Exemple de la résistance au virus
de la mosaïque de la laitue (LMV)
de la mosaïque de la laitue (LMV)
Un autre agent pathogène a été pris en compte par les sélectionneurs dès les années 1960-70 : le virus de la mosaïque de la laitue (LMV). Deux gènes récessifs ont été identifiés chez des laitues (g chez Gallega de Invierno, variété d'Argentine, et mo chez une laitue sauvage d'Egypte). Ils confèrent une tolérance à la souche commune de LMV (LMV-0) en réduisant la multiplication du virus, ce qui permet une forte diminution, voire une absence, des symptômes. De plus, ils empêchent la transmission de cette souche par la semence. Des études génétiques ont montré que ces gènes étaient des allèles (ou bien des gènes très liés) ce qui exclut la possibilité de les réunir dans une même variété fixée. Dans un premier temps, on a cru que ces 2 gènes étaient identiques et selon les régions, l'un ou l'autre a été utilisé en sélection (g en Europe et mo aux USA). L'identification en France, dans les années 80, de souches provoquant de forts symptômes sur les variétés porteuses de g, sans attaquer les variétés américaines porteuses de mo (LMV-1 et LMV-9), a montré que les 2 gènes seraient en fait des allèles différents qui ont été nommés mo1¹ et mo1². D'autre part, la variété Ithaca, de type crisp, sensible au LMV-0, est apparue résistante à des souches de virus isolées en Grèce (Gr4 et Gr5) et au Yémen (Yar) ; cette résistance a été nommée Mo2. Des souches contournant toutes ces résistances ont ensuite été isolées en Europe : LMV-E en Espagne en 1984, puis LMV-13 en France en 1989. L'étude de ces souches sur des variétés porteuses des différents gènes de résistance et l'analyse de leur transmissibilité par la graine a permis d'établir un tableau de leurs caractéristiques biologiques (figure 1).
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Ainsi, dans les années 90, presque toutes les variétés de plein champ cultivées en France possédaient l'un de ces allèles. Néanmoins, depuis la fin des années 1980, des variétés tolérantes sont attaquées dans différentes régions par des souches virulentes et transmissibles par la graine de type LMV-13 (France, Tunisie, Brésil). La propagation de la souche LMV-13 peut être facilitée par sa capacité à être transmise par la graine même dans des variétés porteuses de la tolérance au virus. La seule résistance efficace contre ces souches a été identifiée chez un génotype de L. virosa. L'introduction de cette résistance (Mo3) dans la laitue s'avère délicate en raison de caractères défavorables transmis à la descendance (nécroses, stérilité) ; l'obtention de variétés commerciales possédant le gène Mo3 sera donc très longue.
Par conséquent, des mesures prophylactiques rigoureuses doivent être appliquées pour limiter l'extension du virus : emploi de graines contrôlées sans virus, nettoyage des abords pour détruire les adventices porteuses du LMV. Ces mesures ont été appliquées efficacement dans la vallée de Salinas en Californie. L'emploi de variétés décrites résistantes au LMV, en fait tolérantes au LMV-0, est aussi un facteur très favorable à la limitation du virus.