Méthodes de protection
- En cours de culture
Contrairement aux maladies cryptogamiques, il n'existe aucune méthode de lutte curative permettant de contrôler efficacement en cours de culture les virus et en particulier le virus de la mosaïque du tabac (Tobacco mosaic virus, TMV). Généralement, une plante infectée le restera toute sa vie.
Si des attaques ont lieu en pépinière et qu'elles sont détectées précocement, les plantes présentant des symptômes de TMV et quelques plantes environnantes apparemment saines seront rapidement éliminées et en aucun cas plantées ultérieurement. Tous les débris végétaux présents sur et dans le sol seront enlevés et brûlés. Les ouvriers se laveront les mains fréquemment, avant, pendant (à plusieurs reprises) et après leurs activités dans la pépinière. Ils pourront utiliser une solution d'un tampon phosphate ou un détergent. Le lait a longtemps été préconisé. Les outils devront être désinfectés de la même façon.
Des mesures identiques seront prises en plein champ si des symptômes apparaissent sur plantes adultes. En fin de culture, on aura tout intérêt à éliminer le maximum de débris végétaux et notamment les systèmes racinaires, dans lesquels le virus se conserve plus longtemps.
- Culture suivante
Il convient de mettre en oeuvre un ensemble de mesures qui auront pour but d'éliminer le TMV de la pépinière et de limiter au maximum son introduction et son extension dans l'exploitation.
Dans le cas où l'on ne peut pas déplacer la pépinière qui était contaminée l'année précédente, une désinfection du sol (vapeur...) et des matériaux utilisés est indispensable (consulter la fiche sur les méthodes de Protection en pépinière).
Comme le virus peut se conserver dans le sol plusieurs années, des rotations culturales seront envisagées, de la même façon que pour des maladies telluriques. On se méfiera tout particulièrement des anciennes parcelles contaminées, dans lesquelles des résidus de racines persistent encore.
Si malgré les mesures prises, quelques attaques surviennent après plantation, on peut toujours tenter d'éliminer les toutes premières plantes touchées, afin de limiter au maximum la dissémination de ce virus dans la parcelle, au cours des futures opérations culturales.
Seule l'utilisation de variétés résistantes permet de contrôler efficacement et durablement ce virus. Deux sources de résistance ont été utilisées :
- une "variété" indigène de Colombie, Ambalema, possédant une résistance gouvernée par deux gènes récessifs mt1 et mt2 ; son usage est resté limité ;
- l'espèce Nicotiana glutinosa qui possède une résistance de type hypersensibilité gouvernée par le gène dominant Nc. Elle a fait preuve d'une grande stabilité et elle est toujours largement étudiée et utilisée pour créer des génotypes résistants. Il en existe dans pratiquement tous les types de tabac cultivés. Cette résistance est "thermosensible", elle ne se manifeste plus au-delà de 32°C.
L'essor de la biologie moléculaire a ouvert des perspectives fabuleuses en matière de lutte contre les virus. Plusieurs stratégies ont été envisagées afin de contrôler le développement des virus dans les végétaux ; elles ont permis d'obtenir des plantes transformées comportant un gène d'origine virale codant par exemple pour la protéine capside, un ARN satellite, la réplicase virale... Si, dans le cas du TMV, de tels génotypes de tabac transformés ont été obtenus, aucun d'entre eux n'a été utilisé à grande échelle sur le terrain pour le moment.