Macrophomina phaseolina

Pourriture racinaire "charbonneuse"

 

Généralités 

  • Champignon tellurique très polyphage (plus de 500 hôtes connus), aux potentialités saprophytiques plutôt limitées, serait un parasite facultatif appréciant les températures élevées.
  • Présent dans de très nombreux pays sur diverses plantes cultivées, surtout actif dans les zones de production chaudes, tropicales et tempérées.
  • Retrouvé ponctuellement sur aubergines cultivées en sol en France, surtout dans le Sud-Ouest. Ses dégâts peuvent être ponctuellement très spectaculaires sur racines.
  • Pouvant agir en complexe avec d'autres bioagrresseurs télluriques (Colletotrichum coccodesPyrenochaeta lycopersici, des Pythium spp., Rhizoctonia solani, Meloidogyne spp.).
  • Synonymie : Rhizoctonia bataticola (Taubenh.) E.J. Butler, (1925)
  • Organes attaqués : principalement les racines qui peuvent être entièrement détruites.
  • Symptômes :
    • Lésions racinaires d'extension étendue, humides, brunes à noires, parfois superficiellement subérisées. A terme, de nombreuses racines prennent une teinte noire et pourrissent.
    • Une croissance réduite des plantes, voire des flétrissements foliaires secondaires plus ou moins réversibles sont constatés, ainsi que le dépérissemment de certaines plantes.
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  • Signes : dense mycélium superficiel brun à noir rappelant celui de Rhizoctonia solani ; multitude de microsclérotes noires (50 à 200 µm) ; pycnides globuleuses et noires (dont le diamètre peut fluctuer entre 100 et 250 µm) formant des conidies hyalines, ellipsoïdes à ovales, mesurant 16-29 x 6-9 µm.
  • Confusions possibles : Rhizoctonia solani, Oomycètes (Pythium et Phytophthora spp.).

Biologie

  • Conservation : M. phaseolina est capable de se conserver dans le sol durant plusieurs années en absence d'hôtes sensibles, notamment grâce à ses sclérotes (figures 1, 2, 3, 6). Ces derniers sont très résistants, ils supportent diverses conditions difficiles, notamment des températures supérieures à 55 °C. Les racines affectées "hébergent" des sclérotes et sont envahis par son mycélium (figures 4 et 5), contribuant aussi à sa conservation. Des hôtes alternatifs, des plantes cultivées (tomate, poivron, diverses Cucurbitacées,  tabac, pomme de terre, haricot, pois chiche, fraisier,  gombo, tournesol, maïs, sorgho, soja, luzerne, trèfle blanc...) ou des mauvaises herbesassurent aussi sa multiplication et son maintien dans le sol.
  • Sources d'inoculum : les sclérotes, vore le mycélium sont à l'origine de la majotité des contaminations telluriques.
  • Infection :  Le mycélium présent dans le sol ou issu des sclérotes entre en contact avec les racines et les pénètre. 
  • Développement, sporulation : il les envahit progressivement et gagne les vaisseaux. Une fois bien en place et ayant plus ou moins dégradé les tissus, le champignon produit des sclérotes en plus ou moins grand nombre en fonction de sa localisation sur la plante et des conditions environnantes. 
  • Dissémination : les sclerotes assurent la dissémination de ce champignon, qui s'effectue par les éclaboussures, les travailleurs, l'eau ruisselant ; les particules de sol transportées par les engins aratoires contribuent également à sa dispersion. Il est également facilement disséminé par la solution nutritive dans les cultures hors sol, et ce d'autant plus si celle-ci est recyclée. Le rôle des conidies dans la dispersion de ce champignon semble mal connu.
  • Conditions favorables : la survie et l'activité de ce champignon dans le sol sont influencées par la fertilisation minérale et les amendements organiques. Les températures chaudes, de l'ordre de 28 à 35 °C, et les stress hydriques favorisent ses attaques. Sa croissance serait possible entre 10 et 40 °C.

Protection

  • Choisir des parcelles indemnes de ce champignon, ou n'ayant pas portées des cultures de plantes très sensibles comme le tournesol.
  • Réaliser des rotations culturales préventivement, avant que le sol ne soit fortement contaminé. Elles devront durer au moins 3 à 5 années. Bien sûr, les autres plantes entrant dans la rotation ne seront pas sensibles (certaines céréales comme le blé ou l'orge par exemple) . De plus, les mauvaises herbes susceptibles d’héberger le champignon seront éliminées des parcelles. avec  seront réalisées
  • La fumigation du sol et la solarisation ne semblent pas contrôler efficacement les attaques de ce champignon.
  • Désinfecter les sacs, pots, gouttières des cultures hors-sol infestées, ou les remplacés.
  • Choisir un sol drainant, bien travaillé : un bon sous-solage permettra aux racines d’accéder à des couches neuves.
  • Utiliser des substrats sains (désinfectés) et éviter de poser les mottes à même le sol. En effet, elles se contaminent souvent au contact de ce dernier, en particulier si celui-ci n’a pas été désinfecté.
  • Eviter les fortes densités de plantes et assurer une fertilisation optimale, notamment en azote et en phosphore ;
  • Eviter les stress hydriques aux plantes ;éviter de récolter des fruits blessés et/ou à surmaturité.
  • En présence de flétrissements en cours de culture tenter de maintenir les plantes en vie le plus longtemps possible ; pour cela, il convient de les butter afin de favoriser l’émission de racines adventives qui pourront suppléer les racines anciennes altérées ; de les bassiner aux périodes les plus chaudes de la journée pour éviter des évaporations trop importantes et non compensées, conduisant au flétrissement, au dessèchement et à la mort des plantes ; de surveiller attentivement l’irrigation et éviter les excès qui amplifient les lésions racinaires par asphyxie.
  • éliminer et de détruire soigneusement les plantes malades et leur système racinaire en cours et en fin de culture ; les enfouir profondément afin que le champignon puisse être soumis à l'action d'antagonistes potentiels du sol.
  • Le greffage sur les porte-greffes de type KNVF ne devrait pas résourdre cette problématique.
Dernière modification : 04/12/2023
  • Auteur :
  • D Blancard (INRAe)
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Figure 1
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Figure 2
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Figure 3
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Figure 4
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Figure 5