Méthodes de protection
- En cours de culture
Aucune méthode de lutte ne permet de contrôler efficacement cette bactériose une fois qu'elle s'est manifestée dans une parcelle de tabac. Les parcelles affectées doivent être travaillées en dernier. On évitera de constituer des blessures racinaires. Le matériel utilisé sera désinfecté avec une eau formolée ou de l'eau de Javel. Après la taille ou l'écimage, les ouvriers doivent se laver les mains. On peut aussi fortement conseiller d'éliminer et de détruire les systèmes racinaires et les tiges en fin de culture. Cette mesure évitera de maintenir dans le sol de nombreuses bactéries présentes dans ces organes.
- Culture suivante
Dans les pays et les régions où Ralstonia solanacearum est une menace importante pour la culture du tabac, le contrôle de la maladie nécessite la mise en oeuvre conjuguée et souvent préventive de plusieurs méthodes de lutte complémentaires.
Les pépinières seront réalisées dans des parcelles n'ayant pas porté de cultures sensibles. La qualité de l'eau sera surveillée. L'eau issue de canaux, de rivière... peut être contaminée. Cela ne semble pas être le cas des eaux de forage.
Il convient aussi de mettre en ?uvre des rotations culturales tenant compte de la présence de Ralstonia solanacearum. La gestion des parcelles doit être une préoccupation pour chaque producteur qui veut préserver ses sols et retarder au maximum l'apparition et le développement d'une, voire de plusieurs maladies telluriques. Cette mesure n'est pas facilement applicable dans le cas de Ralstonia solanacearum, étant donné ses très nombreux hôtes potentiels (figure 1). Plus la rotation sera longue, plus elle permettra d'abaisser le taux d'inoculum du sol. Elle sera encore plus efficace, si elle fait intervenir des plantes peu, voire résistantes à cette maladie. La fétuque, le soja... sont fréquemment préconisés dans cette situation.
Plusieurs variétés résistantes sont actuellement disponibles dans les types "flue-cured". Pour les créer, différentes sources de résistances ont été utilisées :
- une résistance élevée, polygénique et récessive, issue de TI 448A (USA) ;
- une résistance modérée, monogénique et partiellement dominante, récupérée dans des cultivars japonais.
D'autres sources de résistance existent et sont en cours d'étude. Le cumul de ces différents gènes dans une même variété semble être la stratégie adoptée par les sélectionneurs pour obtenir une résistance de haut niveau stable. Dans bon nombre de situations, la résistance n'étant pas absolue, certaines plantes peuvent manifester des symptômes plus ou moins graves.
Les différentes interventions agro-culturales mises en ?uvre veilleront à assurer un confort maximum aux plantes. Il conviendra de favoriser au maximum le bon drainage des parcelles et d'éviter les surplus d'irrigation, à l'origine d'un excès d'humidité au niveau du sol. Une fumure équilibrée, sans excès d'azote, sera appliquée. Si des attaques de nématodes sont redoutées, des mesures visant à les éliminer doivent être prises (consulter les fiches concernant Meloidogyne sp., Globodera tabacum ou Pratylenchus spp.).
Des essais de prémunition avec une souche de Ralstonia solanacearum hypovirulente sont rapportés au Japon. L'apport de cette bactérie dans les jours qui précèdent ou qui suivent la plantation des tabacs entraînerait une réduction non négligeable de la maladie.