Méthodes de protection
- En cours de culture
Signalons avant tout que la lutte en cours de culture contre Athalia rolfsii, champignon tellurique, est pratiquement impossible, aucun moyen n’étant suffisamment efficace pour endiguer l’évolution de ce champignon parasite.
On peut tout de même proposer de gérer au mieux l’irrigation (quantité optimale, apport localisé…).
Les débris végétaux sains ou malades, susceptibles d’héberger ou de favoriser le développement et la conservation de ce champignon dans le sol, seront de préférence éliminés en cours et en fin de culture ainsi que les mauvaises herbes hôtes potentiels.
- Culture suivante
Sa large gamme d’hôtes potentiels et le nombre limité de plantes non-hôtes rendent les rotations culturales rarement efficaces contre ce champignon. Dans les parcelles nouvelles ou dans les parcelles peu ou pas touchées, des rotations culturales seront préconisées avec du maïs ou d’autres céréales décrites comme peu réceptifs à ce champignon. La sensibilité du maïs et du blé semble assez controversée dans la littérature. Bien que l’oignon soit sensible, des cultures hivernales de ce légume à une période peu propice au développement de A. rolfsii réduiraient la viabilité des sclérotes. Ces derniers seraient plus sensibles aux antagonistes du sol sous les effets des exsudats excrétés par cet Allium.
Avouons que la polyphagie de ce champignon et ses potentialités à se maintenir sur pratiquement tous les débris végétaux atténuent souvent considérablement l’efficacité des rotations culturales dans les sols où le champignon est déjà bien installé.
Les sols lourds et humides seront drainés. On réalisera un labour profond afin que les débris végétaux et les sclérotes puissent être détruits plus rapidement en les enfouissant en profondeur.
Dans les sols très infestés, il pourra être envisagé avant plantation d’éliminer ou de réduire au maximum l’inoculum présent en réalisant une désinfection. Pour cela, plusieurs solutions pourront être choisies :
– l’emploi d’un fumigant (métam-sodium, dazomet…), de la vapeur ou d’autres produits (formol, PCNB) ;
– la solarisation dans les régions ensoleillées. Elle consiste à recouvrir le sol à désinfecter, qui aura été au préalable soigneusement travaillé et humidifié, avec un film de polyéthylène de 25 à 50 µm d’épaisseur. Ce dernier est maintenu en place au moins un mois à une période très ensoleillée de l’année. Cette méthode économique et efficace devrait permettre de se débarrasser de ce champignon colonisateur de la zone superficielle du sol. En fait, il semble qu’il ne soit éliminé que dans les quelques premiers centimètres du sol. Cela implique donc de planter immédiatement après la solarisation, avant que cette strate ne soit recolonisée. Cette situation serait de nature à limiter l’utilisation de cette méthode sous le climat de la France. Notons que la solarisation a été combinée, avec succès, à l’apport de champignons antagonistes dans le sol, comme Trichoderma harzianum.
A. rolfsii n’appréciant pas les pH alcalins, le chaulage du sol est fréquemment conseillé. Pour la même raison, certaines fertilisations riches en calcium permettraient de réduire l’incidence de ce champignon en élevant le pH, ceci surtout si le taux d’inoculum du sol est faible. Il en serait de même pour certains engrais azotés solubles apportés en surface du sol (urée, sels ammoniacaux). Pour maintenir l’efficacité partielle de ces derniers, on fractionnera les apports et on évitera le lessivage du sol.
La qualité des plants est souvent garante de celles de la future culture et de la récolte. Pour cette raison, les plants devront être sains et produits selon des modalités excluant une végétation excessive et l’étiolement, ce dernier défaut nécessitant souvent une plantation trop profonde. Le matériel utilisé pour la production des plants sera bien nettoyé et désinfecté, par exemple grâce à une solution d’eau de Javel à 10 % durant plusieurs minutes. Il conviendra de bien rincer car ce produit est corrosif. À la plantation, les mottes seront le moins enterrées possible, et en aucun cas le collet ne devra être recouvert de terre. On évitera la présence de feuilles mortes ou de mauvaises herbes à proximité de la base des plantes, celles-ci pouvant servir de source alimentaire primaire au champignon. Les mauvaises herbes seront détruites.
Certains auteurs rapportent qu’un paillage plastique permettrait de réduire l’incidence de la maladie sur certaines plantes en créant un écran entre les débris végétaux colonisés, présents dans le sol, et les parties basses des plantes. En tout état de cause, un tel paillage permet d’augmenter la température et de maintenir l’humidité du sol, et réduit les mauvaises herbes.
Signalons que des fongicides ont été expérimentés pour contrôler A. rolfsii. Ces produits ont été utilisés seuls ou en association avec des antagonistes microbiens, en fonction de différentes stratégies d’apport : au sol avant ou au moment de la plantation, par imbibition du collet, etc. Ces mêmes modalités d’apport ont été employées pour des champignons antagonistes, ces derniers étant associés parfois à de la matière organique. En effet, plusieurs d’entre eux ont révélé, en conditions contrôlées, un antagonisme certain vis-à-vis de A. rolfsii. Parmi eux, citons Trichoderma viride, Trichoderma harzianum et Gliocladium virens. Leur efficacité s’est avérée plus aléatoire lors d’expérimentations sur le terrain.
À notre connaissance, il n’existe pas de variété de tomate résistante à A. rolfsii.
* Lutte chimique : Le nombre de pesticides disponibles pour un usage donné évoluant en permanence, nous vous conseillons de toujours confirmer votre choix en consultant le site e-phy du ministère de l’agriculture et de la pêche qui est un catalogue en ligne des produits phytopharmaceutiques et de leurs usages, des matières fertilisantes et des supports de culture homologués en France. Cette remarque est également valable pour tous les produits biologiques à base de micro-organismes ou de substances naturelles.