridis, Glomus intraradices, des isolats non pathogènes de Fusarium oxysporum, Pseudomonas fluorescens …


Lutte chimique : Le nombre de pesticides disponibles pour un usage donné évoluant en permanence, nous vous conseillons de toujours confirmer votre choix en consultant le site e-phy du ministère de l’agriculture et de la pêche qui est un catalogue en ligne des produits phytopharmaceutiques et de leurs usages, des matières fertilisantes et des supports de culture homologués en France. Cette remarque est également valable pour tous les produits biologiques à base de micro-organismes ou de substances naturelles.


1. Des baisses d’efficacité du métam-sodium et du dazomet ont été constatées dans certains sols en Israël, où ces fumigants étaient souvent employés. Cela serait dû a une dégradation accéléré du méthylisothiocyanate.

Dernière modification : 07/12/2023
  • Auteur :
  • D Blancard (INRAe)