- Importance économique et agronomique
Dans plusieurs régions du monde (sahel), certains orthoptères sont de sérieux ravageurs. Les sauterelles (en réalité les criquets) sont la 8ème plaie de l'Egypte, dans le papyrus d'Ipuwer. En Europe et en France, leur impact économique est bien moindre (voire anecdotique) et leurs dégâts sont épisodiques, sporadiques et souvent très localisés. Bien qu'il soit relativement peu fréquent sous nos latitudes, le phénomène de pullulation d'orthoptères n'est pas rare en France et, certaines années, il se manifeste bien plus au nord qu'à l'habitude. Les populations et l'activité de ces insectes sont étroitement dépendantes des conditions climatiques ; ils sont très favorisés par la chaleur et la sécheresse. Les hivers longs et secs contribuent à leur explosion démographique car la mortalité des oeufs est, dans cette situation climatique, peu affectée par les maladies (Beauveria spp. et Entomophthora spp.).
Sous certaines conditions les criquets deviennent grégaires, de sorte qu'en cas de situations favorables leurs pullulations exceptionnelles (souvent relatées par la presse régionale ou locale), sont généralement spectaculaires par leur ampleur. Ils prolifèrent et se regroupent en essaims et on assiste alors à de véritables nuées d'insectes qui, bien qu'ordinairement consommateurs de Poaceae (graminées) sauvages, s'abattent sur toutes sortes de cultures (luzerne, maïs, graminées fourragères) et détruisent aussi diverses plantes dans les jardins et les potagers faisant localement d'importants et d'irréversibles dégâts. Ces pullulations d'orthoptères sont de "bons révélateurs des déséquilibres écologiques", et il est à craindre qu'en raison du réchauffement climatique, celles-ci se produisent de plus en plus fréquemment.
Il est incontestable, et cela s'explique pour partie par les changements importants du paysage agricole et des pratiques agricoles, qu'entre le milieu du 19ème et la fin du 20ème siècle, plusieurs espèces d'orthoptères signalées comme nuisibles (entre autre à la vigne) ne le sont plus. Notons que les orthoptères sont bien plus nombreux en individus et en espèces, dans les régions méridionales que septentrionales.
Parmi les 220 espèces françaises, à peine une quinzaine peut être considérée comme d'importance agronomique (ravageurs secondaires ou occasionnels). Citons par exemple :
- Calliptamus italicus (Linnaeus) et C. barbarus (Costa), respectivement le caloptène italien et le caloptène ochracé.
- Locusta migratoria Linnaeus (le criquet migrateur)
- Barbitistes fischeri (Yersin) (le barbitiste languedocien)
- Decticus albifrons (Fabricius) (le dectique à front blanc)
- Ephippiger ephippiger (Fiebig) = E. diurnus (Dufour) (l'éphippigère des vignes)
- Gryllotalpa gryllotalpa (Linnaeus) (la courtilière commune ou taupe grillon)
Concernant la courtilière signalons qu'il s'agit d'un ravageur d'organes végétatifs souterrains ; cette espèce est parfois nuisible (particulièrement en culture biologique) et dans des jardins. Ses puissantes mandibules sectionnent carrément les jeunes racines, les collets et les plants des cultures maraichères.
Une autre espèce Acheta domesticus (Linnaeus) «le grillon domestique» est considérée comme un ravageur (plutôt un souilleur) domicole. Ce grillon fréquent dans le midi affectionne les endroits chauds (boulangeries, moulins, brasseries, chaufferies) ; c'est le fameux grillon du métro parisien.
- Intérêt écologique
Les orthoptères représentent une biomasse importante, particulièrement quand ils pullulent. Ils sont un maillon essentiel dans les chaînes alimentaires en tant que recycleurs de matière végétale et en tant que proies pour de nombreux vertébrés (lézards, oiseaux). Ce sont aussi de bons indicateurs des changements, des déséquilibres ou perturbations consécutives aux pratiques agropastorales, à l'anthropisation et au réchauffement climatique. Par ailleurs, ils sont un modèle de choix dans l'étude portant sur la gestion et la conservation des espaces ouverts.