Biologie, épidémiologie

- Conservation, sources d'inoculum

Botrytis cinerea est parfois retrouvé sur les semences. Ce champignon est capable de se maintenir dans le sol sur les débris végétaux les plus divers, ceci sous plusieurs formes : conidies, mycélium, sclérotes (figure 1). Ces derniers persistent dans le sol plusieurs années. Lorsqu'ils sont présents à proximité des feuilles en contact avec le sol, ils germent et du mycélium gagne celles-ci. Les potentialités saprophytiques de Botrytis cinerea lui permettent de se conserver sans peine sur la matière organique. Il est polyphage et susceptible d'attaquer et de coloniser plusieurs centaines de plantes cultivées ou adventices qui contribuent à sa conservation et constituent des sources potentielles d'inoculum. C'est le cas de la majorité des plantes maraîchères. Sur ces plantes comme sur ses sclérotes, il sporule abondamment. Les contaminations sont donc souvent aériennes ; elles font intervenir dans ce cas des conidies très facilement transportées par le vent. Ces spores germent sur les feuilles en présence d'eau.


- Pénétration et invasion

Par la suite, le tube germinatif des conidies ou le mycélium des sclérotes pénètrent dans les tissus notamment le parenchyme foliaire, détruisant les parois des cellules et leur contenu. La pénétration s'effectue soit directement à travers la cuticule, soit à partir de blessures diverses. Botrytis cinerea envahit aussi tous les tissus nécrosés et/ou morts comme ceux que l'on observe à la suite de dégâts dus au gel, de stress hydriques conduisant au "tip-burn", de coups de soleil. Il colonise aussi des tissus déjà altérés par divers agents pathogènes comme Sclerotinia minor ou Sclerotinia sclerotiorum, Rhizoctonia solani, Bremia lactucae ou par des ravageurs. Il se généralise rapidement aux tissus qu'il fait pourrir en quelques jours, grâce à l'hydrolyse de substances peptiques. D'autres micro-organismes secondaires, surtout des bactéries, gagnent ces tissus contribuant aussi à leur dégradation.


- Sporulation et dissémination

Sur tous ses hôtes, comme sur les débris végétaux, il produit du mycélium et de nombreux conidiophores longs et ramifiés (figures 2et 3). A leurs extrémités naissent des conidies ovoïdes à sphériques (figure 4), qui assurent la dissémination de Botrytis cinerea. Celle-ci a lieu surtout par l'intermédiaire du vent et des courants d'air, à un moindre degré de la pluie et des éclaboussures. Elle est aussi assurée par les ouvriers au cours des opérations culturales. Le mycélium est à l'origine de contaminations par contact de tissus malades avec des tissus sains. Botrytis cinerea forme aussi sur les tissus altérés des petits sclérotes plats qui assurent sa conservation.


- Conditions favorables à son développement

Comme de nombreux champignons aériens, il affectionne particulièrement les ambiances humides. Une humidité relative avoisinant 95 % et des températures comprises entre 17 et 23°C sont des conditions très propices à ses attaques. On les retrouve sous abris, mais aussi en plein champ, lors de périodes pluvieuses ou à la suite d'irrigations par aspersion. Les plantes trop poussantes ou étiolées sont particulièrement vulnérables. Certaines substances libérées au cours de la sénescence des plantules favoriseraient son développement. Des agro-textiles sont parfois utilisés pour protéger les plantes des insectes. Les dégâts de Botrytis cinerea sont plus conséquents sous ces couvertures, du fait d'une plus forte hygrométrie. Sous tunnel plastique, la qualité du revêtement influencerait le développement de certaines maladies et de Botrytis cinerea en particulier. En effet, des dégâts moins importants ont été constatés sous EVA, comparativement au PVC et au polyéthylène. Sous EVA, il semble que l'on ait une meilleure transmission de la lumière, une hygrométrie plus faible et moins de formation de gouttes d'eau sur les parois des abris.