- Importance économique et agronomique
Au stade chenille, les lépidoptères sont quasiment tous inféodés aux végétaux et constituent l'un des ordres d'insectes les plus nuisibles aux plantes cultivées, aux forêts et aux denrées stockées. On estime que près de 50% des insectes ravageurs, de par le monde, sont des lépidoptères. Sur les 61 familles recensées en France 36 possèdent des espèces nuisibles. Les 3 familles les plus importantes, tant pour le nombre d'espèces de ravageurs qu'elles renferment, que pour la dangerosité de certaines d'entre-elles, sont celles des Noctuidae, Pyralidae et Tortricidae.
Les dégâts occasionnés par les chenilles de lépidoptères s'apparentent beaucoup à ceux des adultes et des larves de coléoptères. On distingue :
- les défoliateurs : ce sont les plus nombreux et ils appartiennent majoritairement aux familles des Arctiidae, Lasiocampidae, Lymantriidae, Noctuidae, Pieridae, Pyralidae, Tortricidae et Yponomeutidae. On rencontre dans cette catégorie des espèces polyphages, oligophages ou monophages. Les dommages causés peuvent être parfois très importants et les pertes économiques considérables.
- les enrouleurs de feuilles et les tordeuses : ce sont principalement des Tortricidae et des Pyralidae. En plus d'être défoliatrices, les chenilles tordent ou enroulent les feuilles afin de s'abriter ou se dissimuler pour réaliser, plus tard, leur nymphose. Ce sont principalement des Tortricidae et des Pyralidae qui composent cette catégorie.
- les mineurs de feuilles : ce sont des microlépidoptères appartenant principalement à 4 familles : Gracillariidae, Lyonetiidae, Nepticulidae et Incurvariidae. La plupart des espèces mineuses sont oligophages ou monophages et elles se développent surtout aux dépens de végétaux ligneux. Les larves des lépidoptères mineurs sont souvent aplaties dorso-ventralement et les pattes sont généralement atrophiées, voire absentes. Elles évoluent en creusant des mines ou galeries dans le mésophylle de la feuille. Ces mines sont souvent caractéristiques de chaque espèce et permettent généralement, à elles seules, de reconnaître l'espèce en cause. Sur les arbres ou arbustes, les dégâts sont parfois spectaculaires car très visibles, les conséquences sont variables selon la nature des végétaux, leur valeur marchande et leur situation (parcs, espaces verts, plantes de pépinière). Parmi le peu d'espèces de lépidoptères mineurs de plantes herbacées, citons la teigne du poireau qui est un ravageur important.
- les foreurs de tiges : c'est au sein des Pyralidae, des Crambidae et des Noctuidae qu'il y a le plus de lépidoptères foreurs de tiges. Ce sont des endophytes qui rongent, forent et perforent les tiges en particulier celle des Poaceae (graminées). Dans cette catégorie l'espèce la plus nuisible en France est incontestablement, la pyrale du maïs. Les dégâts des foreurs de tiges se visualisent surtout par des retards de croissance des dépérissements localisés ou généralisés pouvant entrainer la mort de la plante, des jaunissements du feuillage, ou des flétrissements des parties terminales. Il arrive fréquemment que les plantes attaquées se cassent ou versent, en particulier sous l'action du vent.
- les consommateurs de racines et de tubercules : ils sont peu nombreux et appartiennent à quelques familles dont les Hepialidae et les Noctuidae (noctuelles terricoles ou vers gris), mais quelques espèces isolées appartiennent à d'autres familles (ex. la teigne de la pomme de terre qui est un Gelechiidae). Les dégâts de ces ravageurs sont économiquement importants du fait qu'ils consomment des organes végétatifs vitaux.
- les consommateurs de fleurs et de bourgeons : il s'agit de chenilles appartenant à plusieurs familles comme les Geometridae, Tortricidae, Yponomeutidae (Argyresthiinae); selon les espèces, les chenilles sont endophytes ou exophytes. Dans cette catégorie, beaucoup d'espèces nuisent aux arbres fruitiers ou forestiers et à la vigne. Cependant quelques-unes s'alimentent aussi des fleurs et des bourgeons de plantes fourragères ou maraichères. Les dégâts sont souvent importants compte tenu de la nature même des organes attaqués et consommés.
- les consommateurs de fruits et de graines : curieusement peu de lépidoptères consomment des graines ou des fruits en culture, la plupart sont des Tortricidae, certains sont des ravageurs de première importance (ex. le carpocapse des pommes et des poires, la tordeuse orientale du pécher, la tordeuse du pois) (voir ci-dessous les ravageurs des denrées stockées). Comme pour la catégorie précédente les dégâts de ces lépidoptères frugivores ou granivores sont très préjudiciables.
- les xylophages : très peu de lépidoptères d'intérêt agronomique sont réellement mangeurs de bois ou d'écorces, néanmoins, certains comme la zeuzère, le cossus ou les sésies sont des ravageurs importants d'arbres fruitiers ou forestiers, d'autant qu'il existe peu de méthodes de lutte efficaces contre eux. Le papillon argentin des palmiers Paysandisia archon (Burmeister) qui appartient à la famille des Castniidae, peut être considéré aussi comme un xylophage. Ces insectes creusent des galeries dans les troncs ou les branches entrainant des dépérissements partiels ou totaux des parties atteintes, ou la mort de jeunes arbres.
- les consommateurs des denrées et produits stockés : en France environ 35 espèces, appartenant principalement à 5 familles (Pyralidae, Tineidae, Oecophoridae, Gelechiidae et Noctuidae), peuvent régulièrement ou accessoirement commettre des dégâts à nos denrées stockées, aussi bien celles d'origines végétale qu'animale, ainsi qu'à une multitude de produits alimentaires, ou de valeur patrimoniale (épices, farines, pâtes, chocolat, biscuits, cuirs, peaux, laines, fibres végétales, etc. Les noms de teignes et de mites sont connus de tous.
- Types de dégâts et symptômes
Parmi ces ravageurs certains sont endophytes et d'autres exophages. Selon les espèces, les régimes alimentaires peuvent être à la fois variés et spécialisés sur un certain type d'aliments. Les dégâts sont aussi très diversifiés ; les denrées, produits, textiles, sont consommés, rongés, broutés, décapés, émiettés ou troués. Signalons également que les chenilles, de cette catégorie de lépidoptères peuvent, lors de leurs recherches d'emplacements pour leur nymphose, faire des galeries dans des matériaux les plus divers, y compris du polystyrène expansé, ou du plâtre, pouvant ainsi occasionner des dégâts imprévisibles et parfois très graves.