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PVY : autre virus important en France

 

Le virus Y de la pomme de terre (Potato virus Y, PVY) a longtemps été un virus fréquent en France sur tabac. L'emploi de variétés résistantes a permis de réduire son incidence dans notre pays. Il convient de savoir que ce virus peut être à l'origine d'altérations variées :

  • diverses anomalies de coloration

Celles-ci se traduisent notamment par des marbrures plus ou moins marquées, des jaunissements au niveau des nervures ou entre ces dernières (figures 1 à 4), des secteurs du limbe plus verts le long des nervures ("vein banding", figure 3). On remarque parfois sur certaines plantes la présence de nombreux anneaux et/ou taches jaune vif sur les feuilles médianes (figure 4). Ces symptômes, déjà signalés par plusieurs auteurs, pourraient être attribués à une souche particulière de PVY ;

  • ou bien des altérations nécrotiques variées ;

- soit des taches parfois blanches, mais plus souvent beiges à brunes, d'aspect et de taille variable, s'initiant parfois à proximité des nervures (figure 5a) (consultez Virus divers dans la rubrique concernant les taches sur feuilles). Les variétés de tabac de type Virginie, possédant le gène de résistance à Meloidogyne incognita, montrent des symptômes assez particuliers une fois infectées par le PVY. Cela se traduit bien souvent par l'apparition de nombreuses petites altérations nécrotiques rappelant des "etches" (figure 6b) ;
- soit le brunissement de la nervure principale et/ou des nervures secondaires du limbe (figure 5b et 6 à 8). Ce syndrome est à l'origine de l'appellation européenne de cette virose, "maladie des côtes brunes". Il s'exprime assez faiblement sur les tabacs de type Burley, beaucoup plus fortement sur les types Virginie et les tabac bruns. Lorsque les attaques sont très sévères, les vaisseaux, la tige et la moelle présentent des nécroses brunes à noires (figure 6).

Sur certains génotypes, les nécroses foliaires sont plus superficielles et plus diffuses, conférant au limbe un aspect bronzé. Ce symptôme serait dû à la mort des cellules du mésophylle des feuilles de tabacs virosés, exposées au soleil. Il serait aussi lié à l'intervention d'une souche particulière de PVY s'exprimant sur des feuilles matures. Les feuilles affectées sont parfois de taille réduite, crispées et enroulées. Si les infections sont précoces, la croissance des plantes peut être fortement réduite. La nature et l'intensité de ces symptômes peuvent varier en fonction du type de tabac cultivé, de la variété, mais surtout en fonction de la souche intervenant.

Comme pour le CMV, il existe aussi de nombreuses souches de PVY qu'on classe dans plusieurs groupes, notamment ceux des souches ordinaires Y° et des souches nécrotiques YN, en fonction de leurs symptômes sur tabac. Parmi les souches nécrotiques, certaines sont capables d'attaquer des variétés résistantes au PVY. Nous en avons détectées en France et tout particulièrement en Alsace ; il en existe dans d'autres pays d'Europe (plusieurs pays de l'Est, en Italie, en Suisse..., figures 9 et 10). La virulence au champ de ces souches n'est pas encore très importante, mais elle peut expliquer parfois des lâchers de résistance. Des isolats comparables ont été mis en évidence très ponctuellement aux USA, dans le Tennessee, provoquant des dégâts importants sur les variétés résistantes TN 86, TN 90 et Polalta. On en a retrouvé également dans d'autres pays du continent américain, notamment au Chili et en Argentine.

Tous les types de tabac cultivés ne présentent pas la même sensibilité au CMV et au PVY ; les tabacs clairs sont de loin les plus sensibles, notamment les tabacs de type Burley et à un moindre degré les tabacs de type Virginie. Les tabacs bruns, de par leur rusticité et la résistance au PVY (que possèdent notamment tous les Paraguay cultivés en France et les variétés PB D6 et ITB 1000), sont moins affectés. Cela n'empêche pas ces derniers d'exprimer parfois des symptômes assez spécifiques en présence de CMV.

Les infections mixtes PVY-CMV sont relativement fréquentes, en particulier durant la période estivale. Celles-ci sont à l'origine de symptômes beaucoup plus spectaculaires, aboutissant parfois à des nécroses létales.

Pour terminer, le virus Y de la pomme de terre est transmis comme le CMV par pucerons, selon le mode non persistant. Des foyers de plantes virosées peuvent donc être observés dans les parcelles de tabac, au moins dans un premier temps avant que cette virose ne se généralise parfois. Pour d'autres informations concernant ce virus, consultez la fiche Virus Y de la pomme de terre.

Dernière modification : 26/06/2013
  • Auteur :
  • D Blancard (INRAe)
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Figure 1
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Figure 2
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Figure 3
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Figure 4
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Figure 5
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Figure 6
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Figure 7
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Figure 8
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Figure 9
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Figure 10