Facteurs de risque
Les principaux facteurs de développement des bactéries Pectobacterium et Dickeya responsables de la jambe noire et des pourritures sur tubercules sont l’humidité du milieu, des températures correspondant aux optimums thermiques des espèces pathogènes, ainsi que les conditions asphyxiantes, qui favorisent la multiplication des populations bactériennes jusqu’à un niveau critique à partir duquel va s’exprimer la maladie. Le développement préférentiel de l’une ou l’autre bactérie dépend notamment des facteurs climatiques et en particulier de la température.
Pectobacterium atrosepticum, (Eca) qui possède des températures d’expression de 15 à 25 °C est classiquement décrite comme inféodée aux régions tempérées.
Dickeya spp. (Ech) se développe quant à elle à des températures comprises entre 25 et 40 °C. Initialement décrite dans les zones tropicales et subtropicales, elle est depuis quelques années mise en évidence en Europe où elle s’exprime fréquemment en végétation à la suite de périodes chaudes.
Pectobacterium carotovorum subsp. carotovorum, anciennement Erwinia carotovora subsp. carotovora ou Ecc, présente des températures optimales de développement comprises entre 20 et 40 °C. Identifiée dans les années 70 comme étant responsable de jambe noire dans des zones restreintes (Arizona), elle est à présent caractérisée à partir de tels symptômes en climat tempéré. La proportion de souches de Pectobacterium carotovorum susp. carotovorum (Ecc) pathogènes sur tige reste toutefois à définir pour cette sous-espèce, par ailleurs largement saprophyte.
Les tubercules peuvent être la source d’inoculum primaire mais les pathogènes peuvent également être présents dans l’environnement : ainsi, Pectobacterium et Dickeya ont été mis en évidence dans l’eau (rivières, réservoirs) mais survivent peu dans un sol nu. Pectobacterium colonise les racines de très nombreuses espèces de plantes et a également été décrite sur et dans des insectes. Les spécificités d’hôtes chez Pectobacterium varient selon les espèces : très large pour le complexe d’espèces P. carotovorum subsp. carotovorum, elle est restreinte dans le cas de P. atrosepticum. La gamme d’hôtes des espèces nouvellement identifiées comme P. carotovorum subsp. brasiliense ou P. wasabiae est encore assez peu connue à ce jour. L’émergence de D. solani sur pomme de terre est probablement liée à son passage sur cet hôte à partir de cultures de plantes ornementales aux Pays-Bas. La contamination des tubercules au champ à partir du matériel indemne de bactéries suggère la présence dans l’environnement de plantes susceptibles d’héberger, sans les exprimer, les bactéries et constituant alors des réservoirs des pathogènes.