Autres familles d'acariens prédateurs

 

  • Les Anystidae

Tous prédateurs, ils se reconnaissent à leur grande taille (jusqu’à 3 mm), leur couleur rougeâtre, leur course désordonnée mais rapide et leur aspect général en forme de crabe. Parfois présentes en densités assez importantes dans les cultures fruitières, les espèces les mieux connues sont les Anystis spp., notamment Anystis agilis et A. baccarum. Cette dernière espèce, quasiment cosmopolite, semble assez fréquente un peu partout. Ces prédateurs sont très voraces (une femelle d'A. agilis peut consommer jusqu'à 875 femelles de T. urticae durant sa vie, à raison de 22 à 40 proies par jour) mais leurs populations ont une faible capacité démographique. Très polyphages, les Anystidae ne dédaignent pas les exsudats végétaux et les autres arthropodes, tels que thrips, cochenilles ou cicadelles, sur lesquels leurs populations semblent bien se multiplier. Les Anystidae sont tous difficiles à élever car très cannibales. Anystis baccarum est mentionné comme prédateur potentiel de thrips en Afrique du Sud. Cette espèce élimine une infestation sur des mûres et des sojas en 2 à 7 jours avec un ratio prédateur / proie de 1 / 30 et en 7 jours sur mûres avec un ratio initial de 1 / 50. Ces inconvénients, associés à leur grande sensibilité aux produits phytopharmaceutiques, en font des auxiliaires dont l'efficacité semble limitée. On les voit sur les feuilles de vigne, au printemps ainsi qu’en été, lorsque les températures sont clémentes et l’humidité élevée. Ils disparaissent très vite ensuite.

  • Les Bdellidae et les Cunaxidae

De taille moyenne (600 µm), rougeâtres, bruns ou verdâtres, communs à la surface du sol et parfois sur les plantes, les bdelles et les cunaxes sont des prédateurs de divers tétranyques, T. urticae, Petrobia latens, Bryobia praetiosa, etc. Plusieurs cas de lutte biologique efficace contre des tétranyques, des collemboles et des cochenilles sont mentionnés dans la littérature. Les œufs, déposés dans les anfractuosités de l'écorce, sont le principal stade d'hivernation en climat tempérée. Malgré une activité prédatrice souvent importante, les bdelles et les cunaxes sont polyphages, ubiquistes et ne sont pas des candidats intéressants pour la lutte biologique, notamment sur vigne où ils sont rares. Les deux familles sont difficiles à distinguer car proches sur les plans morphologiques et taxonomiques.

  • Les Cheyletidae

De petite taille (300 µm), caractérisés par des déplacements lents, ces acariens sont blancs, jaunes ou oranges. Beaucoup sont prédateurs de tétranyques, de cochenilles et de petits insectes mais certains sont des parasites d'oiseaux, de mammifères ou d'insectes. Leurs populations ont une faible capacité d’accroissement en regard de celles des Phytoseiidae ou des Tetranychidae. Ils injectent un venin à leur proie pour les paralyser, ce qui leur permet de s'attaquer à de gros insectes. Leur faible capacité de recherche des proies, une coïncidence spatio-temporelle faible avec celles-ci, des réponses fonctionnelles et numériques limitées conduisent à la conclusion suivante : les Cheyletidae ne possèdent pas les potentialités nécessaires pour maintenir les tétranyques en dessous du seuil de tolérance économique. Ils constituent cependant, comme les Stigmaeidae, des prédateurs de "seconde ligne", grâce à leur capacité de survie en l'absence de tétranyques et leur résistance aux mauvaises conditions. On les rencontre parfois dans les vignes abandonnées.

  • Les Erythraeidae

Ces acariens, dont les larves parasitent d'autres Arthropodes, sont de grande taille, rougeâtres à bruns. L'espèce la plus importante et la mieux connue est Balaustium putmani. Elle hiverne à l'état d'œufs, dissimulés dans des anfractuosités de toutes sortes, qui éclosent en présence d'eau libre. La larve est active et consomme des tétranyques et du pollen. Les 2e et 3e larves sont immobiles, inactives, cachées dans des abris variés. La 2e larve et les adultes sont en revanche prédateurs des œufs et stades mobiles d'arthropodes divers (incluant des lépidoptères et des cochenilles). Très voraces (la 1ère larve consomme jusqu’à 20 œufs de P. ulmi, les autres larves jusqu’à 5 fois plus, la femelle de 250 à 350 œufs en 20 jours), ces prédateurs n'ont que deux générations par an. La consommation journalière moyenne de chaque femelle est de 106 œufs ou 25 femelles de P. ulmi. Une femelle dépose 175 œufs si elle est alimentée d'œufs de P. ulmi. Le meilleur taux d'éclosion est obtenu à 15 ± 2,5 °C et le développement des larves à l'adulte prend 5 à 6 semaines. Ces acariens s'attaquent à divers tétranyques (les espèces qui tissent beaucoup n'étant pas favorables), à divers acariens prédateurs s'ils n'ont pas d'autres proies, à divers insectes (cochenilles, mais pas observé sur vigne), pucerons, psylles, œufs de lépidoptères) ... et à leurs congénères, s'ils n'ont rien d'autres à manger. De nombreuses espèces seraient polliniphages. Les stades mobiles et actifs sont sensibles à de nombreux pesticides, les formes dissimulées résistant beaucoup mieux. Ces prédateurs sont peu aptes à assurer seuls un contrôle biologique.

  • Les Stigmaeidae

Ils sont verts à jaunes, ovoïdes ou allongés, vivent dans le sol ou sur les plantes et sont généralement prédateurs d'acariens, les plus importants après les Phytoseiidae. Ils se répartissent en 2 genres importants: Zetzellia et Agistemus et ressemblent beaucoup aux tétranyques. Très répandue en Amérique du Nord et en Europe, de couleur jaune citron, Zetzellia mali est un prédateur d'œufs et de stades immatures de tétranyques et ténuipalpides et de tous les stades de divers ériophyides dans diverses cultures fruitières. Cette espèce hiverne sous les écailles des bourgeons, les écorces, dans les anfractuosités et à la base des troncs. Elle peut survivre sans proie. Prédatrice d'autres arthropodes, parfois phytophage et polliniphage, cette espèce est considérée comme potentiellement utilisable en lutte biologique en vergers mais les résultats n’ont jamais été à la hauteur des espérances. Les Stigmaeidae participent de fait au contrôle des pullulations de tétranyques mais ne peuvent les maintenir seuls en dessous du seuil économique, du fait de leur faible capacité de multiplication. Leur plus grande persistance, dans la culture, leur faible dispersion, leurs faibles besoins alimentaires, leur forte capacité de survie en font des animaux plus spécialisés que les Phytoseiidae et sans doute complémentaires du point de vue de l'activité régulatrice des pullulations de tétranyques. Très sensibles aux pesticides, les Stigmaeidae sont néanmoins tolérants à beaucoup d'acaricides et de fongicides et à quelques insecticides. On les trouve très épisodiquement et ponctuellement sur vigne.

  • Les Trombidiidae

Les Trombidiidae forment une famille d'acariens couramment dont de nombreuses espèces sont parasites ou prédateurs d'arthropodes, auxiliaires précieux des cultures, notamment fruitières en incluant la vigne, surtout présents dans les cultures au printemps.

Les genres Trombidium et Allotrombium sont les plus diversifiés et les plus communs. Ce sont de gros acariens dont la taille peut dépasser 2 mm, de couleur généralement rouge vermillon à rouge brique et dont la cuticule est soyeuse.

Les adultes se déplacent librement, à la recherche de petits animaux (pucerons, etc.) et œufs d’insectes à dévorer. Les larves, par contre, recherchent un hôte pour s’y agripper, souvent un insecte comme un criquet ou un diptère, mais aussi des hémiptères, des arachnides comme les faucheux ou les araignées. On les repère comme de petits globules rouges sur leurs hôtes, se nourrissant du liquide de leur corps, sans leur causer de dommage mortel. Quand leur proie ne leur suffit plus ou si ces larves sont arrivées à maturité, elles se laissent tomber. Certaines espèces sont réputées prédatrices voraces d’insectes et d’acariens mais l’identification et la biologie des espèces sont très mal connues.

  • Les Tydeidae

Ce sont également des petits acariens rapides, très ubiquistes, aux chélicères réduites en forme d'aiguille, de couleur jaunâtre à verdâtre. Ils sont souvent confondus avec les Phytoseiidae. Ces acariens, présents dans le sol ou sur les plantes, s'alimentent aux dépens de diverses nourritures naturelles: pollens, miellat d'hémiptères, champignons, exsudats végétaux, etc. Ils peuvent être très abondants sur vigne. Quelques espèces s'alimenteraient cependant, mais en faible quantité, d'œufs de tétranyques ou de divers stades d'ériophyides mais ce rôle n’a pas été clairement établi dans le cas de la viticulture. Homeopronematus anconai semble s'alimenter aux dépens des divers stades de l'ériophyide agent de l'acariose bronzée de la tomate, Aculops lycopersici. D'autres espèces ont été signalées comme possibles prédateurs d'ériophyides ou d'œufs de tétranyques mais ce dernier point reste très controversé. Les tydéides serviraient parfois de proies de substitution à certaines espèces de Phytoseiidae. Bien que les espèces concernées par chaque cas soient éventuellement différentes, les tydéides joueraient donc 3 rôles d'auxiliaires différents: ils consomment certains ravageurs, ils servent de proies de substitution aux Phytoséiides et ils s'alimentent aux dépens de la fumagine et autres complexes de champignons saprophytes, qui se développent notamment sur le miellat des hémiptères. Ils sont fréquents sur vigne mais on ne connaît pas du tout les espèces présentes en France. Des études récentes sur la biologie et le comportement de certaines espèces (notamment Tydeus caudatus et Tydeus californicus, deux espèces présentes en Italie et qui font sans doute partie de notre faune) ont montré que ces acariens s’alimentent préférentiellement aux dépens de pollen et de mycélium de champignons.

 

Dernière modification : 09/12/2020
  • Auteurs :
  • S Kreiter ( UMR CBGP, SupAgro Montpellier)
  • M Tixier ( UMR CBGP, SupAgro Montpellier)
anystidae
Figure 1
Trombidium-holosericeum
Figure 2
tydeidae
Figure 3