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Tuta absoluta Meyrick

Bioagresseur émergent en France

 

Il convient de ne pas confondre les dégâts de ces mouches agromyzidés (mines folaires) avec ceux produits par Tuta absoluta Meyrick (lépidoptère géléchiidés) dont les mines sur feuilles sont blanchâtres et plus larges que celles des mouches mineuses (figures 1 et 2). Ces mines finissent par se nécroser, faisant penser à une attaque sévère de mildiou. Ce lépidoptère peut aussi s'attaquer aux fruits et produire des nécroses sur le pédoncule, ou sur d'autres endroits des tomates. Ce ravageur peut occasionner des pertes considérables sur tomate, atteignant 100 % dans certaines zones de production en Europe.

T. absoluta, microlépidoptère de la famille des Gelechiidae, sévit depuis de nombreuses dans plusieurs pays d'Amériques du sud (Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Equateur, Paraguay, Pérou, Uruguay, Venezuela). Cet insecte a été détecté pour la première fois en Europe en 2006 en Espagne. Il s'est disséminé par la suite dans ce pays et a gagné de nombreux autres pays du Basin méditerranéen (Algérie, Egypte, Grèce, Israël, Italie, Lybie, Maroc, Syrie, Tunisie, Turquie). Il s'est manifesté en France à partir de 2008, en particulier en Corse dans un premier temps, puis dans le Sud-est de la France.
 
  • Nature des dégâts

Les larves de T. absoluta creuses des mines et des galeries sur les organes aériens de la tomate. Les feuilles présentent des mines, des taches blanchâtres irrégulières devenant progressivement brunes et nécrotiques. Seuls les tissus du mésophylle sont affectés, l'épiderme reste intact. Les feuilles fortement parasitées peuvent se nécroser entièrement. Les fruits verts, comme les fruits mûrs, sont parasités ; ils sont plus ou moins parsemés de galeries et de trous de sortie. Ces derniers permettent parfois à des envahisseurs secondaires de provoquer diverses pourritures, ceci en cours de cultures et durant leur conservation. Notons que les fruits parasités sont bien souvent invendables. Des galeries peuvent apparaître sur les jeunes tiges perturbant le développement des plantes. Des excréments noirs sont visibles ça-et-là sur les organes affectés ; ils matérialisent aussi les agissements de ce ravageur.
 
 
  • Biologie

T. absoluta passe par 4 stades de développement : oeuf, larve, chrysalide et adulte. La durée de son cycle biologique varie en fonction de la température notamment ; par exemple, il serait approximativement de 24 jours à 27°C. Il pourrait y avoir jusqu'à 10 à 12 générations par an.

  • Forme conservation et hôtes alternatifs

Cet insecte passe l'hiver sous la forme d'oeufs, de chrysalides ou d'adultes. Ces derniers sont nocturnes et se cachent habituellement entres les feuilles pendant le jour. L'hôte principale de T. absoluta est la tomate, mais il peut aussi parasiter à l'occasion diverses autres espèces de Solanacées cultivées (aubergine, pépino - Solanum muricatum, piment, pomme de terre) et sauvages (Datura stramonium, D. ferox, Lycium chilense, Lycopersicon hirsutum, Nicotiana glauca, Solanum lyratum, S. nigrum, S. elaeagnofolium, S. puberulum...).

  • Stades de développement
Les oeufs sont minuscules et invisibles à l'oeil nu, mesurant moins d'un millimètre. Ils ont une forme cylindrique et ont une couleur crème à jaunâtre. Leur éclosion s'effectue au bout de 4 à 6 jours après la ponte. Quatre stades larvaires se succédant. Les larves, mesurent quelques millimètres de long. D'abord de couleur crème, puis verdâtres à rosées, elles creusent des galeries sur les organes aériens de la tomate. Le stade chrysalide se déroule soit à l'intérieur des galeries, soit à la surface de l'hôte, soit sur le sol. La nymphose dure de 10 à 12 jours.

Les adultes, des papillons, mesurent de 5 à 7mm de long et ont environ 10mm d'envergure. Ils ont une teinte gris argenté à marron avec des tâches noires sur les ailes antérieures. Les mâles sont un peu plus foncés que les femelles. Leurs antennes sont filiformes. La durée de vie approximative des adultes est de 6-7 jours pour les mâles et 10-15 jours pour les femelles. Chaque femelle peut pondre de 40 à 250 oeufs souvent localisés à la face inférieure des feuilles ou au niveau des jeunes tiges tendres et des sépales des jeunes fruits.
 
  • Méthodes de protection

En cours de culture

- éliminer les feuilles, les tiges et les fruits parasités, et les brûler rapidement. Il en sera de même pour les plants ou les plantes trop attaqués ;
- effeuiller régulièrement les plantes parasitées et éliminer les feuilles ;
- ne pas laisser les débris végétaux parasités en tas sur le sol dans les serre ou les tunnels, ou à proximité, ce qui permet à ce ravageur de se maintenir localement ;
- les fruits tombés au sol doivent être ramassés et détruits ;
- plusieurs produits* peuvent être utilisés pour contrôler le développement de T. absoluta, leur liste est disponible sur le site e-phy. Des cas de résistances aux insecticides ayant été signalés pour T. absoluta, alterner les matières actives, et respecter les doses et les nombres d'applications préconisées par an ;
- obturer les ouvrants et ouvertures des serres et des tunnels afin d'empêcher les adultes en provenance de l'extérieur de pénétrer. Installer des filets insect-proof ;
- en fin de culture, sortir rapidement les résidus de culture et les brûler ;
- sous serres, une désinfection du sol peut être envisagée afin de détruire les pupes, surtout en cas de monoculture de tomates. En plein champ, un travail du sol contribuera à diminuer leur nombre.

Culture suivante

- surveiller la qualité des plants et refuser ceux présentant des symptômes suspects.
- arracher et brûler les plants atteints puis réaliser un traitement ;
- éliminer les plantes adventices citées précédemment susceptibles d'héberger T. absoluta (sous abris, plein champ et abords) ;
- mettre en place des pièges à phéromones (pièges à eau, de type Delta, de type Mc Phail) afin soit de détecter précocement cet insecte ravageur et d'évaluer le risque potentiel pour la culture, soit de réduire la population présente.
Plusieurs insectes auxiliaires ont été signalés comme plus ou moins efficaces à l'égard de ce lépidoptère : Nesidiocoris tenuis, Macrolophus caliginosus, Trichogramma pretosium,Trichogramma sp, Pseudoapanteles dignus, Dineulophus phthorimaeae, Cornua sp., Podisus nigrispinus ;
- mettre en oeuvre les mesures préconisées en cours de culture.
 

Lutte chimique : Le nombre de pesticides disponibles pour un usage donné évoluant en permanence, nous vous conseillons de toujours confirmer votre choix en consultant le site e-phy du ministère de l’agriculture et de la pêche qui est un catalogue en ligne des produits phytopharmaceutiques et de leurs usages, des matières fertilisantes et des supports de culture homologués en France. Cette remarque est également valable pour tous les produits biologiques à base de micro-organismes ou de substances naturelles.

Dernière modification : 07/12/2023
  • Auteur :
  • D Blancard (INRAe)
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Figure 1
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Figure 2
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Figure 3
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Figure 4
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Figure 5
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Figure 8
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Figure 9