Biologie, épidémiologie

 

  • Conservation, sources d’inoculum

Plus de 200 espèces végétales ligneuses ou herbacées appartenant à au moins 50 familles botaniques différentes pourraient héberger et donc conserver cette bactérie*. Ces espèces manifestent ou non des symptômes, certaines d’entre-elles se comportant en effet comme des porteurs sains. Ainsi, certaines de ces plantes, surtout sauvages, servent de sources d’inoculum primaire via des insectes vecteurs. Les plants de vigne ne semblent pas assurer l’introduction de Xilella fastidiosa subsp. fastidiosa dans les exploitations viticoles aux USA. La situation pourrait être différente en Europe.

Exemples de plantes hébergeant :  X. fastidiosa : amandier, luzerne, diverses graminées sauvages, pêcher, prunier, abricotier, érable rouge, mûrier rouge, platane, chêne rouge, orme d’Amérique, petite pervenche, plusieurs agrumes, etc.), etc.

 (* listes des hôtes de X. fastidiosa)

 

  • Pénétration, invasion

Les contaminations sont réalisées essentiellement par des insectes vecteurs. De nombreuses espèces de cicadelle et de cercopes (Insecta: Hemiptera: Auchenorrhyncha) sont connues pour assurer la transmission de cette bactérie ; sur vigne on peut citer Graphocephala atropunctata en Californie, Homalodisca vitripennis, etc. Tous ces insectes suceurs se nourrissent à partir du xylème et acquièrent la bactérie rapidement lors de la nutrition (moins de 2 h). Cette dernière souille leurs pièces buccales et se multiplie aussi dans le vecteur, sans circuler dans l'hémolymphe. Donc, aucune période de latence n'est nécessaire avant de pouvoir la transmettre, ou bien elle est très courte, ce qui facilite sa transmission. Cette dernière se fait habituellement à partir de plantes hôtes sauvages, en général ne présentant pas de symptômes, vers des plantes-hôtes cultivées (vigne, pêcher) plutôt qu'entre plantes-hôtes cultivées, bien que cela puisse se produire.

 **  Rappelons que sa  transmission en Italie serait assurée au moins par Philaenus spumarius (voir figure 1).

 

  • Multiplication et dissémination

Une fois la plante hôte infectée, la bactérie peut être retrouvée dans le xylème, à la fois dans les organes aériens (feuilles, rameaux, fruits) et dans les racines, où elle y prolifère, obstruant les vaisseaux, à cause des thylles et des gommes générées par la plante. Par la suite, elle est efficacement acquise par les divers insectes vecteurs potentiels, sans période de latence ; elle demeure indéfiniment dans les adultes infectieux. Pratiquement tous les insectes suceurs qui se nourrissent préférentiellement à partir du xylème sont des vecteurs potentiels. Les cicadelles**, ainsi que les cercopes sont de loin les espèces les plus fréquentes parmi les vecteurs connus.

Sur divers espèces végétales, les outils de tailles, ou autres outils provoquant des blessures seraient aussi à l’origine de la dispersion de la maladie de plante à plante, bien que ce mode de transmission n’ait pas été décrit comme très efficace. Les blessures racinaires induisent parfois des phénomènes d’autogreffes et contribuent également à la transmission de la bactérie de plante à plante. La multiplication, l’exportation et la plantation de plants contaminés représentent un risque important de dissémination.

  

  • Conditions favorables à son développement

La maladie de Pierce est actuellement limitée aux Etats-Unis aux zones de production chaudes, les températures et la disponibilité en eau pouvant faire varier la période d’apparition des symptômes et leur gravité en fonction des situations. Les conditions climatiques hivernales semblent influencer aussi la répartition, et notamment la conservation d'une saison à l'autre de X. fastidiosa. Cette bactérie se maintient essentiellement dans les zones de production aux hivers doux, lui permettant probablement de survivre dans les plantes en repos végétatif. Ces conditions climatiques permettent aussi à ses différents vecteurs de se pérenniser dans l’environnement**. Les températures hivernales en dessous de 0°C l’élimineraient des hôtes ligneux infectés. In vitro, sa croissance optimale oscille entre 25 et 32° C ; elle est diminuée et même bloquée lorsque les températures chutent en dessous de 12° C.

La durée d’incubation de la maladie semble assez longue, au moins 3 mois, voire beaucoup plus. 

 


*** Biologie des vecteurs

La biologie des vecteurs est importante pour la compréhension de l'épidémiologie de cette bactériose. En Californie par exemple, des espèces vectrices comme Draeculacephala minerva et Carneocephala fulgida persistent dans les prés contigus aux parcelles de vigne, ou sur des adventices dans ces dernières. G. atropunctata passe aussi l'hiver sur d'autres plantes-hôtes sauvages. L'irrigation et les pratiques de désherbage, influençant directement le maintien et le développement des plantes hôtes potentielles, modifient plus ou moins les niveaux des populations des vecteurs et la dissémination de la bactérie. Ces insectes vecteurs sont en mesure de disperser la bactérie régionalement.

 

Dernière modification : 05/09/2017
  • Auteurs :
  • D Blancard (INRAe)
  • J Gaudin (INRAE)
Philaenus-spumarius2
Figure 1