Méthodes de protection

Actuellement, il n'existe pas une méthode de lutte permettant de contrôler totalement Phytophthora nicotianae. La réussite de la lutte repose essentiellement sur la mise en place de méthodes de lutte complémentaires partiellement efficaces.


- En cours de culture

En pépinière, il faut limiter les irrigations, si celles-ci ont été trop abondantes et favoriser au maximum l'aération des abris. Il est aussi urgent d'imprégner l'ensemble du substrat d'une solution fongicide antipythiacées. Dans les semis flottants, les fongicides peuvent être apportés dans la solution nutritive. Les doses choisies doivent être plus faibles afin d'éviter les phytotoxicités.

Si les symptômes surviennent après plantation et en cours de culture, il faut aussi apporter une solution fongicide au niveau du collet des plantes et bien imbiber le sol au niveau de ce dernier. Les attaques foliaires sont normalement bien maîtrisées par les traitements antimildiou du feuillage.

Aucun produit n'est autorisé pour cet usage en France.

Tous les plants plus ou moins attaqués seront éliminés rapidement des pépinières. Dans le cas contraire, leur plantation au champ contribuera à favoriser la dissémination de Phytophthora nicotianae et la contamination de sols sains. Des contaminations non visibles sont possibles, elles ne facilitent pas le tri des plants.

En fin de culture, il est impératif que les tiges et les systèmes racinaires des tabacs soient enlevés de la parcelle et éliminés, ceci afin d'éviter d'enrichir le sol en débris végétaux et en chlamydospores.


- Culture suivante

En pépinière, il est indispensable d'utiliser un substrat sain et désinfecté. Il ne faut en aucun cas le mélanger à du sable ou de la terre récupérés dans la "nature", ceux-ci pouvant être contaminés. Il n'est pas recommandé de poser les mottes à même le sol, surtout si ce dernier n'a pas été désinfecté. Il est préférable de les ranger sur des tables ou sur un film plastique. La couche à semis doit être désinfectée, elle peut aussi être arrosée préventivement avec une solution fongicide à base de propamocarb, de dazomet ou de metam sodium (lien e-phy)*. La méthode des semis flottants permet normalement d'éliminer les contaminations en pépinière, à condition que les bacs soient protégés d'éventuelles pollutions par des poussières de sol, des éclaboussures, ou par une eau contaminée. Pour d'autres précisions, nous vous invitons à consulter la fiche sur Les mesures de protection à adopter en pépinière.

Les outils servant au travail du sol de parcelles infestées devront être bien nettoyés avant de servir dans d'autres parcelles encore saines. Il en est de même pour les roues des tracteurs. Un rinçage soigneux à l'eau et une désinfection de ce matériel suffit souvent à le débarrasser de la terre et de ce champignon.

Les rotations culturales sont largement conseillées. Dans le cas de ce champignon, elles sont faciles à mettre en ?uvre car il est très spécifique du tabac et il n'infecte normalement aucune autre plante. Pour être efficaces, les rotations seront suffisamment longues.

Il convient de bien maîtriser la fertilisation des plantes ainsi que leur irrigation et d'éviter les fumures excessives en azote. Le contrôle des nématodes à galles dans certaines parcelles infestées permet de réduire l'incidence de cette maladie (consulter les préconisations concernant la protection contre les nématodes dans la rubrique sur les Nématodes inféodés aux racines).

Il existe des variétés plus ou moins résistantes à la maladie du "pied noir". Elles tirent leur résistance soit de cultivars de Nicotiana tabacum, soit d'autres espèces de Nicotiana.

Deux espèces sauvages Nicotiana plumbaginiflora et Nicotiana longiflora possèdent une résistance monogénique dominante qui leur confère un haut niveau de résistance vis-à-vis de la race 0 de Phytophthora nicotianae. Cette résistance très spécifique a été transférée à des tabacs de type Burley (L8) et Virginie. Son utilisation n'a qu'un intérêt relatif étant donné la présence assez généralisée sur le terrain d'autres races, en particulier de la race 1 qui est capable de la contourner. La race 0 et la race 1 sont très courantes. Deux autres races ont été décrites : la race 2 en Afrique du Sud et la race 3 aux USA, dans le Connecticut.

Un certain nombre de variétés sélectionnées aux USA et à Cuba possèdent une résistance partielle aux différentes races existantes. Les résistances proviendraient soit d'un cultivar de tabac pour cigare (faisant intervenir une résistance polygénique récessive), soit de Beinhart 1000-1 qui dispose d'une résistance oligogénique partiellement dominante. Le génotype Kentucky 17 aurait cette dernière résistance.

Des variétés résistantes sont utilisées dans plusieurs pays, tout particulièrement aux USA. Elles sont surtout mises en place dans les sols contaminés. Dans ce pays, des rotations de variétés résistantes différentes sont parfois réalisées.


* Le nombre de pesticides disponibles pour un usage donné évoluant en permanence, nous avons tout de même choisi de vous indiquer dans chaque fiche, le nom de quelques matières actives homologuées au moment de la rédaction de la fiche. Nous essaierons d?actualiser cette liste, au fur et à mesure des retraits et des nouvelles homologations. Malgré cela, nous vous conseillons de toujours confirmer votre choix en consultant le site e-phy du ministère de l?agriculture et de la pêche qui est un catalogue en ligne des produits phytopharmaceutiques et de leurs usages, des matières fertilisantes et des supports de culture homologués en France. Cette remarque est également valable pour tous les produits biologiques à base de micro-organismes ou de substances naturelles.