Utiliser des semences et un substrat de qualité
Pour obtenir de bons plants de tabac, il faut notamment des semences de qualité et un substrat sain. Il est assez fréquent de rencontrer des producteurs qui, confrontés à un problème phytosanitaire en pépinière, mettent en cause assez hâtivement soit la qualité des graines, soit celle du terreau qu'ils utilisent. Ce comportement que l'on retrouve quelles que soient les productions, est-il fondé dans le cas du tabac ?
En France, la qualité des semences de tabac est relativement bonne. D'une manière générale, leur pureté variétale et leurs caractéristiques de germination sont contrôlées avant commercialisation. Par ailleurs, aucune maladie grave sévissant dans l'hexagone sur tabac n'est transmise par les semences. Les producteurs disposent donc habituellement de graines germant assez bien et dépourvues normalement d'agents pathogènes.
On peut difficilement certifier qu'un substrat est parfaitement sain. Des cas de contamination par des Pythium spp., Olpidium brassicae et Thielaviopsis basicola ont en effet été signalés dans d'autres pays. Par exemple, aux USA, en Caroline du nord, il n'est pas rare de détecter Pythium aphanidermatum dans certains substrats commercialisés. Ces situations restent pour le moment marginales, au regard des volumes de substrat commercialisés et ne concernent que quelques marques.
Des analyses effectuées en France, à partir de plusieurs origines de terreaux tourbeux, ne nous ont pas permis de mettre en évidence Thielaviopsis basicola dans ces derniers. Quelques substrats semblaient contaminés. En fait, ils provenaient d'exploitations en fin de production de plants et avaient été collectés à partir de sacs déjà ouverts ou ayant séjourné dans des conditions sanitaires peu favorables. Dans ces conditions de stockage, on peut suspecter que des contaminations aient pu avoir lieu, en particulier à partir des poussières ou de particules de sol hébergeant le champignon parasite. C'est un bel exemple du rôle joué par l'environnement pour contribuer à la contamination des plantules ou d'un substrat.
Il ne faut pas oublier que lorsque l'on mélange un compost ou du sable à un substrat tourbeux, ceux-ci sont parfois contaminés. Par exemple, des Pythium spp. ont déjà été isolés à partir de sable de rivière lavé. Dans ce cas, ce n'est pas le terreau qui est à l'origine des contaminations, mais l'autre substrat apporté.
Il est parfois signalé dans la littérature que les substrats peuvent être désinfectés. Les techniciens utilisaient fréquemment un fumigant comme le bromure de méthyle (interdit maintenant en France et dans de nombreux pays) ou la vapeur. En ce qui concerne les substrats à base de tourbe, leur dessèchement excessif entraîne la formation de micro-poches d'air qui nuisent à la bonne répartition des fumigants. Dans le cas de la vapeur, on préconise au moment du traitement une capacité de rétention d'eau pourvue au 1/3 et de maintenir une température de 100°C durant 30 mn. Le métam sodium est à déconseiller pour les substrats organiques, il peut être employé pour le traitement des substrats minéraux.
Il faut savoir qu'une désinfection peut être efficace, mais qu'elle pose aussi des problèmes matériels et entraîne un certain nombre d'inconvénients :
- destruction des micro-organismes naturels antagonistes de certains agents pathogènes ;
- augmentation de la réceptivité aux parasites des terreaux désinfectés ;
- apparition de phénomènes de toxicité (excès de manganèse échangeable, excès d'ammoniaque consécutif à un blocage plus ou moins complet de la nitrification...).