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Méthodes de protection

  • En cours de culture

L’extension du mildiou étant très rapide, il y a lieu de réagir promptement lorsqu’on observe les tout premiers symptômes, surtout si aucun traitement préventif n’a été effectué. Il convient donc de réaliser au plus tôt un traitement fongicide antimildiou.


Plusieurs matières actives fongicides* sont utilisées de par le monde et en France, seules ou en associations, pour contrôler Phytophthora infestans (e-phy).


* Familles chimiques particulièrement concernées par les phénomènes de résistance : Anilides, Strobilurines.
Notons que pour que les fongicides multisites soient relativement opérant, ils doivent être appliqués préventivement et chaque semaine, en particulier en plein champ. Malgré une efficacité limitée dans le temps, ils ont tout de même l’avantage d’être assez polyvalents et de ne pas être concernés par les phénomènes de résistance.
Ce n’est pas le cas de certains fongicides unisites (comme par exemple ceux de la famille des anilides) qui sont utilisés rarement seuls, souvent associés entre eux et/ou avec les fongicides multisites afin de limiter les risques d’apparition de résistances. Rappelons que les traitements curatifs, à l’efficacité relative, favorisent davantage l’apparition de souches résistantes aux fongicides. De plus, nous vous invitons expressément à alterner des fongicides à modes d’action différents. Avec certains produits, il ne faudra pas réaliser plus de 2 à 3 applications par campagne, et ne pas intervenir sur des attaques déclarées.



En pépinière, on pourra essayer de circonscrire le ou les premiers foyers en les traitant avec une dose plus concentrée d’un fongicide et en éliminant les plantules affectées. La commercialisation des plants produits dans de telles conditions ne se fera que si l’attaque de mildiou a été totalement circonscrite et en avertissant les producteurs acheteurs des risques encourus.

En plus des traitements fongicides, un certain nombre de mesures prophylactiques doivent être appliquées.

En pépinière, les abris seront aérés au maximum afin de réduire leur humidité. On aura intérêt à éviter les irrigations par aspersion ou par brumisation. Si on ne peut pas faire autrement, elles ne devront pas être réalisées en fin de journée et le soir, mais plutôt à des périodes relativement chaudes afin que les plantes aient le temps de sécher avant la nuit.

En culture, on adoptera les mêmes préconisations d’irrigation que celles suggérées en pépinières. Sous serre, il pourra être nécessaire de chauffer afin de réduire l’humidité ambiante. Tout sera mis en œuvre pour éviter la présence d’un film d’eau sur les plantes. En fin de culture, un maximum de débris végétaux devra être éliminé rapidement. Les résidus seront enfouis profondément dans le sol afin de favoriser leur rapide décomposition.

 

  • Culture suivante

La pépinière suivante sera mise en place dans un endroit ensoleillé, en aucun cas humide et ombragé. Si elle a lieu dans le même abri que l’année précédente, il est conseillé d’appliquer des mesures d’hygiène et de désinfection.


La qualité des plants devra être contrôlée à l’arrivée, ceci d’autant plus s’ils proviennent de pépinières situées dans des pays ou des zones de production aux climats tempérés. Si vous avez le moindre doute, nous vous conseillons de réaliser un traitement fongicide d’assurance.

Des rotations culturales d’au moins 3 années sont préconisées. On ne réalisera pas de nouvelles plantations à proximité de cultures de tomate ou d’une autre solanacée cultivée déjà affectées. On évitera l’implantation de la tomate dans des parcelles mal drainées où se produisent de fortes rétentions d’eau et dans des sols trop pourvus en matière organique. Les fumures apportées devront être équilibrées, en aucun cas excessives. Dans les pays ou les régions où cela est possible, on pourra réduire les densités de plantation afin de disposer de parcelles plus aérées, dans lesquelles l’humidité au sein du couvert végétal sera plus basse. On orientera si possible les buttes de plantation et/ou les rangs dans le sens des vents dominants afin de favoriser l’aération de la végétation au maximum. Les plantes adventices sensibles seront éliminées des parcelles et de leur environnement.

Le paillage et, à un moindre degré, le tuteurage contribueraient à réduire le développement du mildiou. Par ailleurs, pour les cultures extensives, la production de maïs en inter-rang avec la tomate aurait permis de réduire à la fois l’incidence du mildiou et celle de l’alternariose au Salvador. Il en serait de même avec le sésame et le soja en Ouganda. De plus, des plantes alimentées avec une fumure organique plutôt qu’une fumure minérale seraient moins sensibles au mildiou. Cela serait à relier au métabolisme de l’azote.

Un certain nombre d’autres mesures sanitaires, utilisées seules mais surtout de manière combinée, permettent de réduire la progression des épidémies de mildiou :
– l’élimination à intervalles réguliers des feuilles attaquées (cette mesure interférerait avec la bonne croissance des plantes) ;
– l’utilisation de couvertures en plastique protégeant aussi les plantes des intempéries ;
– la réduction de la densité des plantes.

Étant donné la rapidité de progression du mildiou et les risques qu’il fait peser sur la culture, des traitements fongicides préventifs seront indispensables en pépinière, comme en cours de culture. Les produits utilisés et les cadences adoptées seront définis avec le technicien en fonction des pratiques culturales locales. Il convient de se rappeler que le délai entre deux traitements ne devra pas dépasser 7 à 12 jours en fonction des matières actives. On aura le souci d’alterner des fongicides à modes d’action différents afin de limiter la sélection de souches résistantes.

Il convient de signaler que plusieurs modèles de prédiction ou systèmes d’aide à la décision ont été développés, en particulier en zones tempérées, afin de mieux positionner les applications de fongicides (e-phy), d’améliorer leur efficacité et de réduire leur nombre : Hyre system (basé sur la température et les pluies), Wallin system (basé sur la température et l’humidité), mais surtout Blitecast, qui intègre les deux systèmes dans un programme informatique. L’intérêt de ces outils n’est plus à démontrer. D’autres systèmes sont signalés dans la littérature : Phymet en Italie, le système MacHardy, développé dans le New Hampshire aux États-Unis et les systèmes Maschio et Sampaio mis au point au Brésil notamment.

Par ailleurs, signalons que des expérimentations ont eu lieu aux États-Unis afin de pouvoir détecter le mildiou par analyse spectrale des plantes, ceci dans le but de mieux gérer l’utilisation des fongicides. Dans les pays où de tels services existent, il conviendra de tenir compte des avertissements agricoles émis assez régulièrement par le service de la protection des végétaux ou par d’autres organismes.

Plusieurs gènes, tous issus de Lycopersicon pimpinellifolium mais dont l’efficacité a été remise en question par diverses races, ont été utilisés pour contrôler P. infestans sur tomate :
– « Ph-1 » (présent sur le chromosome 7) dont la résistance a été rapidement contournée par la race T-1 ;
– « Ph-2 » (présent sur le chromosome 10) et issu de l’accession WVa 700. Il est aujourd’hui disponible dans des variétés hybride F1 et confère une résistance partielle. Des souches virulentes à l’égard de ce gène sont également citées dans la littérature ;
– « Ph-3 » (présent sur le chromosome 10) obtenu à partir de l’accession L3708. Ce gène permettrait de contrôler plus d’isolats.

Si l’on s’intéresse aux races de P. infestans, il semble que la différenciation entre ces dernières ne puisse avoir lieu que sur le feuillage et les tiges de la tomate. En effet, les fruits seraient capables d’héberger toutes les souches. La race T0 se manifesterait essentiellement sur les variétés de tomate dépourvues de gènes de résistance. La race T1 serait plus agressive que la race T0. Signalons que des travaux réalisés en Chine et mettant en œuvre 5 génotypes de tomate (Ts19, Ts33, WVa 700, LA1033, L3708), auraient permis de distinguer 8 races différentes : T0, T1, T1-2, T1-2-3, T1-2-3-4, T1-2-4, T1-4 et T3.

Des variétés exprimant une résistance partielle au mildiou sont donc disponibles dans plusieurs pays et notamment en France. Bien que représentant un réel atout pour la culture de la tomate, ce matériel végétal devra être utilisé de concert avec les autres méthodes de protection, en particulier avec une lutte chimique complémentaire. Cela permettra de limiter les risques d’émergence des races décrites précédemment, et donc de contribuer à la durabilité de ces résistances. Pour les mêmes raisons, on ne réalisera en aucun cas des cultures mixtes de variétés résistantes et de variétés sensibles et on évitera la proximité de variétés sensibles.

Un certain nombre de micro-organismes et d’extraits de plantes (romarin, lavande, thym, fenouil…)… ont été testés à l’égard de P. infestans. Certains d’entre eux ont présenté une certaine efficacité in vitro. Malheureusement, placés dans les conditions de production au champ et devant l’agressivité de l’agent responsable du mildiou, ils se sont souvent avérés inaptes à contrôler les épidémies de ce dernier. Des sols résistants à ce chromiste ont aussi été décrits au Mexique, dans la vallée de Toluca. Cette propriété serait conféré par les activités biologiques de plusieurs micro-organismes (Pseudomonas sp., Burkholderia sp., Trichoderma sp.).


Lutte chimique : Le nombre de pesticides disponibles pour un usage donné évoluant en permanence, nous vous conseillons de toujours confirmer votre choix en consultant le site e-phy du ministère de l’agriculture et de la pêche qui est un catalogue en ligne des produits phytopharmaceutiques et de leurs usages, des matières fertilisantes et des supports de culture homologués en France. Cette remarque est également valable pour tous les produits biologiques à base de micro-organismes ou de substances naturelles.

Dernière modification : 07/12/2023
  • Auteur :
  • D Blancard (INRAe)