• INRAE
  • Laboratoire des sols
  • Université de lorraine

Conseils de gestion des jardins au service de la biodiversité des sols

 

 

Favoriser la diversité des habitats pour favoriser la biodiversité


Pour répondre aux besoins des organismes du sol, il faut nécessairement leur permettre de vivre dans des lieux leur correspondant (nourriture, protection contre le froid, la sécheresse, les prédateurs…) comme par exemple :  Tas de branchage / Petit tas de cailloux / Tuiles / briques / Tas de feuilles
Laisser des habitats de ce type dans votre jardin est comme créer des hôtels à organismes du sol afin de les accueillir et les protéger. Il est également intéressant d’éviter de laisser le sol nu en laissant un couvert végétal vivant ou dégradé (paillage) au sol par exemple ; ce couvert peut limiter l’érosion du sol ou son assèchement drastique, et rendre le milieu meilleur pour la survie de la biodiversité. De plus, recouvrir le sol au pied d’une plante permet de retenir l’eau dans le sol (moins d’évapotranspiration) et d’offrir donc plus d’eau aux plantes.

 

Pourquoi pailler votre sol ?


Si vous cultivez votre sol, ou si vous installez des plantes ornementales ou un verger, il est préférable de recouvrir le sol afin de le protéger. Mais quel type de paillage utiliser ?
Le plus intéressant paraît dans un premier temps d’utiliser la matière organique disponible sur place (chez vous ou chez votre voisin). Couvrez votre sol avec les feuilles mortes des différents arbres de votre jardin, des restes de taille de branches broyées ou de la tonte.
Pensez à l’acidité des matières utilisées : par exemple, les feuilles de thuya ont comme particularité d’être très acides et difficilement décomposables, les feuilles resteront longtemps au sol sans être dégradées, comme celles de platane ; les feuilles de laurier et de châtaignier sont un peu moins acidifiantes ; les feuilles de noisetier et de tilleul sont par contre très facilement décomposables et les vers de terre en sont d’ailleurs friands les aidant à disparaitre en quelques semaines et à apporter des éléments nutritifs pour le sol et les plantes. Les déchets de tonte se décomposent également très vite à condition d’éviter des tas qui peuvent asphyxier les organismes. Le compost issu de votre composteur est également un élément organique intéressant car riche en nutriments et en même temps pouvant servir de nourriture pour les organismes.
Les écorces de pins ou la fibre de coco ont également tendance à acidifier votre sol. La meilleure couverture à installer au sol reste un mélange de différents types de matières organiques (diversité) pour protéger le sol, maintenir l’humidité grâce à une dégradation de la matière pas trop rapide et attirer les détritivores et les micro-organismes (bactéries et champignons) qui valoriseront plus ou moins lentement la matière sur place.


Valoriser votre matière organique sur place


La faune du sol comporte beaucoup de détritivores (qui se nourrissent de déchets organiques) qui n’attendent qu’à valoriser gratuitement votre matière organique. Alors pourquoi ne pas composter dans votre jardin ? Valoriser votre matière organique sur place comporte différents intérêts non négligeables :
Augmentation de la diversité des organismes par attraction (présence de détritivores mais aussi de prédateurs qui régulent les populations).
Création d’un engrais naturel pour votre sol (maintien et stimulation de sa fertilité chimique et physique).
Rétablissement du cycle de la matière et d’un micro-écosystème au sein de votre jardin.


Rétablir les corridors écologiques au sol (corridors pédologiques ?)


En observant votre jardin vous observez des groupes d’habitats ou des tas de nourriture pour la biodiversité dispersés un peu partout comme par exemple un composteur qui est un tas de nourriture, un tas de cailloux qui offre un habitat, une touffe de feuilles mortes qui est un habitat et un tas de nourriture en même temps.
Un corridor écologique est un lieu de passage qui permet à la faune d’accéder à ces différents habitats, ceci étant nécessaire pour la reproduction et la survie des organismes face au climat variable d’une saison à l’autre et aux prédateurs. Les corridors écologiques en ville sont limités car de nombreux aménagements empêchent la circulation libre des organismes du sol comme par exemple un muret entre deux jardins, un sentier bitumé dans un parc ou une allée minérale dans un jardin. Ainsi certaines espèces se retrouvent cloisonnées et ne peuvent pas se déplacer d’un endroit à un autre, ce qui provoque des discontinuités écologiques. Ceci peut être problématique lorsque d’un côté d’un mur dans un jardin sont présents de nombreux prédateurs et dans l’autre jardin de l’autre côté du mur des espèces destructrices de cultures. Le réseau trophique est alors rompu et les deux jardins peuvent être écologiquement déséquilibrés.
Il peut alors être intéressant de privilégier les haies végétales et les grillages entre voisins pour permettre la circulation des organismes du sol. Au sein de votre propre jardin il est possible de favoriser le déplacement des espèces en évitant de créer des zones imperméabilisées (bitumées, caillouteuses ou pavées…) qui divisent le jardin en plusieurs parties. L’installation de planches en bois dans les chemins, ou laisser des chemins en herbe permet de créer des corridors accessibles aux organismes du sol leur permettant de se déplacer en pleine liberté.


Adapter votre gestion du jardin pour favoriser la biodiversité toute entière


Votre jardin n’est pas seulement un refuge pour la biodiversité des sols, c’est aussi un lieu où de nombreuses autres espèces peuvent interagir comme les araignées construisant des toiles sur différents supports, les insectes volants, les oiseaux, les orvets, les lézards ou les hérissons. Il peut être intéressant d’essayer d’attirer ces prédateurs dans votre jardin afin d’équilibrer l’écosystème et leur permettre de limiter des populations, en rétablissant ainsi les chaînes alimentaires. Pour cela vous pouvez installer des :

- Hôtels à insectes qui attirent des insectes dont certains sont parasitoïdes et régulent les populations d’insectes en pondant des œufs dans les larves d’insectes. Il est préférable de séparer les compartiments de l’hôtel car beaucoup d’espèces n’aiment pas vivre les unes collées aux autres.
- Nichoirs à oiseaux qui peuvent réguler les populations d’insectes.
Enfin pour éviter les désagréments de certaines espèces lorsque vous jardinez, essayer d’observer les individus qui sont présents dans votre jardin et d’adaptez votre planning à leur cycle de vie.

 

Dernière modification : 18/07/2020
  • Auteur :
  • A Auclerc (Université de Lorraine / ENSAIA )